Le sanctuaire d'Emona

Les villageois continuaient de marcher en silence, seules leurs semelles élevaient une plainte qui n’était déjà plus la leur : en accomplissant ces gestes de dépossession, ils venaient d’atteindre le miracle de l’équilibre. Sacrifier pour continuer d’exister, de grandir.

... notre monde est malade, il l'est depuis bien trop longtemps. Chaque année, c'est de pire en pire, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme, affirment que le point de non-retour est proche. L'être humain écoute, hoche la tête, puis oublie dans la seconde qui suit.

Même s’il devient un jour adulte, l’être humain demeure un enfant : il a besoin d’expérimenter pour comprendre qu’il fait fausse route.

Il est des adieux qui durent toute une vie.

Ce devait être cela qui frisait d'ondulations les yeux des héros, la lueur qui les rappelait à leur origine : une lumière d'histoires, une lumière de livres.

À chaque période de déséquilibre succédait une période d'équilibre

La nature sait attendre, le temps lui importe peu.

Je suis une fille en points de suspensions. Je n'attends qu'une chose : le point qui me servira d'ancre.

Elle n'était plus tout à fait la Séléné d'avant, pas encore celle qu'elle s'apprêtait à devenir. Elle n'avait pas à être figée comme cette marque sur son poignet, mais pareille à la lune qui changeait de forme dans le ciel, du premier croissant à la sphère pleine et ronde.

Séléné soupira. Au départ, son rêve était de partir seule faire de la cueillette, et voila que deux mois plus tard, ils arriveraient à cinq en Australie. Il était grand temps de lever le camp : encore un peu et les parents viendraient aussi.