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Citations sur Forêt obscure (37)

On pourrait dire que le sens du moi est très perméable chez les jeunes enfants, que cette prodigieuse impression subsiste un certain temps, jusqu’au jour où l’échafaudage est enfin retiré des murs que nous montons d’instinct autour de nous, malgré la tristesse de savoir que nous passerons le reste de notre vie à chercher une issue. Et pourtant, aujourd’hui encore, je n’ai pas le moindre doute sur ce que j’ai vu ce jour-là. La petite fille de la télévision avait exactement mon visage, elle portait mes baskets rouges et ma chemise à rayures, mais même ces éléments pourraient n’être qu’une coïncidence. En revanche, dans ses yeux, pendant les quelques instants où la caméra se posa sur eux, je reconnus la sensation d’être moi.
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Brillamment illuminé de l'intérieur, il répandait cette lumière autour de lui avec l'aisance de celui qui n'a nul besoin de lésiner ni d'économiser.
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J'avais l'impression que le premier plan et l'arrière plan s'étaient inversés et que ce que j'avais réussi à voir était ce que l'esprit refoule normalement.

Depuis Descartes, la connaissance a été encouragée. Mais , elle n'a mené ni à la maitrise ni à la conquête de la nature qu'il avait imaginées, seulement à l'illusion de sa maîtrise et de sa conquête.
Il y a des choses que nous sentons au coeur de notre être alors qu'elles ne sont pas confirmées par la réalité autour de nous et, afin de protéger notre fragile sentiment d'intégrité, nous choisissons de voir le monde autrement qu'il n'est.
Pour créer l'homme, Dieu devait se retirer, et l'on peut dire que c'est ce manque qui définit l'humanité.
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Je n'avais plus peur de la douleur physique mais redoutais par-dessus tout la douleur affective - la mienne, mais bien plus encore celle que je risquais d'infliger à mes enfants et de laquelle tout en moi cherchait désespérément à les protéger le plus longtemps possible. Pour toujours, si je le pouvais. À ce moment-là, cependant, j'avais commencé à comprendre que je ne pouvais que retarder leur souffrance et que plus je la retardais, plus leur père et moi continuerons à maintenir des apparences auxquelles nous avions cessé de croire, plus ils en sortiraient en fin de compte meurtris.
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Se tromper - même se tromper toute sa vie - était une chose, mais ce qu'il ne pouvait pas supporter, ce qui l'emplissait d'un réel dégoût, c'était l'idée de se faire duper. La croyance, avec sa confiance passive, exigeait que l'on s'en remette à autrui, ce qui vous exposait à la pire sorte de traîtrise.
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Au fil des rues, je revoyais tout ce qui faisait le monde israélien - les mâchoires, les postures, les immeubles, les arbres - comme si l'étrange climat de résilience propre à ce petit coin du Levant produisait une certaine homogénéité : l'aspect dur, déterminé, de ce qui vit et grandit de façon conflictuelle.
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Penser en mer, ce n’était pas la même chose que penser sur terre. Ce qu’il voulait, c’était dépasser les vagues déferlantes afin de pouvoir réfléchir comme on ne peut le faire que bercé par la mer. On est toujours sous l’emprise du monde, sans toutefois l’éprouver physiquement, sans s’en expliquer l’effet. On ne tire aucun réconfort de l’emprise du monde, qui donne l’impression d’un vide indifférent. Mais la mer, elle, on la sent. On y est parfaitement entouré, si fermement soutenu, si doucement bercé - structuré de façon si différente - que les pensées se présentent sous une autre forme. Lâchées en toute liberté dans l’abstrait. "
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La veille du premier anniversaire du décès de ses parents, Epstein décida deux choses : prendre un crédit hypothécaire de deux millions de dollars sur son appartement de la Cinquième Avenue et partir pour Israël. Emprunter était nouveau pour lui, mais Israël était un lieu qu’il avait souvent visité au fil des années, attiré là-bas par tout un réseau d’allégeances. Il s’installait rituellement dans le grand salon du quinzième étage du Hilton, où il recevait la visite d’une cohorte d’amis, de parents et d’associés, intervenant dans tout, distribuant de l’argent, des opinions, des conseils, résolvant de vieux conflits et en créant de nouveaux. Cette fois, cependant, il donna l’ordre à son assistante de ne pas remplir son planning ainsi qu’elle en avait l’habitude mais de prendre des rendez-vous avec les bureaux du développement du centre médical Hadassa, l’institut Weizmann et l’université Ben-Gourion, afin d’explorer les possibilités d’une donation au nom de ses parents. Le reste de son temps devait demeurer libre, lui dit Epstein. Peut-être louerait-il une voiture pour visiter des régions où il n’avait pas mis les pieds depuis longtemps, comme il l’avait souvent envisagé sans jamais le faire, trop occupé qu’il était à se disputer, à s’impliquer outrageusement, à ne jamais s’arrêter. Il voulait revoir le lac de Tibériade, le Néguev et les collines rocheuses de Judée. Le bleu minéral de la Mer Morte.
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D’un geste lent, Epstein déboutonna le pardessus qui n’était pas le sien, puis le veston de flanelle grise, qui l’était. Il ouvrit la poche doublée de soie où il gardait toujours le petit livre vert et se pencha en avant sur la pointe des pieds pour montrer à l’homme qu’elle était vide. Tout cela était si absurde qu’il en aurait ri s’il n’avait pas eu un couteau si près de la gorge. Peut-être pouvait-il tuer, après tout. Baissant les yeux, il se vit allongé par terre dans une mare de sang, incapable d’appeler à l’aide. Une question se présenta à lui, qui traînait depuis quelques semaines dans son esprit et il la testa, comme pour en vérifier la pertinence : le bras de Dieu l’avait-il désigné ? Mais pourquoi lui ? Lorsqu’il releva les yeux, le couteau n’était plus là et l’homme s’enfuyait. ...
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À l’époque de sa disparition, Epstein habitait depuis trois mois à Tel-Aviv. Personne n’avait vu son appartement. Sa fille Lucie lui avait rendu visite avec ses enfants, mais Epstein les avait installés au Hilton et les y rejoignait au moment des somptueux petits déjeuners où il se contentait d’avaler quelques gorgées de thé. Lorsque Lucie lui avait demandé s’ils pouvaient aller chez lui, il s’était dérobé, prétextant la petitesse et la modestie des lieux, peu dignes, lui avait-il dit, de recevoir des invités. Encore mal remise du récent divorce de ses parents, elle l’avait regardé en plissant les yeux – rien, chez Epstein, n’avait jamais été petit ni modeste –, mais, malgré ses doutes, elle avait dû accepter, comme elle avait accepté tous les changements intervenus dans la vie de son père. Pour finir, ce furent les policiers qui firent entrer Lucie, Jonah et Maya dans l’appartement de leur père, situé dans un immeuble délabré près de l’ancien port de Jaffa. La peinture s’écaillait et la douche se déversait directement dans les toilettes. Un cafard traversa fièrement le sol carrelé. Ce n’est que lorsque le policier l’écrasa sous son pied que Maya, la plus jeune et la plus intelligente des enfants d’Epstein, s’avisa qu’il était peut-être le dernier à avoir vu son père. Si Epstein avait vraiment vécu ici – les seules choses qui semblaient l’indiquer étaient des livres gondolés par l’air humide entrant par une fenêtre ouverte et un flacon de comprimés de Coumadine qu’il prenait depuis la découverte, cinq ans plus tôt, d’une fibrillation auriculaire. On ne pouvait dire que le logement fût sordide, mais il était pourtant plus proche des taudis de Calcutta que des appartements dans lesquels ses enfants et lui avaient résidé sur la côte amalfitaine ou au cap d’Antibes. Encore que, comme eux, celui-ci avait vue sur la mer.
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