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Critique de Yvan_T


Avec Svoboda, Kris ("Notre Mère la guerre", "Un homme est mort", "Coupures irlandaises") propose une nouvelle saga historique, mais s'attaque à une page beaucoup moins connue de l'Histoire de l'Europe. L'auteur nous embarque en effet à bord d'une aventure ferroviaire sur les rails du Transsibérien, pour nous conter la naissance de la Tchécoslovaquie à travers le récit sous forme de carnet de guerre d'un légionnaire tchèque nommé Jaroslav Chveïk.

Le lecteur se retrouve donc plongé dans un continent en plein chaos, entre une Russie en proie à une révolution Bolchévique et une Europe encore en guerre. L'auteur invite à suivre les pas de légionnaires tchèques et slovaques qui tentent de quitter la Russie en espérant pouvoir créer ce pays qui naîtra finalement des cendres de l'Empire austro-hongrois. Ballotés par les
guerres, passant du statut de soldats austro-hongrois, puis combattant pour la Russie, avant de rejoindre les Alliés, ces hommes vont tout faire pour défendre leur liberté (« Svoboda », en slave).

Multipliant les flashbacks, Kris évoque plusieurs événements qui ont marqué la région, de la mort de l'archiduc François-Ferdinand à la ratification des accords de Munich en 1938, en passant par l'appel à la guerre à Prague en 1914, à l'aube de la première guerre Mondiale. Ce n'est pas la première fois que Kris montre la grande Histoire à travers la petite et cela fonctionne à nouveau admirablement. En se concentrant sur quelques individualités, il parvient à donner vie au récit et évite ainsi de livrer un récit purement historique, beaucoup trop ennuyeux.

Svoboda invite ainsi à suivre l'histoire d'amitié entre deux soldats de la légion tchèque aux caractères totalement opposés. Pour le premier personnage, Jaroslav Chveïk, Kris s'est inspiré de l'un des pères fondateurs de la littérature tchèque, Jaroslav Hasek, et du héros de son roman « le Brave Soldat Chveïk ». Ce poète anarchiste et beau parleur est peut-être légèrement surjoué, mais il constitue pourtant l'un des attraits de cet album et m'a beaucoup fait rire. L'autre témoin fictif de cette page importante de l'Histoire tchèque est Josej Cerny, dit Pepa, un peintre-illustrateur juif-slovaque idéaliste, beaucoup plus discret et taiseux, totalement à l'opposé de son compagnon de route.

Les personnages sont bien campés et contribuent à rythmer une intrigue pourtant assez statique. Malgré le fond historique assez sombre, ces gais lurons insufflent beaucoup de bonne humeur et d'humanité au récit à l'aide de dialogues assez exquis.

Visuellement, même si je préfère le travail en couleurs directes de Jean-Denis Pendanx sur les excellents "Abdallahi" et "Jeronimus", le résultat est à nouveau très convaincant, avec du très bon boulot au niveau de l'expressivité des visages. La colorisation d'Isabelle Merlet accompagne parfaitement les allers-retours du scénario et contribue à plonger le lecteur dans l'ambiance adéquate.

« Il suffit de voir un matin russe se lever pour espérer le grand soir. Et, la nuit venue, rêver d'un lendemain qui chante. A n'en pas douter, la chimère est un enfant de putain russe »

Une mise en place très prometteuse, d'une saga qui devrait compter pas moins de neuf épisodes : une première pour les éditions Futuropolis !
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