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Citations sur Paroles d'un révolté (1885) (10)

« L’inviolabilité du domicile ? — Parbleu ! inscrivez-la dans les codes, criez-la par-dessus les toits » ! disent les malins de la bourgeoisie. — « Nous ne voulons pas que des agents viennent nous surprendre dans notre petit ménage. Mais, nous instituerons un cabinet noir pour surveiller les suspects ; nous peuplerons le pays de mouchards, nous ferons la liste des hommes dangereux, et nous les surveillerons de près. Et, quand nous aurons flairé un jour que ça se gâte, alors allons-y drument, fichons-nous de l’inviolabilité, arrêtons les gens dans leurs lits, perquisitionnons, fouillons ! Mais surtout, allons-y hardiment, et s’il y en a qui crient trop fort, coffrons-les aussi.
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L’histoire du suffrage universel n’est-elle pas là pour le dire ? — Tant que la bourgeoisie a craint que le suffrage universel ne devînt entre les mains du peuple une arme qui pût être tournée contre les privilégiés, elle l’a combattu avec acharnement. Mais le jour où il lui a été prouvé que le suffrage universel n’est pas à craindre, et qu’au contraire on mène très bien un peuple à la baguette avec le suffrage universel, elle l’a accepté d’emblée. Maintenant, c’est la bourgeoisie elle-même qui s’en fait le défenseur, parce qu’elle comprend que c’est une arme, excellente pour maintenir sa domination, mais absolument impuissante contre les privilèges de la bourgeoisie.
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Il y a droits et droits. Il y a des droits pour lesquels le peuple est toujours resté froid, parce qu’il sent parfaitement que ces droits ne sont qu’un instrument entre les mains des classes dominantes pour maintenir leur pouvoir sur le peuple. Ces droits ne sont pas même des droits politiques réels, puisqu’ils ne sauvegardent rien pour la masse du peuple ; et si on les décore encore de ce nom pompeux, c’est parce que notre langage politique n’est qu’un jargon, élaboré par les classes gouvernantes pour leur usage et dans leur intérêt.
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Si vous terminez vos études de droit et si vous vous préparez pour le barreau, il se peut que vous aussi, vous vous fassiez des illusions relativement à votre activité future, — j’admets donc que vous êtes des meilleurs de ceux qui connaissent l’altruisme. Vous pensez, peut-être : « Consacrer sa vie à une lutte sans trêve ni merci contre toutes les injustices ; s’appliquer constamment à faire triompher la loi, expression de la justice suprême : quelle vocation pourrait être plus belle ! » et vous entrez dans la vie plein de confiance en vous-même, en la vocation que vous avez choisie. Eh bien, ouvrons au hasard la chronique judiciaire et voyons ce que va vous dire la vie.
Voici un riche propriétaire ; il demande l’expulsion d’un fermier-paysan qui ne paie pas la rente convenue. Au point de vue légal, il n’y a pas d’hésitation possible : puisque le paysan ne paie pas, il faut qu’il s’en aille. Mais si nous analysons les faits, voici ce que nous apprenons. Le propriétaire a toujours dissipé ses rentes en festins joyeux, le paysan a toujours travaillé. Le propriétaire n’a rien fait pour améliorer ses terres, et néanmoins la valeur en a triplé en cinquante ans, grâce à la plus-value donnée au sol par le tracé d’une voie ferrée, par les nouvelles routes vicinales, par le dessèchement des marais, par le défrichage des côtes incultes ; et le paysan qui a contribué pour une large part à donner cette plus-value à la terre, s’est ruiné ; tombé entre les mains des agents d’affaires, perdu de dettes, il ne peut plus payer son propriétaire. La loi, toujours du côté de la propriété, est formelle ; elle donne raison au propriétaire. Mais vous, en qui les fictions juridiques n’ont pas encore tué le sentiment de la justice, que ferez-vous ? Demanderez-vous qu’on jette le fermier sur la grande route — c’est la loi qui l’ordonne, — ou bien demanderez-vous que le propriétaire restitue au fermier toute la part de la plus-value qui est due au travail de celui-ci ? — c’est l’équité qui vous le dicte. — De quel côté vous mettrez-vous ? pour la loi, mais contre la justice ? ou bien pour la justice, mais alors contre la loi ?
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Aujourd’hui, l’État est parvenu à s’immiscer dans toutes les manifestations de notre vie. Du berceau à la tombe, il nous étrangle dans ses bras. Tantôt comme État central, tantôt comme État-province ou canton, tantôt comme État-commune, il nous poursuit à chaque pas, il apparaît à chaque coin de rue, il nous impose, nous tient, nous harcèle.

Il légifère sur toutes nos actions. Il accumule des montagnes de lois et d’ordonnances dans lesquelles l’avocat le plus malin ne sait plus se retrouver. Il crée chaque jour de nouveaux rouages qu’il adapte gauchement à la vieille patraque rhabillée, et il en arrive à créer une machine si compliquée, si bâtarde, si obstructive, qu’elle révolte ceux-là même qui se chargent de la faire marcher.

Il crée une armée d’employés, d’araignées aux doigts crochus, qui ne connaissent l’univers qu’à travers les sales vitres de leurs bureaux, ou par leurs paperasses au grimoire absurde ; — une bande noire qui n’a qu’une religion, — celle de l’écu, qu’un souci, celui de se raccrocher à un parti quelconque, noir, violet ou blanc, afin qu’il garantisse un maximum d’appointements pour un minimum de travail.
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L'agiotage tuant l'industrie, c'est cela qu'ils appellent la gérance intelligente des affaires ! C'est pour cela que nous devons - disent-ils - les entretenir !
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Le jour où nous aurons su établir assez d’entente entre les exploités pour sortir au nombre de plusieurs milliers d’hommes dans la rue et prendre la défense de nos droits, personne n’osera nous disputer ces droits, ni bien d’autres encore que nous saurons revendiquer. Alors, mais seulement alors, nous aurons acquis ces droits, que nous pourrions vainement mendier pendant des dizaines d’années à la Chambre ; alors ces droits nous seront garantis d’une manière bien autrement sûre que si on les inscrivait de nouveau sur des chiffons de papier. Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent.
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Il y a droits et droits. Il y a des droits pour lesquels le peuple est toujours resté froid, parce qu’il sent parfaitement que ces droits ne sont qu’un instrument entre les mains des classes dominantes pour maintenir leur pouvoir sur le peuple. Ces droits ne sont pas même des droits politiques réels, puisqu’ils ne sauvegardent rien pour la masse du peuple ; et si on les décore encore de ce nom pompeux, c’est parce que notre langage politique n’est qu’un jargon, élaboré par les classes gouvernantes pour leur usage et dans leur intérêt.
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Et le désordre, ce qu’ils appellent le désordre ? C’est le soulèvement du peuple contre cet ordre ignoble, brisant ses fers, détruisant les entraves et marchant vers un meilleur avenir. C’est ce que l’humanité a de plus glorieux dans son histoire.
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