AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Ordres et Monastères (14)

L'institution monastique ne doit pas son existence uniquement à la Bible. On sait depuis longtemps que les propos ascétiques attribués à un auteur anonyme judéo-chrétien dans les lettres de Saint Paul n'y furent intégrés qu'à posteriori. C'est bien davantage l'idéal philosophique et populaire du Portique (le stoïcisme), qui prépara dans la société de la fin de l'ère impériale le terreau favorable à l'émergence d'une grande diversité de formes d'ascétisme. Les échanges entre les visions païennes et chrétiennes et leur interpénétration ont aussi permis l'émergence d'une forme chrétienne de l'ascèse - dans le but d'accéder au royaume des cieux. Le mouvement chrétien ascétique, originaire de l'Egypte et de la Palestine des IIIe et IVe siècles, prit rapidement une ampleur époustouflante. Mais dès la fin de l'Antiquité, les conditions historiques évoluèrent dans des directions différentes qui favorisèrent l'émergence et l'enracinement de traditions spécifiques.
Monastères occidentaux et orientaux, p. 328
Commenter  J’apprécie          70
Il est en fait impossible de qualifier de "livres" les transcriptions manuscrites des premiers temps. Le rotulus usité dans l'Antiquité - un rouleau de parchemin de 9 à 10 mètres de longueur encore occasionnellement utilisé au Moyen Age - ne fut remplacé par le codex (du latin cauda, souche) qu'à partir du IVe siècle. Celui-ci était un livre à feuillets tel que nous le connaissons, doté d'une reliure. Il s'imposa avec le changement du matériau du support d'écriture : le parchemin remplaça le papyrus. Le véritable essor de la civilisation livresque chrétienne s'appuya sur les peaux d'animaux traitées de façon à servir de support à l'écrit. Nombre de veaux durent laisser leur peau, au sens propre, pour qu'un gros livre puisse être réalisé. La Bible de Winchester a nécessité la peau de 250 veaux, et pour une Bible intégrale, il fallait environ 500 bêtes. Cette réalité explique notamment l'extraordinaire valeur des ouvrages médiévaux. A cela s'ajoute la performance des écrivains et enlumineurs, ainsi que les dépenses pour les précieuses reliures. Le papier, inventé en Chine au IIe siècle, ne fut utilisé que tardivement en Occident. Même après l'invention du caractère mobile d'imprimerie par Gutenberg au milieu du XVe siècle, on recourait encore souvent au parchemin pour les livres précieux.
L'enluminure monastique au Moyen Age, p.68
Commenter  J’apprécie          50
Un autre exemple - réussi - d'alliance entre art moderne et culture monastique est la réalisation par l'architecte Le Corbusier du couvent dominicain de La Tourette à Eveux, près de Lyon : mission expressément confiée à ce représentant reconnu de l'architecture moderne pour témoigner, selon les mots du frère Belaud, de ce que prière et vie religieuse ne sont pas liées à des formes architecturales conventionnelles, mais peuvent au contraire s'accorder au style le plus moderne.
"Ce couvent de rude béton est une oeuvre d'amour. Il ne se parle pas. C'est de l'intérieur qu'il se vit . C'est à l'intérieur que se passe l'essentiel", déclara Le Corbusier.
Commenter  J’apprécie          30
Depuis la fin de l'Antiquité, les couvents étaient construits in eremo, c'est-à-dire dans le désert ou, en tout état de cause, en dehors des agglomérations ou des villes, l'objectif avoué étant de se retirer du monde pour consacrer sa vie à la prière et à l'ascèse. A cette fin, les ordres disposaient de suffisamment de terrains pour pouvoir ériger église et bâtiments conventuels ; d'ailleurs depuis le haut Moyen Age, ils étaient souvent propriétaires de vastes domaines. Tout comme les sociétés agricoles qui les entouraient, les religieux avaient pu vivre de ce que leur donnait la terre de leur couvent. excepté certains moines s'étant retirés dans les forêts pour se faire ermites, les communautés religieuses s'étaient enrichies à leur corps défendant grâce à des dons ; il sembla vite impensable aux religieux de renoncer à posséder des terrains, trop précieux comme source de revenus essentiels, ou à s'en servir comme monnaie d'échange avec les municipalités.
Or c'est précisément ce que firent les ordres mendiants : au lieu de vivre retirés à la campagne et de consacrer leur existence à la prière et à l'intercession, ils jetèrent leur dévolu sur les villes, en pleine essor autour de l'an 1200. Les populations accroissant rapidement et leur vie économique étant dynamique, ces religieux en firent le champ d'action de leur message apostolique, à savoir l'action prédicative. Ainsi, le principe du salut personnel comme but de l'existence et de la Vita contemplativa (représentant une immersion dans la prière et les Saintes Ecritures) avait-il cédé le pas à une Vita apostolica (représentant la succession du Christ), une vie active tournée vers les hommes et puisant ses modèles dans les Evangiles. Leurs deux grands ordres, les Franciscains et les Dominicains, firent du renoncement à toute possession, qu'il s'agisse de l'individu ou de la communauté entière, leur principe fondateur. [...] Même si les deux ordres mendiants les plus importants se différenciaient du point de vue de leur naissance et de leurs motivations premières, il y avait communauté de vues dans l'idéal monacal mis en pratique et propagé : le principe crucial consistait à ne rien posséder, et, fait non moins important, à prêcher activement dans les villes.
Les ordres mendiants, p.284
Commenter  J’apprécie          30
Dans l'environnement largement athée de nos sociétés occidentales modernes, Taizé est devenu pour de nombreux jeunes un lieu d'initiation à une pratique vivante de la foi chrétienne. L'avenir nous dira si la communauté se ressentira de la disparition de la personnalité charismatique de frère Roger (...) ou si elle connaîtra un durable essor monastique à l'instar de sa voisine Cluny par le passé.
Commenter  J’apprécie          20
Les institutions monastiques occidentales et orientales plongent leur racine commune dans la fin de l'Antiquité. Les monastères latins et orthodoxes n'en présentent pas moins des différences extérieures importantes, le Moyen Age ayant été totalement différent dans ces deux parties du monde. Les particularités du monastère byzantin oriental sont perceptibles au premier coup d'oeil : le château du monastère, au coeur d'une haute couronne de murs, est dominé par des tours. En Occident, en revanche, la forme des monastères répond à une organisation srtucturée et rigide comprenant l'église, le cloître et les salles communes qui s'intègrent dans le paysage et ne sont pas défendus par des murs. La structure à angles droits du plan de base est imposée par le carré du cloître. Le plan de base du monastère byzantin, de son côté, dépend de la seule topographie des lieux et il en résulte des constructions époustouflantes sur une pointe rocheuse étroite, sur le flanc d'une gorge ou sur un site inaccessible. Il est chaque fois différent et s'organise exclusivement autour du bâtiment de l'église, elle-même orientée à l'est comme l'exige la liturgie. Ce Katholicon et la trapeza, le réfectoire, sont des éléments incontournables au coeur du monastère byzantin. Les autres parties de la construction évoluent en fonction des perpétuelles modifications et rénovations inspirées par de célèbres modèles.
Monastères occidentaux et orientaux, p. 328
Commenter  J’apprécie          20
A la différence d'autres mouvements réformés des XIe et XIIe siècle, qui avaient manifesté leurs réticences à l'idée de voir des femmes rejoindre le mouvement et de créer des couvents de moniales, toutes les premières fondations de prémontrés intégrèrent, dès l'origine, des monastères accueillant à la fois des hommes et des femmes. Cette pratique remonte à Norbert de Xanten, qui a toujours admis l'intervention des femmes dans la religion. La séparation des communautés intervint en 1140 et fut liée à la décision, prise au concile de Latran, de bannir les stalles de choeur mixtes. Elle ne découla pas de quelconques difficultés d'ordre disciplinaire. Toutefois, il exista des exceptions, comme le monastère de Wadgassen, où les monastères mixtes perdurèrent au XIIIe siècle. La séparation des hommes et des femmes fit beaucoup baisser les effectifs dans les rangs des convers. Après 1200, les monastères prémontrés réservés aux hommes rassemblèrent uniquement des cléricaux et des prêtres.
Les prémontrés, p.232
Commenter  J’apprécie          20
Avec cette perception de la "chair" comme siège du péché, saint Paul a durablement marqué la conception chrétienne de l'homme et a posé les bases de la haute estime accordée au mode de vie visant à combattre cette "chair" et ses besoins : une vie consacrée à Dieu dans l'abstinence sexuelle.
Ascèse et abstinence, p.15
Commenter  J’apprécie          20
La vie passionnante du moine et de l'ermite (vécue par Thomas Merton) toucha profondément ses lecteurs ; elle répondait sincèrement à leur propre soif de Dieu, secrète et enfouie, qui ne trouvait plus satisfaction dans le mode traditionnel de l'Eglise.
"Le sanctuaire du moine est celui de la nature sauvage", écrivit Merton - se réclamant ainsi de la solitude du désert, ce lieu de fascination de l'homme par Dieu dont l'attraction est restée intacte jusque dans le tumulte du monde.
Commenter  J’apprécie          10
En collaboration avec les écoles cathédrales instaurées par les évêques, plusieurs monastères devinrent des sites de formation où l'on compilait sous la forme de manuscrits les connaissances héritées de l'Antiquité, lesquelles étaient étudiées, commentées et pérennisées par l'enseignement et la copie. Leur mode de vie contemplatif, non orienté sur les activités extérieures, et l'apprentissage initié dès le noviciat prédestinait de façon évidente les monastères à jouer un rôle d'institutions éducatives. Cette situation était d'autant plus vraie dans une société où la vie des hommes des classes supérieures était déterminée par les campagnes et les activités militaires, ne prévoyant aucun apprentissage de la lecture ou de l'écriture. l'enseignement dispensé dans les écoles monastiques ne se limitait pas aux connaissances théologiques, mais offrait aussi un contenu profane, notamment grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, musique et astronomie, disciplines compilées dans le canon de l'Antiquité tardive des Septem Artes Liberales (du latin, les sept arts libéraux).
Le monachisme au début du Moyen Age, p.30.
Commenter  J’apprécie          10





    Lecteurs (12) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Oyez le parler médiéval !

    Un destrier...

    une catapulte
    un cheval de bataille
    un étendard

    10 questions
    1560 lecteurs ont répondu
    Thèmes : moyen-âge , vocabulaire , littérature , culture générale , challenge , définitions , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}