Merci à cette Masse critique privilégiée et aux Éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir cette auteure
Naomi Krupitsky dont «
LA FAMILLE » est le premier roman.
Quel prologue ! Une entrée magistrale dans le roman. J'ai immédiatement été prise par le style, le rythme, les sonorités des phrases, ce qui met en lumière aussi le travail de traduction réalisé par
Jessica Shapiro.
C'est avec plaisir que l'on suit Sofia et Antonia, issues de familles italiennes émigrées à New York. Nous les suivons de leur petite enfance, à partir de 1928, jusqu'en 1948. Elles grandissent, vieillissent, font des projets, rêvent, se marient, deviennent mère. Rien qui pourrait vraiment paraître intéressant.
Et pourtant, pour exister, très tôt elles doivent savoir observer, comprendre sans explication, se taire pour ne mettre personne en danger. Qui sont leurs pères ? Que font-ils ? Pourquoi les hommes
De La Famille sont-ils respectés- ou plutôt craints ? Que s'est-il passé quand ils disparaissent, reviennent blessés ? Tout le long du récit, on sent l'emprise, les silences lourds, le pouvoir des hommes qui se réunissent, le danger qui rôde… mais
la Famille veille, protège ! Vraiment ? En réalité elle scrute, profite des faiblesses, cible ses proies qu'elle rend redevables. Comment se sortir de ses griffes ? C'est un monstre sans tête, ou au contraire qui en a beaucoup.
Comment les femmes peuvent-elles, doivent-elles vivre dans ce monde ? Comment se construire ? Quelle place leur famille peut-elle vraiment prendre, avoir ? Car il ne faut pas confondre famille et Famille. Comment rester fidèle ? La fin répond à cette question, soulignant aussi le tragique des destinées.