AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 190 notes
5
18 avis
4
22 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Ne parle pas à ceux qui ont les cheveux gominés en arrière. »
Ils sont tous De La Famille. de la mafia.
« J'aurais dû t'écouter, maman. »

C'est ce que pense Antonia et ce qu'aurait dû faire Sofia, les deux amies, pratiquement en état de soeur.
Naomi Krupitsky a écrit un roman captivant sur l'amitié, presque un manifeste de la sororité. Dans une introspection profonde elle perfore, ausculte et scrute les caractères et les comportements de la vie de ces deux femmes entières, des premiers baisers de leur mère à leurs premiers baisers de mère.
L'auteure interroge avec brio sur la difficulté de grandir, d'aimer, d'enfanter, de croire et de s'émanciper dans le Brooklyn des années 30 et 40 pendant la prohibition et la guerre en Europe quand on est Sofia, la fille de Joey et Antonia, la fille De Carlo, les seconds de Tommy Fanzio le capo mafieux spécialiste en trafic de marchandises, de gens et de juifs.
« Elles se sentent emportées par la rivière de leur vie. »
Que veulent-elles et surtout que peuvent-elles vraiment ?
C'est d'ailleurs toute l'ossature de l'intrigue aux divers retentissements. de la routine à la tragédie, de la dévotion à la rébellion.

Naomi Krupitsky décortique son sujet comme Joyce Carol Oates le ferait, c'est peut-être un peu moins sulfureux mais tout aussi jouissif.

Ces deux femmes ne vont finalement rien sacrifier, ni leur amitié, ni leur famille, ni La Famille mais elles seront à jamais tiraillées entre fierté et horreur.

Un réel plaisir de lecture aux phrases denses et puissantes qui invitent à la réflexion.

Par ailleurs, je suis touché des remerciements de l'auteure en fin d'ouvrage :
« Lecteurs, je ne peux pas croire que vous soyez là. Je suis reconnaissante et émue.
Merci est prodigieusement insuffisant. »

Merci à Babelio pour avoir été un élu de cette MC et à Gallimard de son envoi.
J'ai été enchanté d'être là.


Commenter  J’apprécie          589
Deux filles italiennes, très différentes de caractère, sont inséparables et malgré tous les aléas de la vie, vont rester présentes l'une pour l'autre. Là forcément vous pensez à Elena Ferrante et à sa saga L'amie prodigieuse. Sauf que La famille, premier roman de Naomi Krupitsky, ne se situe pas à Naples mais à Brooklyn dans le quartier de Red Hook. Sauf que ces gamines qu'on suit des années 1930 à 1948 ont des famille bien particulières, elles vivent de rackets et d'affaires non légales.

Encore une fiction sur la mafia diront les plus grincheux ? (en ce qui me concerne, j'ai lu peu de choses sur le sujet et je ne suis pas sûre que cela me passionnerait) Sauf qu'avec La famille, l'écrivaine nous montre le point de vue des femmes : celles de ces fillettes qui ne comprennent la réalité du travail de leur père qu'en grandissant. Sauf que si la violence est tapie mais présente, Naomi Kruptisky a choisi non pas d'aborder le « sujet » comme un roman noir mais comme une histoire d'amitié entre Sofia et Antonia.

Si je peux te voir, c'est que je suis là »

cette phrase revient à plusieurs reprises dans le roman
Ce n'est peut-être absolument pas le propos de Naomi Kruptsiky mais j'ai vu aussi dans cette « Famille » qui n'est jamais appelée mafia, gangsters ou autre mais toujours « la famille », une image beaucoup plus large de la famille. Antonia et Sofia mais aussi Carlo et Saul rêvent, à un moment donné de leur vie, de quitter cette famille, de s'en affranchir, de s'en passer. Cette famille, elle entrave leur liberté, elle finit par les rattraper. N'est ce pas le cas de la famille au sens plus commun du terme ? Dans certaines situations, seule la mort d'un de ses membres, permet de nous en libérer et une des scènes du roman fait écho à cette idée.

« [La famille] elle vous prend tout mais veille à ce que vous ne manquiez de rien »

Antonia
Pendant la crise sanitaire du Covid, j'ai lu un article qui racontait que la mafia asseyait son pouvoir, sa place en distribuant dans certains endroits des paniers remplis de nourriture à des familles en difficulté financière ou ne pouvant se déplacer. Si la mafia n'avait pas un rôle de protection, personne ne marcherait dans le système.

Merci à Jessica Shapiro qui a traduit La famille et m'a permis de me glisser dans la peau d'une « Soprano » féminine.
Lien : https://www.chocoladdict.fr/..
Commenter  J’apprécie          180
De nombreuses familles italiennes se sont installées dans les années vingt à Brooklyn, notamment dans le quartier de Red Hook. Mais toutes n'impressionnent pas autant que celles de Sofia et Antonia, deux fillettes du même âge, vivant dans le même immeuble, et dont les pères respectifs travaillent dans la même « branche », à savoir les trafics et extorsions en tous genres. L'histoire les suit de 1928 à 1948, dans leur quotidien d'enfants, école, vacances et réunions de famille, comme au travers d'événements bouleversants. A l'adolescence, leurs voies divergent car leurs rêves ne sont pas les mêmes, l'un souhaitant étudier, l'autre pas. Mais finalement, peut-on vraiment s'éloigner De La Famille ?

Outre le thème de l'amitié et de cette appartenance à un milieu bien particulier qu'est la mafia, le roman explore de nombreux thèmes touchant à la place des femmes, à l'amour, à la maternité, au deuil, aux conséquences de la guerre. Les deux jeunes filles ont seize ans en 1940 et la Seconde Guerre mondiale, même si elles ne l'ont vécue que de loin, a fait d'Antonia et de Sofia des personnes tout à fait différentes de ce qu'elles étaient avant. Antonia notamment ressent le poids d'une dette vis-à-vis du destin qui l'a épargnée, contrairement à des millions d'autres personnes. Les hommes que les deux jeunes femmes rencontrent, et qui deviendront leurs maris, portent aussi des passés très différents qui vont influer sur leurs interactions avec la Famille.
J'ai finalement été plus emballée par ce roman que je ne m'y attendais, l'étude des caractères y est très fine, et l'immersion tant dans les années 30 à 40 que dans le milieu du crime organisé, parfaitement rendue.
Un premier roman marquant, qui pourra séduire bien au-delà des amoureux de Brooklyn, et une autrice qui fait un joli début !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          170
New-York, années 1930. Sofia et Antonia vivent au sein de la communauté italienne dans le quartier de Red Hook à Brooklyn. Elles ont une dizaine d'années, et sont amies depuis toujours. Leurs parents vivent dans le même immeuble. Leurs pères travaillent pour le même homme. Et les mères s'occupent du ménage, sans poser de question sur les affaires qu'occupent leurs époux au sein du clan. Ce clan, c'est la mafia, cette Famille dont on fait partie, celle qu'on ne peut plus quitter une fois qu'on s'est engagé.
Seulement, le père d'Antonia souhaite un autre avenir pour sa famille. Mais, la Famille guette, surveille, elle sait tout. Alors, on le fait disparaître. Puis, c'est le deuil, la rancune, les questions qui demeurent sans réponse. Et, la vie reprend son cours. Mais, l'amitié des deux filles est perturbée et les liens se fragilisent.

Antonia et Sofia grandissent et construisent ainsi leurs vies. Elles ont des projets, des envies. Elles veulent poursuivre des chemins différents de ceux de leurs parents. Mais y arriveront-elles ? Que deviendra leur amitié ?

Je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour cette lecture.

Ce livre est le premier roman de Naomi Krupitsky, autrice américaine, et quelle découverte ! Un coup de coeur absolu. J'ai adoré l'ambiance new-yorkaise des années 1930 dans un contexte qui rappelle fortement "Le parrain" et les romans d'Elena Ferrante.

"La Famille" est une histoire d'amitié et de femmes, c'est aussi l'histoire des familles italiennes ayant émigré aux Etats-Unis au début du 20ème siècle.

Le roman s'étale sur vingt ans et démarre en 1928. On fait la connaissance de la famille Colicchio et de la famille Russo. Sofia Colicchio est la fille de Joey et Rosa. Joey prend la relève du clan et a la main sur la plupart des trafics installés sur les docks et dans les rues sombres de New-York.
Antonia Russo est la fille De Carlo et Lina. Carlo disparaît un matin dans des circonstances douteuses. Sa femme et sa fille doivent vivre avec ce mystère et la conviction que la Famille est responsable. Mais, dans le milieu, on se tait et on doit respect au chef.

Sofia et Antonia poursuivent leur scolarité. Sofia a une personnalité un peu fougueuse et ne pense qu'à s'amuser tout en tenant tête à son père. Antonia est une excellente élève et rêve de poursuivre des études, loin du clan. Si l'amitié des deux jeunes filles semblent s'affaiblir pendant un certain temps, elle se renforcera dans l'avenir.

On suit également les affaires des hommes, puis l'inquiétude quotidienne des femmes, la vie dans le quartier. L'autrice parcourt les années 1930 avec la crise économique, les années 1940 avec la Deuxième Guerre Mondiale et l'arrivée des juifs d'Europe à Ellis Island, le renforcement de la mafia sicilienne en Amérique et des autres organisations criminelles.

C'est un roman historique passionnant avec lequel j'ai passé de superbes heures de lecture. A côté de l'intrigue, on parle aussi de maternité, de liens familiaux, de traditions et de l'évolution de la place de la femme.
Un roman captivant !

Commenter  J’apprécie          150
Rares sont les romans qui nous font sentir intimement les pensées de ses personnages, presque à d'identifier à eux, et qui, dans le même temps, donnent une vue d'ensemble et un recul pour mieux embrasser les situations. Au cinéma, ce serait une alternance avisée de gros plans et de plans d'ensemble, sans qu'il y ait besoin de zoom pour passer des uns aux autres. La Famille est le premier roman de Naomi Krupitsky et c'est un grand livre, dans l'antichambre de cette hydre new-yorkaise que jamais l'autrice ne nomme par son nom, car ce n'est pas nécessaire, la Mafia. Une gageure pour cette Californienne qui raconte avant tout une amitié féminine qui a commencé à l'enfance et s'est poursuivie sur près de deux décennies, le livre débutant en 1928. Sofia et Antonia, deux femmes en lutte avec elles-mêmes, avec de forts moments de dépression et de tempête, avec maris et enfants, mais proches l'une de l'autre, avec de brèves périodes d'éloignement. La Famille est un roman à mèche longue, où la violence, sourde, se tient à distance de ses deux héroïnes, mais ne peut qu'impacter leurs existences respectives. Fragiles et puissantes sont Antonia et Sofia, aux tempéraments si différents, mais avec le même désir de s'affirmer dans un monde d'hommes et de règlements de compte. Et avec pour principal but de garder chacune d'entre elles vivantes, parce qu'ensemble elles forment une entité qui peut faire bouger des montagnes. le livre se termine de manière très cinématographique, comme une apnée qui devient acmé. Si Naomi Krupitsky en a envie, qu'elle ne se gêne surtout pas pour concocter une suite à ces sinueuses et passionnantes vies de famille.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
Commenter  J’apprécie          130
A New York, dans les années 30 du XXème siècle, les nouveaux arrivants, émigrés du sud de l'Italie se font souvent happer par l'une des familles qui dominent la ville.  

Joey Colicchio et Carlo Russo sont au service de Tommy Fanzio, qui règne sur les docks et l'importation des marchandises européennes.

Rosa, la femme de Joey et Lina, la femme De Carlo, sont amies, et comble de joie, donnent naissance à deux filles Sofia et Antonia à quelques jours d'écart.

Les deux fillettes plus inséparables que deux soeurs, vivent indifféremment dans les deux appartements voisins et tout fonctionne bien jusqu'au moment où Carlo, qui souhaite partir vivre au grand air commence à détourner quelques piécettes, récoltées chez les commerçants qu'ils protège pour le compte de Fanzio.

Un soir Carlo ne reviendra pas, et disparaîtra pour toujours. Lina s'enfonce dans son chagrin, Antonia se rapproche encore plus de Sofia, tandis que Joey gagne son indépendance et fonde une nouvelle famille, toujours assujettie aux Fanzio, mais avec quelques latitudes pour créer de nouveaux marchés.

Les gamines grandiront ensemble, jusqu'au lycée où elles sont dans des classes différentes, où leurs chemins divergent un peu ...

Pour mieux se retrouver quelques années plus tard, devenues adultes, mères à leur tour et épouses de deux garçons entrés dans La Famille. 

L'amitié très profonde entre Antonia et Sofia est le fil rouge du récit, apprentissages, déductions, cohabittion dominicales dans ces grands repas où tout les membres de la famille viennent prêter allégeance au chef du clan ...

Velléités d'indépendance, refus d'obéissance et puis, l'appel du devoir et de la vengeance.

Un très beau roman sur le Brooklyn des années 30 et 40

Un exceptionnel roman d'amitié, d'apprentissage, de recherche d'indépendance. 

Un roman puissant, un roman social qui donne à voir la vie des émigrés taliens dans le New York industriel, servi par une écriture fluide qui accompagne le récit de précisions et les personnages d'une grande tendresse. Un roman qui traite de sujets dur sans aucune complaisance de style ni abus d'hémoglobine.  ...

Et surtout un premier roman ! 

J'attends maintenant avec impatience la prochaine oeuvre de Naomi Krupitsky
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          80
Je remercie Babelio, La masse critique et les éditions Gallimard pour l'envoi de ce SP qui a été un énorme coup de coeur !

1930 Brooklyn L'histoire d'eux familles italiennes immigrées Les colichio et les Russi qui font partie de la mafia surnommée La Famille et d'une amitié.

Antonia Russi et Sofia Colichio sont voisines, les meilleurs amies du monde. Elles sentent bien que leurs familles ne sont pas comme les autres. On les évite, on parle d'elles en chuchotant, on les met à l'écart leur des récréations. Un jour, le père d'Antonnia disparaît et tout va changer ou presque, car La Famille sera toujours là...

Devenues jeunes filles, elles vont vivrent chacune de leur côté sans partager leurs secrets. L'une rêve de faire des études, d'indépendance et de quitter" La Famille," l'autre ressemble de plus en plus à son père avec un caractère de battante.
Leurs vies similaires de femmes et de mères vont de nouveau les rapprocher sans que leur amitié ne soit ternie.

Puis arrive un rebondissement, une trahison à laquelle je ne m'attendais pas va tout remettre en question, faire resurgir des blessures du passé mettre à l'épreuve un pacte de sang.

Ce roman sur la mafia m'a embarqué de suite. J'ai été séduite par l'écriture et le style de l'auteur. On est plongé directement dans l'ambiance de "La Famille".
J'avais envie à la fois de tourner les pages pour en savoir plus et ralentir ma lecture pour y rester le plus longtemps possible.
L'emprise de la Famille est très bien décrite. Tout en finesse les mafieux transmettent leurs messages avec le sourire, mais glacent le sang à ceux qui les reçoivent...

J'ai adoré l'histoire, les personnages.
Je me suis attaché à certains, j'en ai détesté d'autres.
J'ai adoré la fin.
Un énorme coup de coeur !
Pour un premier roman c'est une réussite !
Commenter  J’apprécie          80

Dans les années 30, Sofia et Antonia grandissent presque comme deux soeurs au coeur De La Famille, leur deux pères travaillant pour la mafia italienne mais quand le père de la seconde disparaît, les liens se fragilisent. En grandissant les deux jeunes filles n'ont pas les mêmes aspirations mais toutes deux savent qu'elles veulent s'éloigner De La Famille. Cependant cette dernière reste toujours présente et leur vie ne sera pas ce qu'elles imaginaient plus jeune !

En à peine quatre cents pages, l'autrice nous offre une fresque riche où l'amitié est au coeur de l'histoire. Un roman avec pour toile de fond, la mafia où chaque personnage est dépeint avec finesse et même si les hommes et leurs activités ne sont pas oubliés, Naomie Krupitsky met les femmes De La Famille à l'honneur. À travers Sofia, Antonia et leur mère, elle décrit leur quotidien, leurs inquiétudes mais aussi cet isolement qui est le leur car comment se lier avec d'autres quand votre père et votre mari inspire la crainte. Roman d'apprentissage, voyant évoluer deux jeunes filles, devenir mère et femme avec tous les doutes qui peuvent subvenir. Un plongée fascinante dans la mafia certes mais où au-delà des actes, l'autrice met en avant avec subtilité la psychologie et les sentiments des personnages et en particulier ceux des deux jeunes filles.

J'ai adoré cette histoire malgré quelques longueurs et redondances, une tension se crée dans la dernière partie qui rend la fin de la lecture vraiment addictive. Un premier roman parfaitement construit et très prometteur que je vous conseille de découvrir surtout si vous aimez les histoires où les femmes sont à l'honneur.
Lien : https://leslecturesdemamanna..
Commenter  J’apprécie          70
Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce roman à l'occasion d'une masse critique privilégiée.
Si j'étais un peu hésitante en entamant ma lecture, ne sachant si un sujet tel que la mafia allait réussir à me captiver, mes craintes ont vite été dissipées, et je peux dire que cette lecture a été un réel coup de coeur !

En prenant pour point de départ l'amitié entre deux fillettes, Sofia et Antonia, et à travers elles de deux familles, l'autrice nous donne un aperçu du milieu de la mafia d'origine sicilienne à New York dans les années 1930 et 1940, mais surtout contribue à nous le nuancer et à remettre en question nos certitudes : certes, les gangs mafieux terrorisent des innocents, mais ils ont aussi contribué à sauver des Juifs européens pendant la Seconde Guerre mondiale, certes, le roman commence par un drame quand le père d'une des héroïnes est froidement assassiné sur les ordres de son patron, mais le récit nous montre aussi ces hommes dans leur intimité, des humains comme les autres avec une vie familiale et amoureuse...

Les deux héroïnes, dont on suit le parcours depuis leur enfance et pendant une vingtaine d'années, sont tout aussi nuancées, et Naomi Krupitsky a réussi à créer deux personnalités complètes et complexes, qui évoluent tout au long du récit, ont chacune leur côté attachant et leur côté agaçant, leurs forces de caractère et leurs contradictions, leurs réussites et leurs échecs... Tous les personnages ont d'ailleurs une psychologie très travaillée, aucunement manichéenne, et par conséquent crédible.

Leur histoire est tout autant "réaliste" à mon sens : bien que comportant sa part de péripéties et d'aspects sortant de l'ordinaire, la destinée des héroïnes reste crédible et ancrée dans le quotidien et (malheureusement) dans les normes sociales en vigueur pour les femmes à l'époque...
C'est d'ailleurs une autre grande force de ce roman : être passionnant alors qu'il ne s'attache parfois qu'à des événements banals de la vie, comme des petites filles qui grandissent, des adolescentes qui découvrent la vie lycéenne ou des jeunes femmes prises dans leur quotidien d'épouses de mafieux - c'est-à-dire surtout de ménagères.
Commenter  J’apprécie          50
Il en est des semaines de vacances pluvieuses comme de toutes ces contrariétés ridicules qui pourraient vous plomber le moral, soit vous vous asseyez part terre et vous pleurez sous leur poids, soit vous acceptez d'en être allégé(e) par une poignée de petites choses aussi délicieuses qu'une balade sous un ciel gris-bleu, une crêpe fourrée aux fous rires, un roman épatant qui, pour toujours, gardera mêlés entre ses pages, un peu de vent salé, quelques grains de sable et le souvenir d'une lecture enthousiasmante .C'est La Famille, premier roman magistral de Naomi Krupitsky paru dans la collection du monde entier de Gallimard, qui, pour moi, a rempli ce rôle à merveille la semaine passée.
« La Famille » se prononce avec un grand F et avec respect, en baissant un peu la voix et en serrant la pointe de ses doigts sur la paume de sa main, dans un haussement d'épaules. « La Famille » a l'accent italien au coeur de Brooklyn et prend son essor dans les années trente, en pleine prohibition. « La famille » se serre les coudes, protège ses rituels et ses membres, impose ses règles et fait des propositions que l'on ne peut pas refuser. En être, c'est se savoir protégé et soumis. Y naître, c'est grandir avec la certitude d'être un peu à part, un peu à tares, rassurées et étouffées à la fois comme Sofia et Antonia, presque soeurs au sein de cette famille bizarre où il leur faudra trouver une place qui n'est pas prévue pour elles. Ensemble, elles grandiront entre craintes et certitudes, ensemble, elles découvriront amour et angoisses, les secrets qui séparent, les souvenirs qui rassemblent, les mères qu'elles ont et celles qu'elles sont, malgré elles, malgré tout, les femmes qu'elles deviendront, envers et contre tout, dans ce monde d'hommes, d'oncles, de pères aux personnalités plus riches et nuancées que les visages impassibles et le folklore du Milieu ne le laisse supposer en règle générale.
Ce premier roman de Naomi Krupitsky est une réussite et un pur régal à tous points de vue. L'histoire riche et intense est tenue de main de maître sur 20 ans, 5 livres et 383 pages, sans abus, sans excès, sans relâchement ni digressions. On y voit évoluer une poignée de personnages à la personnalité dessinée avec netteté, changeante, surprenante, mais précise, travaillée avec soin et d'une sensibilité affûtée, ne laissant rien au hasard. Cerise sur le cheesecake, la plume est belle, racée, subtile, délicate, elle donne à entendre une voix réellement nouvelle dont on sent déjà que, non contente de savoir nous raconter des histoires, elle saura nous les rendre inoubliables C'est une proposition que nous ne saurions refuser !

Lien : https://magali.bertrand@neuf..
Commenter  J’apprécie          40



Lecteurs (561) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1827 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}