Amis lecteurs, ce n'est pas volontairement que je poste cette chronique en même temps que le retour du froid et à l'approche de l'hiver. Non, vraiment. Pourtant, la lecture de ce premier roman de Clair Krust colle parfaitement à ce climat frais et au temps gris. Ajoutons à cela une délicatesse toute particulière qui frôle la poésie, vous obtenez Les Neiges de L'Éternel idéal pour vos hivers auprès du feu. Un peu de douceur dans ce monde de brutes, voilà le sentiment qui subsiste à la fin de la lecture du premier essaie littéraire de
Claire Krust.
Alors il est vrai que dans une certaine mesure, l'histoire que nous compte l'auteur est tragique, mais le style très posé de l'auteur viens adoucir le texte de sorte qu'il est difficile de sombrer réellement dans la tristesse (enfin pour ma part). le mot qui collerait le plus à l'ambiance serait "mélancolie". Au milieu des cerisiers et des paysages enneigés,
Claire Krust nous raconte la chute d'une famille noble dans un univers inspiré du Japon féodal, où l'hiver est omniprésent, renforçant ce sentiment de mélancolie permanent. Mais, malgré le contexte, dans Les Neiges de L'Éternel point de samouraïs, ni de grande batailles épiques, simplement un morceau de vie (pour ne pas dire plusieurs) que l'on partage avec chaque personnage, qui nous fait part de ses buts, de ses interminables attentes ou de ses espoirs. L'auteur mélange habilement plusieurs thématiques et arrive à mixer le tout dans un texte à la structure narrative imbriquée de façon étrange. Nous suivons, à différents moments et à différentes époques, les différents membres d'une famille dont l'élément déclencheur est la mort de leur seul et unique fils.
Claire Krust n'hésite pas à nous projeter cinquante ans en avant entre deux récits pour mieux revenir en arrière ensuite pour encore… enfin vous avez compris. Pourtant malgré un texte chronologiquement désordonné, l'auteur nous donne toujours quelques indices afin de nous repérer dans le temps et ne jamais vraiment nous perdre entre les descendants, les fils, les petits-fils etc... Nous suivons aussi des personnes extérieures à la famille, mais qui n'en sont pas moins importes pour autant.
Le style est quant à lui très calme et poétique. Même dans les moments les plus durs du roman (l'un des thèmes principal est tout de même la mort),
Claire Krust sait trouver les mots justes et nous donne aussi matière à réfléchir. Chaque personnage est confronté à une situation et une problématique différente.Nous suivons leur combat avec la légèreté des mots bien que pour la plupart, la situation soit vraiment lourde moralement. La liberté pour l'un, la volonté de sauver un proche pour l'autre, tout nous est décrit avec sensibilité et beauté. L'auteur nous fait aussi partager son amour pour la culture japonaise. Que ce soit dans l'architecture, les traditions ou les jardins recouverts d'une épaisse couche de neige,
Claire Krust nous offre un voyage dépaysant au coeur d'un univers glacé mais non moins sublime. La calligraphie et les histoires de fantômes sont aussi des thèmes récurrents qui font partie intégrante du roman, c'est d'ailleurs une des particularités du roman que de proposer le point de vue d'un fantôme dans le deuxième texte. L'amour de cette culture et de ces traditions suinte à travers ce véritable hommage déguisé en roman que l'auteur nous offre.
Avec Les Neiges de L'Éternel,
Claire Krust signe un très bon livre, tout en finesse, à la poésie exacerbée et aux décors magnifiquement froids. Certes, l'amateur de sensations fortes passera son chemin puisque nous sommes dans un texte parfois contemplatif au rythme posé, mais nous pouvons retrouver une certaine violence dans les situations parfois désespérées de certains personnages. Quoi qu'il en soit les protagonistes du roman sont travaillés et touchants et une empathie se crée instantanément, car nous compatissons et partageons leurs douleurs.
Assurément (encore) une bonne sortie pour ActuSF qui enchaîne les bons points.
Zoskia
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