Le monde appartient à ceux qui bâtissent l’avenir.
Je ne comprends pas comment on peut laisser faire ça. Pourquoi je ne pourrais plus étudier juste parce que je ne suis pas sexuée. Ça ne m’empêche pas de réfléchir, que je sache.
Ils voulaient réinventer le monde. Mais on ne bâtit pas l’avenir en effaçant le passé.
Nous devions zadifier le pays tout entier, noyauter chaque région, le mailler d’îlots de rébellion habités, invisibles et prolifiques, reliés par nos valeurs communes. Nous serions à l’abri des règles et des pouvoirs, cachés, prospères et puissants. Une vie secrète et parallèle, libre, résistante, pour préserver l’avenir sans combattre le présent.
Nous étions des étoiles.
Nous dessinerions nos constellations.
Je voudrais deux enfants, nos deux ventres arrondis ensemble, toi portant un de nos bébés et moi l’autre. Deux enfants, deux pères-mères ou deux mères-pères je ne sais pas. On a tellement réinventé le couple. On peut réinventer la famille, tu ne crois pas ? Je voudrais porter un de nos deux enfants.
Il l’avait regardée avec espoir, troublé, fragile et déterminé. Elle n’avait plus bougé, assommée d’émotions contradictoires.
Qu’ai-je donc fait de si grave ? S’ils se comportent mal avec les Porteurs, c’est à eux d’évoluer. Il est temps que ça change, non ? Ma décision est prise. Je ne fuirai plus. S’il faut combattre, ils vont entendre parler de moi. Je suis prête.