AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,46

sur 12 notes
5
4 avis
4
2 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Petit grain de sable jaune dans les rouages grisâtres d'un régime totalitaire

Nina fait grise mine suite à son déménagement récent. Est-ce seulement son humeur maussade qui lui fait voir les choses en cinquante nuances de gris ou est-ce qu'il y a quelque chose qui cloche dans cette ville ?

Torben Kuhlmann instille subtilement des doutes qui se précisent au fur et à mesure que Nina explore la ville grise. On pense d'abord à une jungle de béton asphyxiée par les gaz d'échappement, puis le poids écrasant des gratte-ciels représentés en contre-plongée, l'uniformité des façades, l'expérience d'un contrôle social omniprésent ne laissent plus de place au doute : nous sommes dans un régime totalitaire.

Forcément, les enjeux sont maximaux et on ne peut qu'être captivée par la quête de vérité et la résistance de Nina. Les planches grandioses de l'illustrateur (extrait disponible via le lien ci-dessous) viennent accentuer la tension en créant une atmosphère orwellienne (qui m'a évoqué la RDA) où Nina détonne pourtant à chaque instant avec son petit ciré jaune, comme une lueur d'espoir.

Ce qui force vraiment l'admiration, c'est la manière dont en arrière-plan, sur un mode presque poétique, l'album dissèque les rouages d'un régime totalitaire. À aucun moment ce n'est démonstratif, on est complètement dans l'histoire, mais on réalise subtilement comment un régime arbitraire se maintient en jouant à la fois sur l'endoctrinement et l'espionnage de la population, la propagande, l'intimidation et la répression. Et en miroir, Nina nous révèle différentes formes de subversion qui peuvent paraître futiles mais qui, ajoutées les unes aux autres, finissent par faire pencher la balance : peindre un graffiti sur un mur, s'habiller, refuser de se conformer à des règles absurdes, cacher des livres…

Un album incontournable – pour le plaisir de lecture immense, la beauté incroyable des pages, l'hymne aux arcs-en-ciel. Et la perche tendue à nos consciences à l'heure où beaucoup de pays glissent vers l'autoritarisme.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          477
Un album graphiquement magnifique, des illustrations pleine page, qui représentent une ville et un univers totalement gris, au milieu duquel une petite fille en ciré jaune tranche et recherche la couleur, ainsi qu'un petit groupe de musiciens qui se réunit dans la clandestinité.

Cette histoire est une métaphore du totalitarisme, d'une société qui a tout uniformisé, pour réduire les gens en esclavage, pas de couleur, pas de liberté de penser et d'agir, pas de musique, une culture bridée... mais heureusement il y a toujours des personnes courageuses qui luttent et vont contre l'ordre établi, et ici en l'occurrence c'est une petite fille et un petit garçon qui vont faire bouger les choses.

Au milieu de tout ce gris, la couleur va resurgir, et c'est magistralement dessiné par l'auteur.
Commenter  J’apprécie          121
Les illustrations de Torben Kuhlmann ont quelque chose de fascinant. Cette douceur, la lumière et une précision qui me subjuguent à chaque fois.

Avec "La ville grise" l'auteur-illustrateur délaisse ses souris inventrices pour accompagner Nina dans la découverte de son nouvel environnement, car elle vient d'emménager.
Il y a du "Momo" dans cet album : ce gris omniprésent qui ternit le quotidien, les émotions, et finalement les gens. J'ai aussi pas mal pensé au "Nuage de Louise" et à "Louise ou L'enfance de bigoudi" pour le déménagement qui mine le moral, et pour cette enfant qui refuse d'accepter un monde qui manque de couleur.

Mais Torben Kuhlmann insuffle aussi une étrangeté et (on ne se refait pas) une touche de science qui apportent une dimension supplémentaire à son récit.
Ces éléments rendent le lecteur actif, ce qui est toujours appréciable : il cherche, s'interroge sur cette étrange société. Société faussement lisse, vraiment coercitive. Une entrée idéale pour aborder l'uniformité de pensée propre aux régimes totalitaires.


Un album dense, dont la profondeur invite à la relecture et à la discussion.
Merci à l'Ileauxtresors d'avoir attiré mon attention sur ce titre et aux éditions NordSud de m'avoir permis de le découvrir !
Commenter  J’apprécie          111
Lorsque Nina arrive à la ville, c'est contrainte et forcée par le déménagement qui va permettre à son père de commencer un nouvel emploi. Rapidement la fillette s'aperçoit du manque de couleur dans la ville. Et ce ne sont pas interdictions absurdes d'en porter ou d'en utiliser qui vont éteindre son désir d'inverser la tendance en se rebellant contre un système auquel elle refuse de se soumettre.
A la lecture de la ville grise, la beauté des illustrations de Torben Kuhlmann aspire le lecteur dans cette ville oppressante dans laquelle la vie semble presque éteinte. Il multiplie les prises de vues et cadrages pour signifier l'impression d'enfermement, d'emprisonnement, renforcée par les nuances de gris, couleur neutre artistiquement qui inspire pourtant la saleté, la tristesse, la dépression… Au coeur de cette grisaille, l'imper jaune de Nina amène la lumière qu'elle porte en elle et attire le regard des plus réfractaires comme une lumière attire un papillon dans la nuit.
A l'image de la petite Momo de Michael Ende, Nina reste hermétique aux règles imposées. Mais là où Momo ne se soumettait pas à la pression de l'urgence, Nina fuit ce qui tend à ressembler à un régime autoritaire. Au coeur de cette ville grise, les quelques couleurs qui filtrent sont autant de symboles que Nina n'est pas seule à lutter pour la liberté. Un graffiti par-ci, un peu de musique par-là, et un rayon de bibliothèque dissimulé plus tard, l'art s'impose comme sauveur de l'humanité et libérateur de l'oppression.
Véritable bouffé d'oxygène dans l'étouffement imposé par la ville, l'art (et la couleur) illumine les pages et l'histoire, il ouvre l'esprit de la jeune héroïne à rechercher l'origine de ce mal par l'interprétation scientifique de l'expression de la couleur. Torben Kuhlmann impose son style dans un album unique, et ses centres d'intérêts comme autant d'éléments nécessaires à la sauvegarde de nos sociétés. Pourtant, si l'histoire ne manque pas d'intérêt, il est dommage que les tenants et aboutissants ne soient pas exposés, cela m'a empêchée de complètement adhérer au récit, même si je reste très sensible à son message porteur d'espoir.
Lien : https://sirthisandladythat.c..
Commenter  J’apprécie          70
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

David Eddings ou J.R.R. Tolkien

Bilbo le Hobbit ?

David Eddings
J.R.R. Tolkien

10 questions
24 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}