Citations sur Un stagiaire presque parfait (Guide de survie en mili.. (84)
– On devrait peut-être commencer par une bière ?
Appelez-moi tue-la-joie.
– S’il vous plaît !
Elle ignore avec superbe ma pitoyable tentative de résistance.
Un serveur indolent s’approche.
– Vous avez de la Don Julio Añejo ?
Elle m’adresse un petit sourire.
– S’il vous plaît, deux shots et deux bières pour faire plaisir à M. Pisse-froid.
– OK.
Il repart d’un pas traînant. Au moins, j’ai sa nonchalance pour moi.
Je hausse les sourcils.
– Tequila ?
– Le scotch mexicain.
– Ça ne peut pas être pire que le schnaps.
– Sûrement pas. Tu serais fâché si je buvais du schnaps, répond-elle d’un ton solennel.
– Pourquoi ?
– Parce que je ne peux pas garder mes vêtements sur moi.
– Garçon !
Nous éclatons de rire.
Pendant qu’elle dort, j’entreprends de fouiller les lieux. Je trouve son ordinateur dans sa sacoche et je l’allume. On me demande de taper un mot de passe et je glisse ma clé dans le port USB. J’ai un logiciel de piratage acheté à des gangsters russes pour une petite fortune. Normalement, c’est d’une efficacité redoutable. Mais le portable d’Alice est protégé par une quantité de codes de sécurité impressionnante, même pour une avocate. J’essaie de pénétrer dans son système pendant trois heures et demie, sans succès.
J’ai quand même dû lui trancher la moitié de la rate, mais il reste imperturbable. C’est la marque d’un pro, qui a l’expérience d’un pilote de combat. En fait, la seule personne que je me serais attendu à voir réagir comme ça, c’est moi. Qui est ce type ? C’est d’ailleurs ce que je lui demande :
– Putain, mais t’es qui ?
– La véritable question est : putain, mais t’es qui ?
– Le stagiaire, réponds-je avec un sourire.
– Je suppose que ta petite amie sera plus bavarde si je l’écorche vive.
Et en ce moment, quelques grammes de rédemption valent plus qu’un kilo de cette chimère que les vendeurs d’assurances appellent « tranquillité d’esprit ».
Ce livre sera plutôt un journal intime, désormais. J’ai aimé « saigner sur la page », ainsi que Hemingway l’a si bien dit. En fait, l’écriture de ce guide a eu un effet cathartique. La confession, ce n’est peut-être pas aussi idiot que ça en a l’air, après tout. Je ne crois pas que notre grand déballage intéresse beaucoup Dieu : finalement, c’est elle qui nous a créés enclins à commettre des transgressions et elle nous voit faire. Cependant, je commence à penser que la confession est le seul moyen que nous connaissons pour nous pardonner à nous-mêmes.
Il va y avoir du grabuge. Ces colosses qui ont l’habitude de se battre sont une vraie calamité. Ils se considèrent comme des gladiateurs et essaieront toujours de t’entraîner dans un combat d’homme à homme. J’adore lorsqu’ils disent « mano a mano » au lieu de « man to man », sans se rendre compte que mano signifie « main ».
Alice apprécie certains d’entre eux mais la réciproque n’est pas toujours vraie. Les femmes, surtout, ne la portent pas dans leur cœur car elle est tout ce qu’elles ne seront jamais : l’esprit vif, d’une indépendance farouche, forte physiquement et dotée d’une beauté qui n’appartient qu’aux bâtards – totalement originale, sans ce côté Reese Witherspoon que dégagent toutes les filles de la « bande à Barbie », ainsi que je les ai surnommées.
Un chien de garde arrive presque aussitôt. Un akita inu, l’une des quatre espèces les plus proches du loup. Comme lui, ils chassent en silence. Aboyer, c’est révéler sa position. C’est ce que fait un chien qui ne sait pas chasser. Il m’a senti et il se dirige vers moi. Il a le pelage noir, ce qui est rare chez ces animaux, et je le distingue à peine dans l’obscurité. Mais je vois briller ses dents et le blanc de ses yeux. Il court à toute vitesse, prêt à me sauter dessus et à s’abattre de tout son poids sur ma gorge.
Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles
Montrer que t’as mal à ce genre de mec, c’est comme filer un paquet de chips à un gamin obèse. On sait quand il commence, mais on ne sait pas quand il s’arrête.