L' avenir n'est qu'un vide indifférent qui n'intéresse personne, mais le passé est plein de vie et son visage irrite, révolte, blesse, au point que nous voulons le détruire ou le repeindre. On ne veut être maître de l'avenir que pour pouvoir changer le passé.
C'était un homme si profondément conciliant qu'il ne défendait ses opinions modérées qu'avec une très grande modération. (p.304).
La meilleure des idées progressistes est celle qui renferme une assez forte dose de provocation pour que son partisan puisse se sentir fier d'être original, mais qui attire en même temps un si grand nombre d'émules que le risque de n'être qu'une exception solitaire est immédiatement conjuré par de bruyantes approbations de la multitude victorieuse. (p.302).
Le rire est une explosion qui nous arrache au monde et nous rejette dans notre froide solitude. La plaisanterie est une barrière entre l'homme et le monde. La plaisanterie est l'ennemi de l'amour et de la poésie. (p.222).
Il est des regards à la tentation desquels personne ne résiste: par exemple le regard sur un accident de la circulation ou sur une lettre d'amour qui appartient à l'autre. (p.175).
Le roman est le fruit d'une illusion humaine. L'illusion de pouvoir comprendre autrui. (p.142).
Toute la vie de l'homme parmi ses semblables n'est rien d'autre qu'un combat pour s'emparer de l'oreille d'autrui. (p.128).
La beauté est l'étincelle qui jaillit quand, soudainement, à travers la distance des années, deux âges différents se rencontrent. Que la beauté est l'abolition de la chronologie et la révolte contre le temps. (p.87).
On ne veut être maître de l'avenir que pour pouvoir changer le passé. (p.41).
En Bohème, l'Histoire a mis en scène une situation jamais expérimentée. Là-bas, ce n'est pas, selon les anciennes recettes, un peuple qui s'est dressé contre un autre, mais des hommes (une génération d'hommes et de femmes) qui se sont soulevés contre leur propre jeunesse. (p.29).