Les femmes ne recherchent pas le bel homme. Les femmes recherchent l'homme qui a eu de belles femmes. C'est donc une erreur fatale d'aoir une maîtresse laide. (p.27).
Il était amoureux de son destin et même sa marche à la ruine lui semblait noble et belle. (p.25).
La lutte de l'homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l'oubli. (p.14).
L'homme, bien qu'il soit lui-même mortel, ne peut se représenter ni la fin de l'espace, ni la fin du temps, ni la fin de l'histoire, ni la fin d'un peuple, il vit toujours dans un infini illusoire.
Celui qui écrit des livres est tout (un univers unique pour lui-même et pour tous les autres) ou rien. Et parce qu'il ne sera jamais donné à quelqu'un d'être tout, nous tous qui écrivons des livres, nous ne sommes rien.
L'homme, du fait qu'il écrit des livres, se change en univers et le propre d'un univers c'est justement d'être unique. L'existence d'un autre univers le menace dans son essence même.
Nous écrivons des livres parce que nos enfants se désintéressent de nous. Nous nous adressons au monde anonyme parce que notre femme se bouche les oreilles quand nous lui parlons.
Toute relation amoureuse repose sur des conventions non écrites que ceux qui s’aiment concluent inconsidérément dans les premières semaines de leur amour. Ils sont dans une sorte de rêve, mais en même temps, sans le savoir, ils rédigent, en juristes intraitables, les clauses détaillées de leur contrat.
Et je courais derrière cette voix à travers les rues pour ne pas perdre de vue cette splendide couronne de corps planant au-dessus de la ville et je savais, avec l'angoisse au coeur, qu'ils volaient comme les oiseaux et que je tombais comme la pierre, qu'ils avaient des ailes et que je n'en aurais plus jamais.
"Pour liquider les peuples, disait Hübl, on commence par leur enlever la mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Et quelqu'un d'autre leur écrit d'autres livres, leur donne une autre culture et leur invente une autre Histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu'il est et ce qu'il était. Le monde autour de lui l'oublie encore plus vite.
-Et la langue ?
-Pourquoi nous l'enlèverait-on ? Ce ne sera plus qu'un folklore qui mourra tôt ou tard de mort naturelle."
Etait-ce une hyperbolle dictée par une trop grande tristesse ?
Ou bien, est-il vrai que le peuple ne pourra franchir vivant le désert de l'oubli organisé ?