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Citations sur Le pianiste déchaîné (9)

Paul enviait l’esprit de Finnerty car Finnerty pouvait être tout ce qu’il désirait, et toujours brillamment. Quoi que les temps eussent réclamé, Finnerty aurait été parmi les meilleurs. Si l’on s’était trouvé dans l’âge de la musique, Finnerty aurait été – et, en fait, était – un grand virtuose du piano… ou il aurait pu être architecte, médecin ou écrivain. Avec une intuition inhumaine, Finnerty était à même de comprendre les principes de base et le fonctionnement de pratiquement toute œuvre humaine, sans s’en tenir au seul art de l’ingénieur.
Paul, lui, n’aurait pu être autre chose que ce qu’il était, pensait-il. En remplissant à nouveau son verre, il supposa qu’il n’aurait pu agir autrement que d’arriver à cet instant, dans ce living-room, sous le regard d’Anita.
C’était une pensée terrifiante que de se sentir à ce point intégré dans les rouages de la société et de l’histoire et d’être ainsi capable de se mouvoir sur un seul plan et sur une seule ligne. L’arrivée de Finnerty était perturbante, car elle ramenait à la surface le doute : la vie devait-elle être ainsi ? Paul avait songé à recourir aux services d’un psychiatre qui l’aurait rendu docile, satisfait de son sort, aimable envers tous. Mais à présent Finnerty était là, le poussant dans l’autre direction. Finnerty avait, semblait-t-il, vu quelque chose en Paul qu’il n’avait pas vu chez les autres, quelque chose qui lui avait plu… peut-être bien cette trace de révolte que Paul commençait seulement maintenant à soupçonner. Pour une certaine raison, Finnerty avait fait de Paul son seul ami.
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Ce qui distingue l'homme des autres animaux est sa capacité de faire des choses artificielles, dit Paul. Pour son plus grand honneur, je l'affirme. Et un pas en arrière, après avoir fausse route, est un pas dans la bonne direction.
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-- Bourbon à l'eau"
Le barman prépara la mixture, la mit devant Paul, et tourna le dos à son interlocuteur.
Paul but à la santé des compagnons hostiles ou apathiques qu'il rencontrerait au cours de la nouvelle vie qu'il s'était choisie, toussa, se lécha sagement les lèvres, en essayant de déterminer ce qu'il y avait d'un peu bizarre dans son verre, puis tomba inanimé du tabouret.
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Il existait quelques hommes à Homestead – comme ce barman, les policiers et les pompiers, les athlètes professionnels, les chauffeurs de taxis, des artisans particulièrement habiles – que les machines n’avaient pas remplacés. Ils vivaient parmi ceux qui avaient été évincés, mais ils se montraient distants et quelquefois brutaux, voire arrogants avec la masse. Ils éprouvaient de la camaraderie pour les ingénieurs et les administrateurs de l’autre rive du fleuve, sentiment qui, soit dit en passant, n’était nullement partagé. On pensait généralement, sur l’autre rive, que ces personnes n’étaient pas assez brillantes pour être remplacées par des machines ; elles exerçaient simplement leurs activités là où les machines ne s’avéraient pas économiques. En bref, leur sentiment de supériorité était injustifié.
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Certaines personnes, y compris le célèbre père de Paul, avaient, en des temps anciens, parlé des ingénieurs, des administrateurs et des savants comme s’il s’était agi d’une élite. Lorsque les choses commencèrent à s’acheminer vers la guerre, on avait admis que la seule réponse à donner à l’écrasante supériorité numérique de l’ennemi était le savoir-faire américain, et il avait été question de construire des abris plus profonds et plus épais pour les détenteurs de ce savoir-faire et de retenir cette élite de la population loin des premières lignes du front. Mais bien peu de gens avaient à cœur l’idée d’une telle élite. Lorsque Paul, Finnerty et Shepherd avaient obtenu leurs diplômes universitaires, ils s’étaient sentis mal à l’aise de ne pas aller combattre et humiliés à l’idée de ceux qui y allaient effectivement. Mais, à présent, la notion d’élite, la certitude de leur supériorité, le sens du bien-fondé d’une hiérarchie que couronnaient les directeurs et les ingénieurs, tout cela était ancré dans l’esprit de tous les diplômés de l’université et ne leur posait aucun problème.
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"Je suis paumée, dit Katharine d'une petite voix. Tu n'as pas le droit de colporter l'idée qu'une machine peut faire ce que je fais.
- Ecoute, mon chou, il n'y avait rien de personnel là-dedans."
Elle pleurait à présent ; Paul se glissa dans son bureau et ferma la porte.
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Tous ceux qui entrent en compétition avec des esclaves deviennent des esclaves.
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Paul se sentit mieux lorsqu’il pénétra dans le bâtiment 58, un édifice long et étroit qui s’étendait sur la longueur de quatre pâtés de maisons. C’était son préféré. On lui avait dit qu’il fallait abattre et remplacer l’extrémité nord du bâtiment, et il en avait dissuadé le Siège général. Le bâtiment de l’extrémité nord était le plus ancien de l’usine et Paul l’avait sauvé… en raison de son intérêt historique pour les visiteurs, avait-il dit au Siège général. Mais il détestait et décourageait les visiteurs, car en réalité il avait sauvé l’extrémité nord du bâtiment 58 pour lui seul. C’était l’atelier primitif construit par Edison en 1886, l’année même où il en ouvrait un autre à Schenectady, et le fait de le visiter atténuait les débuts des crises dépressives de Paul. C’était, pensait-il, un vote de confiance venu du passé, où le passé reconnaissait à quel point il avait été humble et médiocre, où l’on pouvait du regard aller d’hier à aujourd’hui et voir que l’humanité avait véritablement parcouru un long chemin. Paul éprouvait de temps en temps le besoin de s’en assurer.
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Le chat heurta le câble d'alarme de la clôture et les sirènes du poste de garde se mirent à hurler. La seconde d'après, le chat touchait les câbles électrifiés en haut de la clôture. Une petit explosion, un éclair vert, et le chat s'envola très haut au dessus du dernier câble comme si on l'avait projeté en l'air. Il tomba sur l'asphalte, mort et fumant, mais à l'extérieur de la clôture.
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