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Paru en 1975 en langue française mais en 1952 en américain sous le titre de " Player piano " , ce roman utilise le filon de la science fiction comme moyen d'analyse d'un probable devenir des humains dans le système capitaliste .
Ce serait le premier roman de Vonnegut , auteur de " Abattoir 5 " ( son texte le plus connu ) .
Le style avoue son age et les dialogues sonnent souvent faux , les redites alourdissent le texte mais la vision est crédible en même temps que visionnaire : le chômage est irréversible quoique nos élites prétendent avoir la solution pour le réduire , comment vivront alors les sans emploi de demain ? Aussi effrayante que soit la démonstration de l'auteur , elle est envisageable et peut-être bien envisagée ( salaire universel , par exemple )
" 1984 " d'Orwell expose cette catégorie de la population formant une classe ne servant qu'à produire et se taire , sans prise sur leur avenir , mais du temps d'Orwell le chômage de masse était moins prononcé .
Le livre m'a paru plus attrayant que " Abattoir 5 " , moins délirant , il est peut-être plus accessible . Si vous êtes chômeur de longue durée , sa lecture ne vous remontera pas le moral , mais , un homme prévenu en vaut deux !
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Uchronie et dystopie, voilà deux termes un peu techniques mais qui caractérisent bien ce roman.
Uchronie : L Histoire ne se passe pas comme elle s'est réellement passée. Imaginez ici les États-Unis "soviétiques", plannifiés rationnellement par les administrateurs et les ingénieurs, dopés au machinisme...
Dystopie : contre-utopie, ou ici utopie qui ne vise pas le bonheur des gens. Pourtant il n'y a pas de chômage, non : les bons à rien sont embrigadés dans les Corps de Reconstruction et Récupération (sorte de corvée médiévale) ou dans l'Armée...

Bref un roman effectivement dans la veine du Meilleur des Mondes, de 1984. La critique de la société américaine est féroce, et toujours d'actualité.
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Au sortir de la Troisième Guerre Mondiale, la société américaine s'est profondément transformée pour adopter une stricte segmentation. Par exemple, Ilium, Etat de New York, est divisé en trois parties : au nord-ouest résident les administrateurs, les ingénieurs, les fonctionnaires et quelques professionnels libéraux ; au nord-est, il y a les machines ; et au sud s'étend la zone où vit le reste de la population, oisive, si ce n'est qu'elle fait semblant de travailler dans les Brigades de Reconstruction et de Récupération, ou d'appartenir à une armée désormais inutile, pour consommer ce que les machines daignent produire pour elle.

A Ilium, Paul Proteus est un nanti. Administrateur d'Ilium Works, il a été sélectionné, comme tous ceux de sa classe sociale, sur la base de ses diplômes et de son QI par un ordinateur de la quatorzième génération. Il a donc a priori tout pour être heureux, sauf qu'il ne l'est pas, ou plutôt qu'il s'ennuie dans son univers figé. Alors quand son ami d'enfance Ed Finnerty lui rend visite après avoir démissionné de son poste d'administrateur à Washington, c'est l'occasion de faire une virée dans un bar au sud d'Ilium et d'entamer une folle partition sur un vieux piano mécanique...

Tout premier roman de Kurt VONNEGUT, le pianiste déchaîné s'inscrit dans la plus pure tradition des dystopies à la manière du Meilleur des mondes d'Aldous HUXLEY. Mais ce qui est déjà personnel à VONNEGUT, et qui atteindra son apogée dans le berceau du chat et Abattoir 5, c'est son sens de la satire et le cynisme de son propos, toujours plein d'humour en dépit de son pessimisme. Ici c'est à la société américaine du début des années cinquante qu'il s'attaque en la caricaturant à l'extrême ; entièrement régie par les machines, l'homme n'y occupe qu'une place de consommateur passif ; et même lorsque le peuple est amené à se révolter c'est pour retourner tout aussi vite dans les travers qui l'ont conduit à se battre.

L'univers décrit peut certes paraître daté, de même que la structure du récit n'est guère originale comparée à celle des oeuvres majeures de Kurt VONNEGUT. Néanmoins le pianiste déchaîné fourmille d'excellentes idées, souvent hilarantes, et ce d'autant plus aujourd'hui qu'elles sont désormais plus proches de la réalité que de la caricature. Tous les thèmes du débat socio-économique actuel sont en effet abordés, jusqu'à ce fameux séminaire annuel réservé à la classe dirigeante, les participants étant sommés de s'amuser et de nouer des amitiés plus intéressées que sincères. Aujourd'hui, nous avons le Forum économique mondial, plus connu sous le nom de Forum de Davos, et qui semble remplir peu ou prou la même fonction que dans le roman.

Pour toutes ces raisons le pianiste déchaîné est un excellent roman et l'on comprend facilement pourquoi Philip K. DICK l'a encensé de son vivant.
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Troisième guerre mondiale : un effort de guerre sans précédent met en coupe réglée tous les aspects d'une société américaine paroxistiquement productiviste. Les machines s'automatisent, le facteur humain (aléatoire et sous optimal) est supprimé définitivement, à ce prix la victoire est totale. Naissent des Etats-Unis post-capitalistes à la (sur)consommation planifiée, dopée par le travail gratuit des machines.

Une dystopie certaine bien qu'anticipation vieillissante.

En entrapercevant la disparition probable des tâches répétitives et sans réelle valeur ajoutée qui constituent pourtant le socle du travail salarié, Vonnegut a eu le nez creux, c'est sûr. le sujet n'est-il pas des plus prégnants de nos jours ?

La question de l'utilité humaine devient implacable et calculée. Les masses inutiles sont bercées d'une aide publique totale qui pourvoie à tous leurs besoins avec largesse. N'ont de valeur que ceux qui ne peuvent être remplacés par les machines, les ingénieurs, les administrateurs, ceux-là même qui s'efforcent avec ferveur d'améliorer un système dont la réalisation suprême vise à leur propre obsolescence.

Mais si un ingénieur parmi les plus doués sortait du dogme et commençait à douter, la machine se défendrait-elle ?

Peur existentielle du déclassement, de l'annihilation de l'ego par l'impossibilité du choix et des opportunités, d'un libre arbitre castré par un système mécaniquement paternaliste qui se veut idéal, moral et définitif... le Pianiste Déchaîné est une oeuvre qui résonne sans peine avec les classiques du genre (1984, le Meilleur des mondes). S'il n'en a pas la même aura, nombre de ses thèmes sont pourtant insidieusement plus actuels et réalistes.

Premier roman de l'auteur il manque peut-être du mordant et du détachement singulier qui fera sa force par la suite, mais frappe juste et fort dans ce qui doit nous interpeller en tant qu'humains qui font société, et non l'inverse.
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En 1952, un premier roman – et la première vraie dystopie de l'efficacité marchande.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/08/06/note-de-lecture-le-pianiste-dechaine-kurt-vonnegut/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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T'as envie de te dire qu'il s'est quand même un peu planté dans son analyse des évolution de sa société industrielle contemporaine, mais y'a cette peur du vide pascalienne en plus complexe qui court comme un doigt sur ton échine alors tu lis.
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