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C'est un des premiers romans de Kurt Vonnegut Jr. C'est un roman de science fiction, mais ne vous attendez pas à y trouver une science fiction sérieuse, cherchant la cohérence ou l'aventure. C'est un récit plutôt absurde, rocambolesque mais dont le genre n'est déjà qu'un prétexte pour des spéculations plus délirantes, à rapprocher plutôt à “Le sens de la vie” des Monty-Python qu'à tout autre classique de la SF. Ses personnages évoluent dans des situations absurdes, sont confrontés à un destin qu'ils ne maîtrisent pas, et déjà transparaît son obsession de la notion de libre arbitre, thème récurrent dans toute l'oeuvre de Kurt Vonnegut Jr. C'est un écrivain à part dans l'univers de la science-fiction, parce que ce n'est pas vraiment un écrivain de science-fiction, ce n'est pas non plus le même genre que Douglas Adams et de quelques autres écrivains de science-fiction humoristique qui eux, restent bien ancrés dans le thème de la science-fiction. Kurt Vonnegut Jr. se moque de la notion de destin, de libre arbitre, de volonté individuelle et à travers ça, de tous ceux qui se revendiquent de ces notions, à commencer par les religions, mais aussi les mouvements politiques, le patriotisme et toutes les valeurs de rassemblement. Il nous offre à débusquer un cynisme sournois, c'est le Diogène de la science-fiction, seul dans son tonneau à railler le monde qui l'entoure à coup de démonstrations surprenantes. D'ailleurs, tous ses personnages sont des solitaires, détachés du monde qui les entoure, perdus sur notre planète, ou ailleurs. Lire un livre de Kurt Vonnegut Jr., c'est toujours un moment de questionnements, d'interrogations et de surprises, j'adore cet auteur hors des cases, des normes ou des académismes. Ce n'est pas le meilleur de ses romans, mais même dans une oeuvre secondaire, il reste unique et surprenant. + Lire la suite |
Le nouveau roman de l'écrivain américain, CHINATOWN, INTERIEUR (éditions Aux forges de Vulcain) est en librairie, traduit par Aurélie Thiria-Meulemans.
C'est l'histoire d'un Américain d'origine asiatique qui essaie de trouver sa place dans la société américaine. Et, comme on est dans la patrie d'Hollywood, Yu raconte cette épopée sous la forme d'une quête du rôle idéal. Car le rêve de toujours du héros c'est de devenir Mister Kung Ku : il a vu la série à la télé quand il était petit, et c'est son but dans la vie. Sauf que plus il monte les échelons, plus il comprend que Mister Kung Fu n'est qu'un autre rôle qu'on veut lui coller parce qu'il est asiatique. C'est un roman high-concept écrit sous la forme d'un scénario : le héros n'est ni « je » ni « il » mais il est désigné par un « tu ». Lé héros suit le script qui peint sa vie comm eune série télé en mélangeant les genres : la bonne vieille série policière, avec un flic noir et une flic blanche et une grande tension amoureuse entre les deux, des scènes de kung fu, et on finit sur une superbe scène de court drama où l'Amérique se retrouve jugée pour son traitement de la communauté asiatique. Un roman virtuose, drôle et attachant : un Lala Land sauce aigre-douce.
Avis de la presse américaine :
« Charles Yu, habite à Irvine près de Los Angeles, et a déjà écrit pour la série Westworld (HBO) ainsi que pour d'autres séries sur FX et AMC, raconte que l'histoire a été en partie inspirée de sa propre expérience de fils d'immigrés taïwanais ayant grandi en Californie. « J'avais en quelque sorte toujours l'impression que je ne savais pas vraiment où était ma place », nous confie-t-il en parlant de son enfance à Los Angeles. « Je n'ai jamais eu la sensation d'être au milieu de l'action. Et j'ai senti que c'était peut-être non seulement une façon de penser à ce que vivent les américains d'origine asiatique, mais que ça pourrait aussi être un prisme à travers lequel observer les dynamiques raciales dans un sens plus large. » (LA TIMES)
« Interior Chinatown […] m'a rappelé le mélange d'humour et de sincérité que l'on trouve dans les nouvelles de George Saunders, dans les jeux métafictifs de Mark Leyner ou dans des films comme The Truman Show. » (The New York Times)
« Ce roman examine la réalité quotidienne des Américains d'origine asiatique, cette impression d'être à jamais des étrangers dans ce pays, une minorité qui ne sera jamais actrice d'une nation blanche et noire. » (The New Yorker)
« Ce roman est génial. Non seulement l'intelligence de sa structure et de ses métaphores est impressionnante, mais le message implicite derrière l'histoire de Willis Wu témoigne avec précision de ce que signifie non pas uniquement être asiatique aux États-Unis, mais plus largement, ne pas être blanc aux États-Unis. Quiconque voulant tenir une conversation critique et engagée sur les races aux États-Unis se doit de lire Interior Chinatown, qu'il soit américain d'origine asiatique ou non. le message de Charles Yu sur notre propre emprisonnement dans des rôles raciaux spécifiques est un message radical qui mérite d'être entendu. » (The Crimson)
« Il y a quelque chose, chez Yu, un côté ludique et cérébral comme de Jonathan Lethem, un côté triste et résigné, comme chez Kurt Vonnegut, un côté très “dickien” dans son refus paranoïaque de la société de consommation. Mais il y a aussi chez lui une sensibilité unique, originale, notamment quand il parvient à mêler, sous l'apparence de la simplicité, et au travers de personnages apparemment passifs, l'humour au plus profond pathos. » (The San Francisco Chronicle)