(A propos de l'Eglise)
« Quand ils ont découvert que j’étais divorcé, ai-je dit, ils m’ont prescrit toutes sortes de pénitences qu’il fallait que j’accomplisse avant de redevenir assez pur pour pouvoir me marier chez eux.
— Eh bien, voilà, a dit Trout. Imaginez les pinailleries qu’il aurait fallu que vous surmontiez si vous aviez été un ancien taulard. Et puis, si ce pauvre enculé qui vous a écrit a vraiment trouvé une Église qui l’a accepté, il pourrait très bien être de retour en prison à l’heure actuelle.
— Pourquoi ? ai-je demandé. Pour avoir piqué dans le tronc des pauvres ?
— Non, a répondu Trout. Pour avoir plu au Christ en abattant un médecin qui se rendait à son boulot dans une usine à avortement. »
« Tu es toi-même ravi par certaines musiques, qui sont des arrangements de bruits, répétons-le, donc en substance, par du grand n'importe quoi. Si je donnais un coup de pied dans un seau pour lui faire dégringoler l'escalier de la cave et qu'ensuite je te disais que le tapage que j'ai provoqué est, d'un point de vue philosophique, l'égal de La Flûte enchantée, ce ne serait pas le début d'un long et navrant débat entre nous. Une réponse hautement satisfaisante et complète de ta part serait : "J'aime ce qu'a fait Mozart, mais je déteste ce qu'a fait le seau."
« Examiner une supposée œuvre d'art est une interaction sociale. Soit on en est satisfait, soit non. Pas besoin d'expliquer pourquoi. Pas besoin de dire quoi que ce soit.
« Tu es un expérimentateur vénéré avec raison, cher frère. Si tu tiens vraiment à savoir si tes tableaux sont, comme tu le dis, "de l'art ou pas", il faut que tu les exposes quelque part dans un endroit public et que tu observes si les gens aiment les regarder. Voilà les règles du jeu. Tiens-moi au courant des résultats. »
J'ai poursuivi : « Les gens capables d'aimer certains tableaux ou gravures ou autres, peu importe, le sont rarement sans rien savoir de l'artiste. Une fois de plus, c'est un problème social plutôt que scientifique. Toute œuvre d'art est la moitié d'une conversation entre deux êtres humains, et ça aide beaucoup de savoir qui nous parle. Son auteur a-t-il ou a-t-elle une réputation de sérieux, de religiosité, de souffrance, de concupiscence, de rébellion, de sincérité, d'humour ? »
Jésus souligne dans son sermon sur la montagne à quel point la vie est pénible : « Heureux ceux qui pleurent », « Heureux ceux qui sont doux », « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ».
Henry David Thoreau a dit, citation célèbre : « La majorité des hommes vit une vie de désespoir muet. »
Ce n'est donc pas le moins du monde un mystère si nous empoisonnons l'eau, l'air et la surface de la Terre, et si nous construisons des armes apocalyptiques toujours plus ingénieuses tant dans le domaine de l'industrie que dans le domaine militaire. Car pour une fois, soyons francs : aux yeux de tous ou presque, la fin du monde ne viendra jamais assez tôt.
Le fait qu'il existe des dispositifs comme les armes à feu, aussi faciles à manipuler qu'un briquet, aussi peu chers qu'un grille-pain, capables de permettre au premier venu, sur un coup de tête, de tuer mon père, ou Fats, ou Abraham Lincoln, ou John Lennon, ou Martin Luther King Junior, ou une femme poussant son landau, devrait être une preuve suffisante aux yeux de tous que, pour citer le vieil écrivain de science-fiction Kilgore Trout, « la vie, c'est qu'un gros merdier ».
Je sors acheter une enveloppe.
Vous pensez que les romains étaient intelligents?
Regardez comme leurs chiffres étaient stupides.
La vie c' est un gros merdier.
Toutes les femmes sont psychotiques, et tout les hommes des salauds.
Une bande de mecs comme nous est allée traquer le cerf et l’orignal au Canada. Il fallait que quelqu’un se charge de la cuisine, sinon ils mourraient tous de faim.
Ils tirèrent à la courte paille qui ferait à manger pendant que les autres chasseraient de l’aube au crépuscule. (…) c’était mon père qui avait tiré la courte paille. Papa savait cuisiner. (…)
Les chasseurs se mirent d’accord : quiconque se plaindrait de la cuisine de mon père deviendrait cuisinier à son tour. Mon père préparait donc des repas de moins en moins bons pendant que les autres s’éclataient comme des petits fous dans la forêt. Même quand le souper était infect, les chasseurs le qualifiaient de délice à se lécher les babines, lui donnaient des claques dans le dos et tout le tralala.
Un matin, après leur départ, mon père trouva une grosse bouse d’orignal toute fraîche. Il la fit frire dans de l’huile de moteur. Le soir, il la servit comme s’il s’était agi d’un pâté en croûte encore fumant.
Le premier qui goûta recracha tout. Il n’avait pas pu s’en empêcher ! Il postillonna :
« Nom de Dieu ! On dirait de la bouse d’orignal frite dans de l’huile de moteur ! »
Puis il ajouta :
« C’est fameux ! Fameux !
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, prédit le sodium, toutes les maladies humaines, y compris l'acné et les démangeaisons au pubis, deviendraient non seulement incurables, mais aussi fatales. « Tous les humains mourront », conclut le sodium dans le récit de Trout. « Et, de même qu'ils l'étaient à la naissance de l'Univers, les éléments redeviendront exempts de péché. »
Le fer et le magnésium soutinrent la motion du sodium. Le phosphore appela au vote. La motion fut adoptée sous les applaudissements.