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3,63

sur 144 notes
J'avais remarqué ce roman lors de sa publication en 2010 aux Éditions du Seuil. Je ne l'ai pas lu de suite puis je l'ai oublié jusqu'à la récente chronique de lecture de Black Novel. La série des enquêtes de Gereon Rath est de nouveau d'actualité grâce à sa réédition au format poche par Nouveau Monde Éditions en mars dernier.

Gereon Rath est commissaire à la PJ de Berlin, il travaille aux Moeurs. Son rêve était d'intégrer la Brigade Criminelle mais l'appui de son père n'a pas suffi lorsqu'il a été évincé de la police de Cologne. Nous sommes en 1929 et la réputation de la Crim' est unanime surtout grâce au visionnaire et pionnier de la criminologie allemande Ernst Gennat qui la dirige. La personnalité complexe de Gereon Rath est une facette singulière de ce récit, un passé pas très clair, un brin manipulateur notamment avec un ami journaliste, une ambition forte parfois malsaine mais c'est un bon flic perspicace qui va profiter d'une bonne part de chance dans la résolution d'une affaire particulièrement complexe.

Un cadavre a été découvert dans une voiture repêchée dans le Landwehrkanal, un corps qui semble avoir été torturé. Malgré les moyens dont dispose la Criminelle, l'identification de cette victime s'annonce délicate. Cela ressemble fort à un futur poisson mouillé, l'expression inventée par Gennat pour désigner une affaire non élucidée. C'est un peu la chance qui va permettre à Rath de voir ce cadavre à l'institut médico-légal et il le reconnait, c'est un russe, Boris, qu'il avait croisé quelques jours plus tôt dans l'immeuble où il loue un appartement. C'est une chance en effet, il garde cette information pour lui et enquêter en catimini, plus pour servir son ambition d'être remarqué par la Crim' que pour découvrir la vérité.

Ce premier roman de Volker Kutscher n'est pas qu'un roman policier, l'intrigue est construite sur un véritable travail d'historien concernant l'année 1929 et la République de Weimar. Les sanglantes manifestations du 1er mai sont le point d'orgue de cette année 1929 où tout a basculé, drapeaux rouges et slogans communistes, des barricades, des pillages et des coups de feu. le pays est comme coupé en deux, les nationalistes et leurs milices extrémistes comme les SA D un côté et les communistes dont on craint un putsch de l'autre. Les socialistes sont au pouvoir mais taxés de laxisme. Les schupos sont partout et les services de police nombreux, il y a même une police politique. Ce roman est aussi une visite approfondie de l'immeuble de l'Alexanderplatz ( le Château Fort ) qui abrite tous ces services pas toujours et pas tous efficaces, les lourdeurs de la bureaucratie prussienne sont tenaces. On y croise des personnages au caractère variés qui enrichissent le récit, comme Bruno Wolter aux idées politiques bien tranchées et collègue de Rath aux Moeurs, il y a aussi un médecin légiste truculent et Charlotte Ritter dite Charly aussi belle et mystérieuse qu'une femme fatale et avec qui Rath va avoir une liaison.

Le quotidien de la police berlinoise est varié, trafic de photos pornographiques ou le meurtre d'un jeune policier inoffensif tout juste sortie de l'école de police. Rath a une longueur d'avance dans l'affaire de l'inconnu du Landwehrkanal et il est bientôt sur la trace d'un fabuleux trésor que se disputent émigrés russes et les espions de Staline et qui ne manque pas d'intéresser la pègre berlinoise et des flics ripoux. Filatures et guet-apens, planques et courses-poursuites, tournées des bars louches et des night clubs clandestins , whisky et cocaïne, indics et trahisons, rien ne manque dans cet impressionnant roman d'un peu plus de six cents pages. Un polar historique comme je les aime avec des personnages aux caractères bien trempés, une enquête complexe mais qui progresse habilement avec ce qu'il faut de rebondissements et un volet historique qui se prête bien aux énigmes et complots.

Il y a une suite, je suis curieux d'en savoir plus sur Gereon Rath, héros un brin antipathique mais flic habile et j'ai hâte de comprendre comment le nazisme a pu conquérir l'Allemagne qui s'était reconstruite économiquement dans la démocratie après la Première Guerre mondiale et avec une vie culturelle active.

Volker KUTSCHERle poisson mouillé . Titre original «Der nasse Fisch» ( Allemagne 2007 ), traduit de l'allemand par Magali Girault pour les Éditions du Seuil en 2010, ISBN 9782021115994. Rééditions en poche en avril 2011, Éditions Points ISBN 9782757822784 et par Nouveau Monde Éditions en mars 2023, ISBN 9782380943740.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Les Allemands ne sont pas connus pour être de grands auteurs de polar. C'est donc avec curiosité que je me suis lancée dans les 675 pages de ce bel objet au titre énigmatique.
Bon, disons-le tout de suite : il faut suivre ! Peu habitués au système judiciaire teuton, il faut apprivoiser les subtilités du système et comprendre le fonctionnement de cette ruche qu'est le commissariat de l'Alexanderplatz, les divers services, inspection A,E,G, moeurs, crim, police politique…
Et puis, il y a pléthore de personnages, éphémères ou pérennes, mais avec un peu de concentration, on entre assez bien dedans.

C'est alors qu'on rencontre le personnage principal, Gereon Rath, commissaire débarqué au Moeurs à Berlin, exfiltré de Cologne, sa ville natale où il a commis une bavure. Fils d'une pointure de la PJ, proche du préfet de Police, il arrive à la capitale avec quelques casseroles, un caractère particulier et une réputation pas terrible. Solitaire, il va mener une enquête parallèle sur d'étonnants assassinats perpétrés contre des ressortissants russes, et… stop ! je ne dis plus rien !

Après, il est question de corruption, de relations troubles avec la pègre, de rancoeurs envers le Traité de Versailles, de traque de bolchevicks, d'histoire d'amour mal engagée et de chasse au trésor de l'or impérial russe.

En plus de la richesse des intrigues, ce que j'ai beaucoup apprécié la manière dont l'auteur parle d'histoire et de société. Les événements du Blutmai, le 1er mai 1929 lors duquel la police berlinoise a massacré des militants communistes, l'existence des organisations paramilitaire refusant l'humiliaton de la démilitarisation de l'Allemagne et préparant le retour du Reich, la montée du national-socialisme et du nazisme, l'émancipation des femmes, tous ces aspects de l'entre-deux guerres sont traités avec finesse, intelligence et impartialité, par touches subtiles émaillant l'intrigue.

L'ambiance qu'instaure l'auteur ainsi que l'ambiguïté du personnage de Rath, dont on ne saurait dire qu'il est un héros au sens propre, sont, pour moi, les points forts de ce roman.
Bref, je recommande ++
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Un bon polar bien documenté et instructif, avec une intrigue à tiroir où il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Il y est question de meurtres sordides et mystérieux bien sûr, de trafic d'armes et de chasse au trésor des Romanoffs, ce genre de choses. En allemand faut parfois s'accrocher, avec les noms des rues et des personnages !
Je ne sais ce que vaut le style de la traduction française, mais le texte que j'ai lu me fait l'impression d'être raccord avec l'époque où est placée l'intrigue. : un allemand plutôt sobre et classique au point de vue syntaxique, un vocabulaire varié sans excès qui permet d'avancer sans recourir tous les paragraphes au dico, du moins pour un germaniste de niveau moyen comme moi.

Géréon Rath est heureusement une personnalité attachante, un dégourdi à qui on ne la fait pas, un provincial qui sait s'adapter vite à la frénésie de la capitale, aussi intuitif que rétif à l'obéissance aveugle requise au sein de l'institution policière, dans le Berlin des années folles. Un peu chien fou, il excelle à se fourrer dans les ennuis mais aussi à improviser pour s'en sortir...
La montée en puissance des nazis qui font le coup de poing si souvent avec les rouges, tout ça fait un peu frémir, on s'y croirait et même si ça ne donne pas envie d'y retourner, c'est un voyage dans le temps assez prenant...

Classique, efficace et pas trop laborieux.
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Dans le Berlin de l'entre deux-guerres, la tension grimpe de jours en jours, et pour un jeune commissaire rhénan, arrivé ici suite à une bavure à Cologne, faire ses preuves et survivre aux émeutes à venir, aux pièges de la pègre, et à sa propre bêtise pourrait être plus difficile que prévu.
Si vous cherchez un polar cochant beaucoup de clichés, en bon ou en mauvais, du genre, mais qui pour une fois se déroule outre-Rhin plutôt que dans un pays anglo-saxon, le poisson mouillé pourrait bien vous plaire.
Personnellement, j'avoue que mon peu de goût pour le héros a pas mal gâché ma lecture. Je n'ai rien contre les flics voulant faire carrière, ou désireux de trouver une copine en même temps, mais un personnage qui n'arrête pas d'affirmer qu'il fait les choix lui permettant de se regarder en face quand il dissimule des cadavres, des preuves, et passe les réunions destinées à préparer la recherche du meurtrier d'un collègue assassiné (assassinat dont il est plus ou moins responsable, en tout cas c'est ce qu'il croit), à reluquer les jambes de la sténodactylo sans voir où est le souci, j'ai franchement du mal à ne pas souhaiter qu'il se fasse descendre!
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Voilà une nouvelle série policière bien alléchante ! D'abord, les polars allemands ou même qui se passent en Allemagne sont assez rares (ou assez peu traduits, je ne sais pas...) et ceux que j'ai lu ont souvent été écrits par des anglophones (La trilogie berlinoise de Philip Kerr, Rituels sanglants de Craig Russel...).
Le personnage central le jeune commissaire Gereon Rath est dans ce premier opus paraît peut- être un peu malléable, mais il y a fort à parier qu'il évoluera au cours des prochaines enquêtes.
L'intrigue est bien menée entre milieux mafieux et groupuscules politiques.

La période historique, la fin des années 20 est particulièrement riche et bien présentée dans l'intrigue. C'est d'ailleurs un des éléments clefs qui me donnent envie de suivre les prochaines aventures de Gereon sur fond de crise économique et du montée du nazisme.
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Moi qui m'attendais à lire un roman puissant, vif et imprégné d'histoire, je dois avouer que ma déception est grande.
Alors certes l'arrière plan historique est très présent mais pour ce qui est du reste j'attends toujours.
Je n'ai pas réussi à me passionner pour cette enquête ni trouver de quoi m'attacher aux personnages. le style est un peu lourd et lent et l'intrigue n'avance pas. Et comme elle s'étend sur 670 pages, autant vous dire que l'impression que « ça n'en fini pas » prend tout son sens.
Dommage.
Bonne lecture à vous.
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cette première enquête a de nombreuses ramifications, des faux-départs et des vraies arrivées et le contexte berlinois (et allemand) de cette fin des années 20, projette une ambiance particulière. de la vie nocturne (club enfumé, diffusant du jazz), aux petites frictions au sein du Château fort (le commissariat principal de Berlin), Rath ne se fait pas que des amis, mais il y a bien un domaine où il excelle, c'est son attraction auprès de la gent féminine… notamment Charlotte Ritter, la sténo de la Crim' qui est une femme libérée et très aux goûts du Commissaire.
Reste que l'enquête sent le conflit et les tensions futures notamment avec la communauté russe de Berlin…
Ce premier opus, même s'il est le 2e que je lis, ne fait que confirmer que j'aime beaucoup cette saga policière plantée dans un contexte historique qui me sied au teint, avec un commissaire qui est loin de me laisser indifférente…
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J'ai choisi de lire ce livre, étonnée par l'assemblage de son titre et de l'illustration de sa couverture. En fait, l'intrigue se déroule lors de la montée du fascisme en Allemagne et un "poisson mouilé" est en allemand, ce que nous avons pris l'habitude d'appeler un "cold case". Cela mis en place, on part d'un bon pied.

Les personnages sont nombreux, de même que les interactions, mais avec un peu d'attention pour planter la situation, on prend un grand plaisir. C'est une intrigue qui parvient à nous faire changer plusieurs fois d'avis sur les personnages. Celui-ci est-il honnête ? Celui-là est-il perverti ? Est-ce un espion ? Est-ce un terroriste ? ou est-il simplement ce qu'il paraît être ? La chute est à la fois immorale et juste, attendue et surprenante. J'ai eu du mal a suspendre l'écoute pour faire mon travail. Mais il se peut que certains trouvent confus un contexte politique méconnu et déclarent ce livre ennuyeux... C'est loin d'être mon cas.

À savoir qu'il n'y a, non plus, ni poursuites haletantes, ni effets spéciaux, ni de scènes trash. Ce n'est pas un livre pour les amateurs du genre.

C'est un polar qui nous transporte à une époque et dans un pays qu'on n'a pas l'habitude d'observer de l'intérieur : l'intimité du Berlin de 1929, 10 ans après l'honteuse capitulation. C'est la crise économique ; la population humiliée et inquiète cherche des solutions dans le communisme qui vient de s'installer en Russie ou le nationalisme. Au milieu de l'agitation la police traque des crimes ordinaires, dénouant un écheveau plus emmêlé qu'elle ne l'aurait cru. C'est une époque qu'on a plutôt l'habitude de juger en gardant ses distances, c'est intéressant d'avoir l'occasion de s'y plonger intimement.

le langage est très agréable, un grand merci à Magali Girault qui l'a traduit. J'aurais peut-être traduit le nom du bar par "le Trigone arrosé" plutôt que "le Triangle mouillé', c'est tout.

Je lirai les deux romans qui lui font suite.
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« Les poissons mouillés », ce sont des affaires criminelles classées sans suite, dans Allemagne de l'entre deux guerres. Berlin, 1929 confrontée aux manifestations de différents mouvements et groupuscules liés aux communistes pour certain, à la montée du national-socialisme pour d'autre.
Gereon Rath, jeune commissaire de police arrive de Cologne, muté à la brigade des moeurs suite à une sombre affaire de balles perdues. Il enquête sur une histoire de moeurs où des sosies d'hommes politiques faisant des photos pornos destinées à être vendues sous le manteau sont interpellés. Quelque temps après, un cadavre mutilé est repêché dans un canal, un homme que Gereon a déjà croisé … le jeune commissaire qui souhaite intégrer la Crim', va mener une enquête parallèle, n'hésitant pas à utiliser tous les moyens -y compris les plus illégaux –et ainsi arriver à ses fins et faire en sorte que cette affaire ne devienne « un poisson mouillé ».

Un très bon moment de lecture !

Tout y est ! Des flics véreux, une jeune et séduisante sténodactylo « Charly », des gangs mafieux, un imbroglio complexe d'affaires qui finissent par se recouper – ça sent le complot- et Gereon pas très attachant-en raison de son attitude- mais il réussit à capter l'attention du lecteur au point de ne pas voir passer les 565 pages de ce policier.
Un bon premier roman de qualité, riche en rebondissement et qui nous plonge dans une période de l'histoire pour le moins mouvementée. le premier roman d'une série dont la suite est déjà en cours de traduction.

Lien : http://dunlivrelautre.blogsp..
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Le poisson mouillé est le premier polar d'une série de Volker Kutscher dont le héros est le commissaire Gereon Rath. le roman a été publié initialement en allemand en 2007 chez Piper Verlag GmbH, München, Berlin et en français aux éditions du Seuil en avril 2010 (et non pas en 2020 et en 2023 comme l'annonce, en pages préliminaires, l'éditeur québécois).

Cette enquête berlinoise s'inscrit dans le sillon des romans de Philippe Kerr mettant en vedette son enquêteur Bernhard « Bernie » Gunther dont l'action se déroule essentiellement en Allemagne sous le Troisième Reich ou durant l'après-guerre. À cette différence près que Gereon Rath nous fait découvrir la vie nocturne, sexuelle et clandestine, les moeurs policières troubles en lien avec le crime organisé, les mouvements sociaux ainsi que les combats de rue entre forces de l'ordre et communistes à l'époque de la République de Weimar qui agonise, avec à l'horizon la montée du nazisme. Il nous livre un intéressant portrait politique et social troublant du Berlin des années vingt.

Le récit de Kutscher foisonne de noms de rues et de lieux plus ou moins fréquentables par une faune de touristes, d'honnêtes Berlinois et des criminels de la pire espèce : l'Eldorado, le Palais de Delphes, le Café Berlin, le Plaza pouvant accueillir près de 3000 spectateurs, la Maison de la Patrie, le Grinzing, la Pilule, le Pavillon de l'Europe, la Cave de Vénus, la Dernière Instance, le Cacatoès… Une carte de Berlin aurait été d'une grande utilité pour le lecteur.

L'auteur y fait évoluer une panoplie de personnages qu'on s'attend à retrouver dans un roman policier digne de ce nom.

Son héros, le commissaire Gereon Rath, un jeune inspecteur brillant, mais accroc à la cocaïne, originaire de Cologne, qui doit son transfert à Berlin et l'évolution de sa carrière à son père, Engelbert Rath, un ami du préfet de police berlinois, un amoureux de jazz qui n'a pas peur de trafiquer les pièces à conviction.

La hérarchie policière logée au Château Fort : le chef de la brigade criminelle, commissaire divisionnaire Ernst Gennat (policier ayant réellement existé et qui est devenu une légende de la police judiciaire allemande du fait de son très faible taux d'affaires non élucidées aussi appelées « poissons mouillés ; le commissaire principal Wilhelm Böhm qui se gave de pâtisseries ; le préfet de police Karl Zörgiebel ; Bruno Wolter, le chef de la section des moeurs aux méthodes peu orthodoxes.

Quelques collègues dont l'assistant de police Stephan Jänicke et la secrétaire Charlotte (Charly) Ritter avec qui Rath a une relation amoureuse complexe.

Et, bien sûr, un médecin légiste, le Dr Magnus Schwartz, ainsi qu'un journaliste complice, Berthold Weinert.

Le scénario fait référence à quelques personnages réels (Hitler, Goebbels, Trotski, Staline…), à un certain trésor, à l'importance d'une colonie russe installée à Berlin après la Première Guerre mondiale, à des groupes politiques ayant réellement existé (les communistes [Cocos], les socialistes, le Ringverein, le Front Rouge allemand, divers cercles nationalistes, l'Armée Rouge, les Bolcheviks…) ou le fruit de l'imaginaire de l'auteur à des fins dramatiques (la société secrète Forteresse Rouge).

J'ai noté au passage quelques extraits qui illustrent jusqu'à un certain point la forme littéraire du récit traduit en France, du coup ponctué de nombreux « du coup » d'usage :

À propos des machines à écrire :

« …Wolter était déjà assis à sa place et tapait à la machine. Les tiges résonnaient sur le papier comme des coups de feu. »

« Rath s'assit à son bureau et retira la housse de protection de l'Adler, Modèle d'avant-guerre. La machine noire le fixait, tel un insecte mal intentionné. »

« Schmittchen, leur secrétaire, avait déjà préparé le café. On entendait le cliquetis ininterrompu de sa machine à écrire dans l'antichambre. Ratatata – aussi rapide qu'une mitrailleuse. »

« Tu savais que nous possédons plus de machines à écrire que d'armes ? »

… de la description d'un lieu :

« La façade de l'immeuble de Schneid était recouverte d'une telle quantité de stuc qu'on avait l'impression que les anges en plâtre devaient se battre pour ne pas perdre leur place. »

… sur le travail et les techniques policières :

« Rath savait que quatre-vingt-dix pour cent du travail de la police consistait en des efforts inutiles… »

« Certes, il existait toujours plusieurs interprétations de la vérité. Tous les officiers de police le savaient, il suffisait d'assister à une audience du tribunal. Certains avocats faisaient preuve d'une telle ingéniosité qu'ils arrivaient à mettre en doute les faits les plus évidents. C'est pourquoi le travail de la police était si important : elle devait mettre à la disposition du procureur des preuves en béton afin qu'aucun avocat ne puisse les démonter. Et Wolter? Il venait de faire exactement le contraire; avec son rapport, il avait rendu une preuve inutilisable. Bien sûr, uniquement dans le but de protéger les forces de l'ordre des attaques. »

« … tes indics sont plus crédibles auprès de leurs potes s'ils ont des ennuis avec les flics de temps en temps. - Mais pas s'ils sont libérés plus tôt que prévu. - Personne ne l'apprendra. Leurs copains enfermés dans la même cellule croient qu'on les emmène pour l'interrogatoire et qu'on les cuisine. Et une fois libérés, ils sont redevables de quelques faveurs à leur ami et protecteur. C'est comme ça que ça marche. Tu dois faire en sorte que tes indics t'obéissent. Sinon ils deviennent vite insolents. Tu dois leur montrer qui est le chef. Qui décide du fait qu'ils aient des ennuis ou pas. »

… sur la place des femmes dans la société :

« Les femmes sont toujours désavantagées. Dans tous les secteurs professionnels, même chez les criminels. »

On y apprend aussi sur le modus operandi des vendeurs de drogue qui « se faisaient souvent passer pour des vendeurs de cigarettes et zozotaient en prononçant le mot « cigarette » afin que leurs clients puissent les reconnaître. »

J'ai souri à l'évocation de cette technique qu'on utilisait parfois avec nos amis d'enfance pour partager des messages secrets : « Deux feuilles de papier mince dont la signification n'apparaît que si on les superpose et qu'on les place à contre-jour. »

Globalement, l'intrigue policière qui s'étire en trois actes (1. le cadavre du canal : 28 avril au 10 mai 1929 ; 2. Inspection A : 11 mai au 21 mai 1929 ; Toute la vérité : 21 mai au 21 juin 1929) est parsemée de trop nombreuses pistes. Une lecture longue, presque imposée. À mon avis, le récit aurait gagné à être resserré afin de soutenir le rythme de lecture.

En rédigeant cet avis de lecture, j'ai été estomaqué de constater a posteriori que cette édition québécoise a été imprimée en Chine !!!

Merci aux éditions Flammarion Québec pour le service de presse.

Au Québec, vous pouvez commander et récupérer votre exemplaire auprès de votre librairie indépendante sur le site leslibraires.ca.


Originalité/Choix du sujet : ***

Qualité littéraire : ****

Intrigue : ***

Psychologie des personnages : ***

Intérêt/Émotion ressentie : ***

Appréciation générale : ***

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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