Citations sur Le connard : Enjeux et perspectives (34)
Le mot connasse désigne en effet « une femme sotte et désagréable, voire méprisable ». Cette définition n’est donc pas l’exacte transposition du mot connard au féminin. Elle ne véhicule pas les mêmes notions que son équivalent masculin et n’évoque nullement une quelconque absence de scrupules. La connarde n’est ni une conne, ni une connasse. Tout au long de cet ouvrage, nous utiliserons donc le néologisme connarde plutôt que connasse pour plus de précision.
On le traite donc de cocu et sa femme de prostituée. Quant à l’enfant, il devient un fils de pute ou un bâtard, c’est-à-dire un enfant adultérin, sans ascendance mâle certaine. Nos insultes nous ressemblent.
Choisir d’agir, c’est donc toujours accepter le risque de faire une connerie, et s’il fallait attendre de tout connaître avant de peser chaque décision, nous ne déciderions jamais rien. Et nous serions encore plus cons.
Toute l’histoire intellectuelle de l’humanité n’est rien d’autre que la lutte immémoriale de la connaissance contre l’ignorance, de la sagesse contre la folie, de la lumière contre les ténèbres, du doute contre la certitude, de la vérité contre l’illusion, bref, de l’intelligence contre la connerie. Que pourrait-on y ajouter de pas trop con qui n’ait déjà été dit ?
On suppose que con est devenu une insulte par association à l’impuissance et à la passivité supposées de l’organe en question.
Selon le dictionnaire Le Robert, con est synonyme d’imbécile et d’idiot, ce à quoi Le Larousse ajoute stupide mais on pourrait également compléter par andouille, benêt, bête, buse, crétin, cruche, gourde, niais, sot, bref, tout le monde voit parfaitement ce que c’est qu’un con. Le con est également l’un des anciens noms du sexe de la femme mais plus grand monde ne l’appelle comme ça depuis longtemps.
Contrairement au psychopathe, le connard comprend parfaitement les règles morales ; il ne les bafoue que lorsqu’il peut en tirer un intérêt personnel. Bref, le connard n’est pas un malade, c’est seulement un malappris ; et s’il souffre de quelque chose, c’est plus certainement de l’absence de taloches que de la bienveillante attention d’un thérapeute.
Un grand nombre d’études tout à fait intéressantes sur la connerie et ceux qui en souffrent ont paru ces dernières années. Certaines, comme le fameux Psychologie de la connerie1, ont été des succès de librairie mérités, mais aucune ne s’est intéressée au connard. Aucune n’a encore établi de différence nette entre le con et le connard, la connerie et la connardise. C’est un oubli majeur.
La connardise n’est rien d’autre qu’une forme de crasse sociale contre laquelle les mesures d’hygiène basiques fonctionnent. Une brosse, un peu de savon et une bonne douche (froide, si possible) : voilà tout ce dont nous avons besoin – métaphoriquement – pour nettoyer le sens moral défectueux du connard et l’empêcher de déchiqueter la mansuétude du peuple.
On peut légitimement soupçonner ces invétérés défenseurs du connard de se défendre eux-mêmes. Ce système de pensée connardier contribue en tout cas à faire de nos sociétés de véritables fabriques du parasite. Les conséquences sont graves : faute de connaître son ennemi et exaspéré par les démangeaisons, une bonne partie du corps social ne sait plus vers qui se tourner (le connard est partout) et tend à suivre le premier qui lui désigne des boucs émissaires.