Les comportements égoïstes, irrespectueux et malhonnêtes du connard laminent la bonne volonté, gaspillent les forces et épuisent l’optimisme collectifs. La capacité à affronter les immenses défis qui s’annoncent repose donc, pour nos sociétés contemporaines, sur notre aptitude à endiguer le gougnafier et à le rendre inoffensif, qu’il soit en haut ou en bas de l’échelle sociale.
Certaines ont tenté de comprendre sa psychologie, d’autres de calculer combien il nous coûte en matière de sociabilité, de confiance en l’autre, d’optimisme et, pour tout dire, de bonheur. Car, comme nous le verrons, il existe un lien fort entre la connardise et le niveau de bonheur général : ils sont inversement proportionnels.
La bonne volonté se tarit. Faute de comprendre qu’un frein inutile ralentit le système, l’honnête citoyen est alors envahi d’une immense fatigue. Il ne comprend plus ce qui se passe, ne sait plus pour qui voter, ni à quel saint se vouer.
Qu’il ne cherche plus : la plupart de ses maux n’ont souvent qu’un seul et unique responsable, tranquillement occupé à abuser des situations et à servir ses intérêts : le connard.
Consacrer un livre au connard, personnage à la fois commun et méconnu, ne relève donc ni de la plaisanterie ni de la provocation : c’est un sujet fascinant et une tâche aveugle dans nos sociétés qui pourtant dissèquent, analysent et classifient tout : nos goûts, nos opinions, nos mœurs, nos comportements, nos achats, nos datas.