Velasquez utilisait vingt-sept noirs différents... Et moi, des gris, j'en ai dénombré près de cent.
Le bleu, c'est une aspiration vers l'inconnu. J'ai toujours aimé cette apparition de l'infini sur terre. Quand tu fixes un ciel bleu,tu vois la réalité abstraite en mouvement. Mais pour cette nouvelle toile, je cherche autre chose. Le rouge me fascine autant qu'il m'inquiète. Je l'ai longtemps tenu à l'écart ou utilisé par touches, avec parcimonie. Mais depuis quelque temps, cette couleur m'envahit. Pour Le Concert, le rouge s'impose comme une évidence. J'ai rendez-vous avec lui et je crois que je vais m'y rendre
L'artiste doit répudier la toile terminée le plus tôt possible, afin qu'elle ne serve pas de modèle à la suivante. Ma peinture se situe comme ma vie, dans un espace étroit entre l'ordre et le chaos. Je fuis le stable, le simple, toujours trompeur. Il y a quelque chose de mort dans le parfait défini. L'art doit être recherche, aventure, instabilité. Une toile réussie est une toile sui bouscule l'esprit jusqu'au vertige. Sans vertige, pas de génie. Comment pourrais-je atteindre le hasard en m'entourant de certitudes? Chez moi, tout est déchirure. J'aime le chaos ordonné
Je dois peindre les notes d'une nouvelle symphonie et je ne suis pas sûr de cet effet figuratif. Plus l'orchestre prend forme, plus j'hésite. Ces instruments m'emprisonnent. Je dois les dépasser,mais jusqu'où aller pour les rendre à la fois visinles et parfaitement audibles.... Je marche comme un funambule dur le fil des émotions.
...ce peintre de génie me permet de larguer les amarres de ma propre médiocrité.
Jusqu'à la dernière minute Nicolas a peint. Il a ajouté, à droite des partitions, une imposante contrebasse dans les teintes orangées. Etrange instrument à la silhouette humaine, surmonté d'un bras et peut-être d'un doigt dirigé vers le ciel. Un doigt prêt à recevoir l"éclair créateur"
L'ensemble affirme enfin son équilibre.
Pourquoi avoir abandonné si près du but ?