Créée en 1851 au Théâtre du Palais Royal, c'est une des pièces les plus connues et représentées de
Labiche. L'intrigue est mince et invraisemblable : le jour de son mariage, Fadinard, un jeune rentier, a une déconvenue. Son cheval dévaste le chapeau d'une dame. Cette dernière, Anaïs, débarque chez lui, avec son amant, militaire belliqueux qui menace de tout casser si le jeune homme ne rapporte pas un chapeau semblable à celui qui vient d'être détruit, car Anaïs ne peut rentrer chez elle sans cet accessoire, son mari jaloux ne pouvant que soupçonner le pire en son absence. Fadinard va se lancer, et avec lui toute la noce, mariée et beau père en tête, dans une course poursuite pour la conquête du fameux chapeau. Ils vont écumer modiste (se révélant une ex), baronne censée un posséder un semblable, et enfin le domicile du mari d'Anaïs (dont Fadinard ignore l'identité). le précieux article de mode se retrouve enfin parmi les cadeaux de mariage, apporté par un oncle de la fiancée de Fadinard, ce qui permet in extremis de sauver Anaïs et de disculper Fadinard du soupçon de cacher chez lui sa maîtresse et ruiner son mariage à peine conclu.
C'est un étrange mélange, à la fois réaliste, dans une forme de description de la vie bourgeoise de l'époque de la pièce, et à la fois totalement invraisemblable dans le déroulé des événements, qui s'enchaînent sans un temps mort. Mais le spectateur (c'est beaucoup moins vrai pour le lecteur) n'a tout simplement pas le temps de se poser la question de la vraisemblance. En effet, une fois la folle course poursuite au chapeau lancée, les scènes cocasses, les rencontres imprévues, de nouveaux rebondissements, arrivent sans laisser le temps de remettre en question ce que l'on voit. Une mécanique parfaitement maîtrisée, dans une sorte de comique de l'absurde du quotidien. C'est comme si n'importe qui, suite à un événement inattendu pouvait se trouver pris dans un engrenage infernal, dans une sorte de fuite en avant. Une manière de cauchemar en somme, et quelque part, la logique de la pièce, est une sorte de logique du rêve.
Une parfaite réussite dans son genre. Mais encore une fois, il vaut mieux le voir que le lire, la lecture à mon avis, ne permet pas de prendre toute la mesure du potentiel comique absurde de la pièce.