La voix de
Marie-Sissi Labreche en a mis du temps pour parvenir jusqu'à moi. La plume est pourtant directe, cash, percutante, mais c'est loin le Québec. Si vous voulez une lecture agréable bien assis dans votre fauteuil, une prose lénifiante et stable avant de faire dodo, passez votre chemin. Chez Marie-Sissi, ça cogne, un direct, un crochet, un uppercut, et vous êtes ko au bout de quelques lignes.
Voyez plutôt cet incipit (chapitre 1) :
" Rue Sherbrooke.
Je suis couchée sur un lit dans une chambre de l'hôtel Château de l'Argoat. Je suis couchée sur le dos, bien droite. Mes deux mains se tiennent en dessous de mes seins comme les morts dans leur cercueil. D'ailleurs, j'aurais l'air d'une morte dans son cercueil, si ce n'était mes jambes. J'ai les jambes grandes ouvertes, j'ai les jambes presque de chaque côté de mes oreilles tellement elles sont ouvertes. Je viens de me faire baiser."
Oui, le personnage nous le martèle de sa plume acérée : "Je suis
borderline. J'ai un problème de limites. Je ne fais pas la différence entre l'extérieur et l'intérieur. C'est à cause de ma peau qui est à l'envers".
Frappe, Sissi, frappe, j'aime quand tu me fais mal ainsi. Rends-moi groggy. Enfonce le clou et continue à danser à poil lors de ta fête d'anniversaire, moi je te regarde, je ne suis pas comme les autres. Moi aussi j'ai la peau à l'envers, parfois, et comme toi j'écris, Sissi.
C'est bien écrit, c'est bien construit, c'est une lecture marquante, c'est ça la vraie littérature contemporaine.