AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Gnostiques (9)

À dix-huit siècles de distance, la parole et l'exemple des gnostiques demeurent toujours aussi décapants. Avec ses tueries absurdes, ses violences quotidiennes, ses programmes d'abrutissement collectif, le monde d'aujourd'hui légitime au plus haut point le refus absolu que lui opposaient déjà ces lointains rebelles. Pour eux, une création pareillement ratée ne peut être le produit que d'un Dieu méchant, un Dieu ennemi de l'homme. "Viscéralement, impérieusement, irrémissiblement, note Lacarrière, le gnostique ressent la vie, la pensée, le devenir humain et planétaire comme une œuvre manquée, limitée, viciée dans ses structures les plus intimes. (...) Mais cette critique radicale de toute la création s'accompagne d'une certitude tout aussi radicale, qui la suppose et la sous-tend : à savoir qu'il existe en l'homme quelque chose qui échappe à la malédiction de ce monde, un feu, une étincelle, une lumière issue du vrai Dieu, lointain, inaccessible, étranger à l'ordre pervers de l'univers réel, et que la tâche de l'homme est de tenter, en s'arrachant aux sortilèges et aux illusions du réel, de regagner sa patrie perdue, de retrouver l'unité première et le royaume de ce Dieu inconnu, méconnu par toutes les religions antérieures."
Commenter  J’apprécie          120
Telles sont les contradictions et, partant les richesses de la gnose : elle satisfait toutes les exigences de l'esprit par la lucidité et la radicalité de son attitude, tout en décevant parfois la ferveur des sympathisants par les étranges conséquences qu'elle en tira dans la vie quotidienne. On ne joue pas impunément avec le feu du ciel ou l'étincelle de la psyché, et beaucoup de gnostiques durent, tel Phaéton, se brûler aux brasiers qu'ils avaient consciemment attisés.
Commenter  J’apprécie          40
Le monde où nous vivons est non seulement un monde opaque, alourdi, et promis à la mort, mais surtout un monde dû à une monumentale machination, un monde non prévu, non voulu, truqué de part en part, où chaque chose et chaque être est le résultat d'un malentendu cosmique. Dans ce tourbillon d'erreurs, cette chute et ce naufrage universels que sont l'histoire de la matière et celle de l'homme, nous sommes un peu sur terre comme des rescapés promis à la solitude éternelle, des détenus planétaires victimes d'une injustice à l'échelle du cosmos tout entier. Etoiles, éther, éons, planètes, terre, vie, chair, matière inanimée, psyché, tout est impliqué, entraîné dans ce scandale universel.
Commenter  J’apprécie          40
Pour résumer en termes plus simples encore la position essentielle des gnostiques, disons qu’à leurs yeux, le vice qui entache toute la création et qui aliène l’homme dans son âme, son esprit et sa chair le prive de la conscience nécessaire à son propre salut.
L’homme, ombre d’homme, ne détient qu’une ombre de conscience.
(page 12)
Commenter  J’apprécie          11
l'homme est un exilé à vie sur une planète qui est une prison des peuples, dans un corps qui est une prison âmes, l'autochtone d'un monde invisible et perdu.
Commenter  J’apprécie          10
Il ne semble pas qu’on ait jamais tiré toutes les conséquences logiques du simple fait d’avoir été façonné avec de l’argile. Car l’argile est, par nature, imperméable à l’eau, voire à l’air, et la psyché humaine – qui procède de l’argile au même titre que le corps mais d’un grain pus fin, dirions-nous, – est elle aussi imperméable ou très peu perméable à la lumière d’en haut (…) risquons donc, à partir de ces extrapolations (qui évidemment ne figurent jamais sous cette forme dans les textes gnostiques), une définition plus précise de l’homme : ver rectifié, nanti d’une étincelle divine qui en fit un bipède sapiens et loquens, et d’une psyché, filtre ténu tamisant les splendeurs du haut-ciel. Ces splendeurs, le but de l’homme est de les recueillir, de les augmenter, de les concentrer en lui et d’acquérir ainsi une sorte d’anti-pesanteur pour vaincre l’inertie du corps et rejoindre le firmament salvateur que la muraille d’ombre dérobe à notre vue.

Et ce, en luttant justement contre l’inertie du corps et le sommeil de l’âme, en pratiquant des techniques de réveil – réveil physique, réveil mental – une sorte de « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens », qui permettent de vaincre l’ordre matériel et spirituel de ce monde, bref en menant une contre-vie. (pp. 37-38)
Commenter  J’apprécie          10
L'homme est, comme l'univers, une création manquée, une imitation lamentable, une semblance d'homme, un faux homme ou, en terme anthropologique, un pseudanthrope.
Commenter  J’apprécie          00
Résumons-nous : nous sommes des exploités à l'échelle cosmique, les prolétaires du bourreau-démiurge, des esclaves exilés dans un monde soumis viscéralement à la violence, les sédiments d'un ciel perdu, des étrangers sur notre propre terre.
Commenter  J’apprécie          00
Chaque naissance, chaque perpétuation de la vie accroît le champ de la mort. Dans ce cercle sans fin, le simple fait de vivre, de respirer, de se nourrir, de dormir, de rêver, implique l'existence et l'accroissement du mal.
Commenter  J’apprécie          01




    Lecteurs (82) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    850 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}