PRÉSENCE
La Mort m’accompagne
Comme une grande personne qui me tiendrait la main.
Même quand elle paraît séparée de moi,
Je sais que je me meus dans son rayonnement.
Elle est debout dans une chambre secrète,
Au plus profond de mes songes.
Son visage est absent,
Sa main qui me touche
N’est ni décharnée, ni hideuse,
Seulement un lien spirituel et majestueux.
Elle est voilée,
Comme un voile d’eau,
Ni linge ni suaire.
Elle se tient
Comme dans une source,
La plus profonde source
Des plus profondes eaux.
Elle ne m’épouvante pas.
Parfois, je l’oublie ;
Et tout d’un coup je la sens là.
Ainsi qu’un enfant qui joue sur la grève
Et qui subitement découvre
La gravité de la mer.
p.100
« Gants du Ciel » 1944.