Cécile Ladjali dans ce court roman, "
Les vies d'Emily Pearl", s'est inspirée du style victorien mais y a imprimé un esprit contemporain. L'action se situe néanmoins en 1865 en Angleterre, date de l'abolition de l'esclavage aux Etats-Unis, ce qui a un impact sur la vie de la noblesse britannique.
L'héroïne, Emily, est la préceptrice de l'enfant malade d'un lord dont elle devient l'amante. Elle peine à trouver sa voie propre, déchirée qu'elle est entre un rêve d'ailleurs, symbolisé par le bonheur d'une soeur mariée aux Etats-Unis, et la tentation de se réfugier dans les chimères ou d'agir sur son destin en cédant à des impulsions velléitaires qui lui donnent une illusion de maîtrise fallacieuse.
Contrairement aux héroïnes du 19 ème siècle, comme Jane Eyre, sa destinée ne se confond pas avec la recherche de l'Amour, sentimental ou maternel. Une autre exigence la pousse à approfondir le sens de la vie et surtout à trouver quelque chose qu'elle nomme "liberté".
"Mais, tu es libre", ne cesse de lui répéter son riche amant Lord Auskin, désappointé par son insatisfaction, alors qu'il met tout en oeuvre pour rendre possible leur amour.
C'est que l'amour ne suffit pas à Emily.
Trouvera-t-elle ce qu'elle cherche ?
Le style de
Cécile Ladjali est délicieux. Ce texte est une petite merveille qui subvertit doucement l'image des héroïnes victoriennes, coincées dans les moeurs rigides d'une époque qui corsetaient leur âme.
En ce sens, et dès le début de l'oeuvre, oui, Emily Pearl est libre.