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sur 193 notes
°°° Rentrée littéraire 2022 # 25 °°°

C'est un roman sombre, très sombre, qui plonge le lecteur dans la dure réalité du Sápmi, territoire des Samis, le peuple autochtone scandinave, dans la Suède du Nord du cercle polaire arctique, littérairement peu explorée.
La scène inaugurale est forte et poursuivra le lecteur durant tout le récit. Elsa, neuf ans, fille d'éleveurs de rennes samis, est témoin du meurtre brutal de son faon Nástegallu. Elle a vu le criminel, elle sait que c'est un Suédois, un voisin du nom de Robert Isaksson. Elle choisit de garder le silence, traumatisée par le geste menaçant de l'homme. Mais le lecteur sait. Sa famille sait car ce n'est pas la première fois qu'on s'en prend à leurs rennes dans la région. Elle n'oubliera pas ce qu'elle a vu ni le visage du tueur. le lecteur non plus. Dix ans après, Elsa est prête à la confrontation, prête à mener le combat pour que les crimes contre les rennes s'arrêtent.

La fiction rejoint la réalité. L'auteure s'est inspirée de faits divers récents, compulsant une centaine de plaintes déposées par des éleveurs samis signalant des attaques contre leurs troupeaux, rennes torturés, mutilés, tués, par sadisme, par xénophobie, ou braconnages à des fins lucratives pour revendre clandestinement des steaks de rennes à des restaurants. Toutes classées sans suite comme «  infractions insuffisamment caractérisées ». Au mieux les actes sont considérés comme des « vols » ( cf le titre ), le plus souvent ils ne déclenchent qu'indifférence auprès d'une police débordée devant couvrir de vastes étendues dans des territoires arctiques peu peuplés.

Dans ses remerciements, Ann-Helén Laestadius affirme : « Ce livre existe en moi depuis de nombreuses années ». Cette urgence de dire affleure dans chacune des 430 pages de son roman car il met en lumière le racisme structurel et les nombreuses discriminations que connaissent ce peuple, voire la haine de certains Suédois considérant les Samis comme des privilégiés avec leurs droits d'usage de la terre. Or, ces droits constitutionnels sont sans cesse bafoués, la renniculture menacée par l'industrie minière, les parcs éoliens, le tourisme et le réchauffement climatique qui perturbe leur déroulement traditionnel. le lecteur découvre stupéfait ces injustices. le roman délivre une critique sociale forte au message universel qui s'étend bien au-delà de la Suède. Impossible de ne pas y lire des résonances avec le sort des Autochtones amérindiens.

Elsa est une superbe héroïne. On la découvre fillette puis jeune adulte, courageuse et déterminée à se tailler une place dans la société. Elle n'hésite pas entrer dans l'arène face à Robert Isaksson qui continue à torturer et tuer des rennes en toute impunité. L'empathie est totale avec elle, d'autant plus qu'elle mène un double combat, externe au monde sami et interne. Elsa aspire aux rôles traditionnels masculins, elle veut devenir chef d'exploitation de son sameby ( structure administrative d'élevage ), ce qui dérange la société patriarcale sami. Plus largement, Anne-Helén Laestadius nous montre une héroïne en permanente réflexion sur son identité, sur le poids des héritages qui peut faire ployer certains ( magnifiques personnages de Hannah, sa tante, ou de Lasse son cousin ) ou en porter d'autres comme elle :

« Être sámi, c'est porter son histoire avec soi. Se trouver, enfant, devant un lourd sac à dos et choisir ou non de le porter. Mais comment choisir autre chose que de porter l'histoire de sa famille et de transmettre son héritage ? Elle sentit comme un coup de poing dans le ventre. Lasse avait essayé, il avait hésité et porté, pourtant à la fin il n'en avait plus la force. Mais dire qu'on avait envie d'autre chose, c'était inacceptable. »

La voix d'Elsa retentit fort et loin, faisant de son histoire une lecture marquante et puissante, d'autant qu'elle est portée par une voix d'écrivaine à la fois assurée, singulière et poétique. Les mots de l'auteure dans certaines scènes distillent un décalage voire une étrangeté qui laisse sourdre une menace (comme avec l'oreille du faon mutilé conservé par Elsa comme une amulette ou un memento mori) tout en laissant exploser la beauté de la nature du Sápmi ou des traditions samis dans des descriptions touchantes.

Ann-Helén Laestadius a beaucoup de choses à dire, presque trop parfois, le roman aurait pu être un peu plus resserré sans perdre en pertinence. Par les nombreuses thématiques évoquées, sociétales comme plus intimistes, son roman a connu un énorme retentissement en Suède, pays en plein débat pour savoir s'il doit ratifier la Convention 169 de l'OIT (Organisation internationale du travail), qui a pour but de protéger les droits des indigènes et tribaux, en l'occurrence des près de 30.000 Samis suédois.
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Nástegallu son faon est tué . Par LUI. Elle l'a vu. Dans sa tête monte un grondement effrayant….l'idée qu'un jour elle le tuerait.
Elle, c'est Elsa, une grande fille de 9 ans qui découvre le meurtre de son renne préféré, en allant les nourrir. Une mère revêche rivgu ( non sami) qui vient de la ville, un père affectueux, un frère ado protecteur, une grand-mère fofolle qui conduit sans permis,……. Elsa même si elle semble bien entourée, est seule. le meurtre de Nástegallu va encore plus l'isoler , l'enfonçant dans un mutisme qui s'aggravera avec la perte d'un être cher.
Nous sommes chez les Samis un des derniers peuples autochtones d'Europe, dans une famille éleveuse de rennes dans un village au nord de la Suède. le temps d'une lecture on va s'immiscer dans leur vie difficile, survivant à des conditions climatiques (à -8°C il ne fait pas aussi froid que ça ❄️) et naturelles extrêmement rudes, entourés de communautés non-sami hostiles ( « Pourquoi devraient-ils faire attention à ces saloperies de rennes, les bêtes des Lapons »). Une cohabitation complexe dû au racisme, où la langue en trace la frontière dans ces villages où chacun sait quelle est la langue de prédilection de l'autre. Mais leur souci primordial est le massacre de leurs rennes, leur principal source de revenu, farouchement abattus par les braconniers alors que la police locale ne se déplace pas, prend des dépositions, mais les classe vite sans suite.

Dans le fond une histoire très triste de l'isolation d'une communauté en milieu hostile dans la neige et le froid , qui doit faire face au racisme, aux insultes sur les réseaux sociaux, aux prédateurs qui massacrent leurs rennes, aux grignotements de leur terre au profit des mines, pourtant, ..... une luminosité irradie à travers les petits événements, les détails, les relations et cette neige sans fin: Elsa qui adore arborer un kolt** flambant neuf et être admirée au marché de Jokkmokk, s'allonger dans la neige et regarder un guovssahasat (aurore boréale)en s'égosillant « Bonjour guovssahasat ! Je t'entends. », bien que chez les samis il ne faut pas narguer les aurores boréales, même pas sortir les regarder, Elsa et son amie qui se blottissent derrière la luge alors que le grand frère et l'oncle font la course, Elsa qui murmure à l'oreille de son faon, Et Elsa grandissant et aspirant aux rôles traditionnellement masculins…..
Un autre portrait de femme sami magnifique est celui d'Hanna, et enfin LUI aussi répond présent avec son histoire de famille, et en pleine besogne exécutant ses crimes , proférant ses menaces à l'encontre d'Elsa, accentuant ainsi la dimension du drame vécu par ces éleveurs pour qui les rennes sont leur vie. Ce qui m'a le plus frappée dans cette histoire c'est le comportement de la population suédoise du coin,et du gouvernement suédois à travers ses agents de l'ordre. Un pays qui se veut démocratique, défenseur des droits de l'homme, grand moralisateur, s'avère être raciste et pleine de haine envers l'élément étranger, qui en faites ne s'agissant même pas d'immigrés. Au lieu de se vanter des droits qu'ils confèrent aux kurdes et autres immigrés , ils devraient plutôt s'enquérir des droits des samis qui vivent depuis toujours sur leur propre terre et qui s'avère être aussi malheureusement partiellement en Suède.


Okta, Guokte, Golbma, Njeallje, Vihtta…..Un, Deux, Trois, Quatre, Cinq…. Les titres de chapitres sont les chiffres qui se suivent en sami, au total en Gávccilogiguhtta (86) chapitres Ann Helene Laestadius nous raconte l'histoire poignante et émouvante d'une communauté et d'une femme qui luttent pour leurs rennes , pour leur survivance !

"Être sami, c'est porter son histoire avec soi."


* Tache blanche en langue sami.
**Kolt , costume folklorique des samis aux couleurs rouges et bleus et décoré de broches couleur or.
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Voilà un livre que je n'aurais jamais repéré dans les étals débordants de nos librairies si notre libraire Isabelle ne l'avait pas mis entre les mains de mon épouse toujours en quête de cadeaux , pour mon plus grand plaisir . J'ai déjà eu l'occasion , il y a bien longtemps , d'exprimer mon intérêt pour les belles couvertures ; je trouve celle -ci assez quelconque , voire plus et peu attractive . Si l'on y ajoute ce titre des plus étranges , on peut comprendre que certains lecteurs , comme moi du reste , passent " leur chemin" . Et ce serait bien dommage car , en ce qui me concerne , ce livre a été une superbe et inattendue surprise , un livre dévoré plutôt que lu , une immersion dans un univers cotonneux et froid et , malgré cela , particulièrement "chaleureux" . le lieu , c'est le nord de la Suède , le cercle polaire , chez les Samis , éleveurs traditionnels de rennes ,un peuple de ces grandes contrées blanches qui subissent au quotidien , au mieux l' indifférence , plus souvent le mépris et l'hostilité avoués des populations locales .
C'est dans ce décor somptueux mais hostile que l'on va découvrir ce métier traditionnel qu'est la renniculture avec ses rites , ses difficultés et aussi , hélas , les horreurs qu'elle peut susciter . Placés du côté Sami , nous aurons vite choisi notre camp et c'est avec Elsa , d'abord petite fille protégée puis adulte combative et engagée que nous allons cheminer dans un nouveau monde hostile , celui des humains dont deux hommes , Petri et Robert seront les pires représentants , portés dans leurs terribles entreprises par l'indifférence des populations environnantes et le laxisme de la police .
La tragédie a planté son décor , il ne reste plus aux personnages qu'à entrer en scéne et aux lecteurs et lectrices à tourner les pages et se laisser embarquer , happer ...
De nombreux problèmes contemporains et essentiels sont abordés dans ce roman , disséminés ça et là au hasard d'une description ou d'un des nombreux et intelligents dialogues . C'est trés bien , trés habilement construit et , je vous l'assure , ce n'est pas parce que l'environnement est blanc , froid , figé que le suspense n'atteint pas des sommets même si la lueur d'espoir de la fin ne nous rassure pas totalement sur l'avenir d'un monde qui , bien que lointain , est nôtre .Quant à l'avenir des humains ...Chacun saura apprécier .
Merci Isabelle pour ce beau , trés beau conseil de lecture . Quel bonheur de pouvoir compter sur des libraires compétents qui connaissent vos aspirations et savent vous orienter.
Sur la quatrième , cette mention : " Stold est à la fois un page - turner palpitant et une histoire dont on se souviendra longtemps." SUNDSVALLS TIDNING . J'aurais aimé l'écrire , c'est tellement vrai pour moi .
A bientôt , les amis et amies , je pars ...en Nouvelle Zélande !!!
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Parmi les différents titres de cette rentrée littéraire,  Stöld est sans doute celui qu'il me tardait le plus de découvrir. Une furieuse envie de m'échapper aux confins du Grand Nord mais surtout de partir à la rencontre du dernier peuple autochtone d'Europe, porteur d'une histoire particulièrement tourmentée.

Colonisation, évangélisation, assimilation forcée, persécutions, ostracisation,... - au fil des Siècles, les Sames ont été victimes d'une terrible oppression. Ils n'ont eu de cesse de se battre pour la protection de leur territoire, la reconnaissance de leurs droits et la préservation de leur identité culturelle. Si à force de persévérance et de détermination, ils ont remporté encore récemment des victoires essentielles sur le plan juridique, leur combat aujourd'hui toujours continue, face à une menace aux multiples visages. 

Journaliste et écrivaine d'origine samie, Ann-Helén Laestadius s'empare ici de la fiction pour mettre en lumière la dure réalité à laquelle les membres de sa communauté sont  confrontés au quotidien. S'appuyant sur un solide travail de recherche, de nombreux témoignages  mais aussi son propre vécu, elle nous offre un premier roman percutant à la fois passionnant et terriblement émouvant.

*

Laponie suédoise, au plein coeur de l'hiver. 

2008. Fille d'éleveurs de rennes samis, Elsa neuf ans, assiste impuissante au meurtre cruel de son faon. Une scène traumatisante qui l'a marquera profondément et forgera sa personnalité. le nom du coupable elle le connait, TOUT le monde le connaît, c'est Robert D… "un suédois du village voisin" mais par crainte de funestes représailles, elle n'en soufflera mot à personne. 

"Elle ne pouvait ni pleurer, ni crier. Mais dans sa tête montait un grondement effrayant. L'idée qu'un jour, elle le tuerait."

2018-2019. Malgré une surveillance accrue, les attaques visant les troupeaux de rennes se multiplient. L'expression de la barbarie humaine. Robert… "C'était LUI", c'est encore et toujours LUI. Les plaintes déposées au commissariat ne font l'objet d'aucune investigation et sont rapidement classées sans suite. Considéré comme simple "vol" ("Stöld" en suédois), ce type de braconnage appartient aux affaires mineures. Comment obtenir justice lorsque celle-ci vous ignore? Maintenant adulte, Elsa refuse de continuer à subir la situation et se montre fermement résolue à mettre fin aux exactions de l'homme qui depuis tant d'années la terrorise, elle et les siens. Un bras de fer qui s'annonce impitoyable…

*

Aux écueils du réchauffement climatique, des projets d'exploitation industrielle divers menaçant l'environnement et le mode de vie traditionnel des Samis,  s'ajoutent d'autres fléaux dont je ne mesurais jusqu'ici ni l'ampleur ni l'extrême violence. Puissamment évocatrices, les pages se tournent avec effroi, indignation et révolte. 

"Il mit les gaz et accéléra sur la piste. le renne tenta à nouveau de changer de trajectoire, de courir dans la neige profonde. Il s'enfonçait,  tournait sur lui-même, donnait des coups de pieds, se débattait. Robert aimait ça. Il heurta un peu plus violemment les pattes arrières de l'animal. Il y eut un craquement. le renne resta allongé,  les yeux tournés vers le ciel. Robert s'avança pour inspecter les membres (...). Il sortit son portable et filma la scène, depuis les pattes cassées jusqu'au museau tremblant. le regard de la bête n'exprimait plus la terreur, mais la capitulation. Il devait peut-être lui sectionner les bois pendant qu'il était encore en vie. Juste histoire de."

Massacre infâme d'animaux, racisme, discriminations, propos haineux, déferlement d'insultes, inaction des autorités, impunité des responsables, loi du silence…Ann-Helén Laestadius se livre ici à une critique sans concession de la société qui l'a vu naître et nous invite à poser un regard nouveau sur la Suède.

"Un Lapon mort est un bon Lapon."

*

Elsa, que nous suivons au fil des époques dans sa tentative de compréhension du monde qui l'entoure puis sa lutte acharnée pour préserver son héritage, fait partie de ces personnages auxquels on s'attache immédiatement. Sensible, courageuse, réfléchie, attendrissante, elle transforme souffrance et rage sourde en  une véritable force pour avancer. 

À travers son histoire, celle de sa famille et plus largement de son entourage, c'est la voix et le combat pour survivre de tout un peuple qui s'élève jusqu'à nous. Des existences entrelaçant Amour, traditions et âpreté que je quitte à regret…Heureuse malgré la noirceur ambiante d'avoir pu réaliser ce bout de chemin à leurs côtés. 

***

"Être sami, c'est porter son histoire avec soi. Se trouver, enfant, devant un lourd sac à dos et choisir ou non de le porter."
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« Stöld » est, selon moi, un titre majeur de cette rentrée littéraire, que je peux considérer comme une invitation au voyage malgré des sujets très durs à propos de la population samie.

Jusqu'à présent, j'utilisais le terme « lapon » ou « Laponie » pour désigner ce peuple autochtone vivant dans le nord de la Scandinavie, en territoire Sápmi. Il s'avère, en fait, que le terme « lapon » est un terme péjoratif suédois désignant ce peuple comme « porteur de haillons ». Pourtant, il est doté d'une culture incroyable, d'une organisation sociale importante et d'une langue spécifique. Ils sont près de 85.000 individus, répartis dans le nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et dans la péninsule russe du Kola.

Ann-Helén Laestadius, elle-même d'origine samie, offre une véritable épopée au travers de l'histoire d'Elsa, une gamine de 9 ans et qui se poursuit après une période de 10 ans. La scène d'ouverture du roman est dure et elle risque d'hanter plus d'un lecteur. Pourtant, c'est ce point de départ choisi par l'autrice qui marquera tout le récit et démontrera toute la haine dont doivent faire face quotidiennement les Samis.

Même s'il s'agit d'une oeuvre de fiction, l'autrice s'est largement inspirée de sa propre histoire ainsi que des centaines de plaintes déposées par les Samis et qui sont pourtant classées sans suite malgré la gravité des faits.

La xénophobie touche particulièrement cette communauté, que les effets dévastateurs du climat et les destructions par l'Homme de leur milieu naturel menacent chaque jour.

Bouquin très sombre, il offre un magnifique éclairage sur les discriminations qu'endurent chaque jour les peuples indigènes. Se lisant comme un roman noir, c'est tout un pan de cultures qui est offert aux lecteurs.

Je tiens à féliciter la traductrice, Anna Postel pour le magnifique travail de traduction effectué, offrant une fluidité épatante ainsi qu'aux graphistes qui ont opté pour une couverture à la fois très sobre à l'extérieur mais avec une belle touche d'originalité dans le livre en lui-même.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Il y a un tout peu plus d'un an, grâce à une opération Masse critique, je recevais Un Pays de neige et de cendres de l'autrice finlandaise Petra Rautianen et découvrais le peuple Same et le racisme à leur égard de la part des Finlandais ; en octobre dernier ce fut un film norvégien, Let the River flow d'Ole Giaever, qui me ramenait parmi ce peuple vivant à l'extrême Nord de la Scandinavie.

Et à présent, ce livre, Stöld de l'autrice suédoise Ann-Helén Laestadius, m'y replonge et à nouveau pour dénoncer le racisme dont il fait l'objet.

Les Samis nous sont mieux connus sous le nom de Lapons, mais, comme je l'ai appris ici, ce mot ne peut plus être utilisé ayant une note péjorative et méprisante.

le roman nous fait vivre la vie des Samis éleveurs de rennes par le parcours d'Elsa, petite fille de neuf ans, qui découvre le corps mutilé de son jeune faon ainsi que son meurtrier qui lui intime le silence.

Dans la seconde partie du roman, nous retrouvons Elsa dix ans plus tard toujours confrontée comme tous les siens au racisme des Suédois mais aussi à l'inertie totale des autorités devant les tueurs de rennes.

C'est un roman, un vrai roman, avec une trame et un suspense, un roman que l'on lit avec plaisir, c'est le portrait d'une femme courageuse aimant les rennes et ne supportant pas leurs meurtres - il y a des scènes assez atroces des souffrances qui leur sont infligées.

le livre nous apprend beaucoup tant sur la vie des Samis que sur la renniculture.
Beaucoup de termes sont en langue same, et ce, dès le début : tous les chapitres sont numérotés dans cette langue.

le roman ne peut laisser indifférent, les personnages sont attachants (à quelques exceptions notables).

Il est engagé tant par sa vision de l'antagonisme vécu par les Samis, mais aussi par son féminisme : à l'intérieur du peuple same, les femmes ne sont pas les égales des hommes et Elsa lutte pour modifier cela.

Ce fut un excellent moment de lecture, assez captivant et très instructif !

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Commentaire très court: tout a été dit déjà, je pense ..

Comment ne pas apprécier ce magnifique premier roman, aux allures de polar, fort et âpre, sombre, très sombre, venu du froid, nous plongeant dans les dures réalités d'une communauté isolée, celle des Samis, au nord du cercle polaire arctique?
Une totale immersion dans le froid extrême mordant les joues , la neige, la bise ardente, ces paysages enneigés , blêmes , figés, glacés, cotonneux, grandes contrées blanches ….

Les samis : peuple autochtone scandinave , au sein de la Suède du nord .

L'auteure nous emmène en Laponie à la découverte de la renniculture ou plutôt des traditions de ce peuple, ce métier ancestral , traditionnel, avec ses rites, ses difficultés, les haines qu'il peut susciter ….

D'une plume affirmée, sombre, tour à tour poétique et lumineuse elle nous livre ,à travers les yeux d'une enfant de neuf ans Elsa, témoin du meurtre brutal de son faon Nástgallu,( elle a vu le criminel , sait que c'est un suédois voisin du nom de Robert Isaksson) mais choisit de garder le silence ..

C'est un peu le fil rouge du roman , Elsa cette héroïne superbe, isolée dans sa douleur et son traumatisme ,réfléchissant sans cesse sur son identité .

Nous la retrouverons dix ans après, adulte combative et déterminée , animée par une certaine rage—- celle de vivre enfin, et de vaincre,——engagée , face à l'indifférence honteuse des autorités policières, aux meurtres des rennes orchestrés souvent par Robert Isaksson , des rennes parfois torturés à mort, cette haine récurrente, les menaces, les traumatismes et la peur sourde, la xénophobie permanente à l'égard de son peuple , plaintes sans suite, persécutions, moqueries , enfants victimes de brimades à l'école par les camarades non - samis, tandis que la plupart des jeunes adultes peinent à vivre de l'élevage des rennes et ont bien des difficultés à trouver leur voie dans un monde hostile en pleine mutation vers la modernité .
C'est un très beau récit palpitant, aux descriptions touchantes,nature grandiose de toute beauté, modes de vie samis.

Suspense et frustration au coeur de la lutte d'une jeune femme ….héroïne remarquable …

Il nous emporte loin, fort, on le gardera longtemps en mémoire.

Ou comment conserver son héritage culturel dans un monde mondialisé,, où la xénophobie fait loi ?
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C'est l'hiver au nord du cercle polaire arctique. Elsa, neuf ans, est la fille d'éleveurs de rennes samis. Un jour, alors qu'elle se rend seule à skis à l'enclos, elle est témoin du meurtre brutal de son faon, Nástegallu.

Elle reconnaît le criminel : Robert, un Suédois du village voisin qui harcèle sa famille et sa communauté depuis des années. Mais celui-ci la menace de mort et la petite fille, terrorisée, garde le silence.

Dix ans ont passé. face à l'indifférence des autorités et de la police, la haine et les menaces à l'encontre du peuple sami n'ont cessé de s'intensifier.

Et lorsque Elsa se retrouve à son tour prise pour cible, quelque chose en elle se brise : le poids du secret, le traumatisme et la peur qu'elle porte depuis son enfance refont surface, libérant une rage nouvelle, celle de vaincre et de vivre. le peuple des Samis que nous découvrons avec ce roman, et qui est aussi le peuple phare des polars du romancier Olivier Truc, est une communauté qui nous bouscule autant qu'elle nous instruit,

Ce peuple vit en Suède et n'est vraiment pas apprécié par les suédois . Stöld nous immerge en plein coeur de la culture et les traditions des samis, majoritairement répartis en Norvège et en Suède, sont sévèrement menacés, particulièrement pour les éleveurs de rennes.

Stold, c'est l'intensité d'un peuple. La romancière Ann-Helén Laestadius, journaliste suédoise, connue pour ses romans Young adult, est parvenue, dans son premier roman adulte, à recréer un climat oppressant et anxiogène, avec toutes les tensions que ce soit du côté des samis ou des braconniers et anti lapons.

Le peuple des Samis que nous découvrons avec ce page turner palpitant qui nous bouscule autant qu'il nous instruit, vit en Suède et n'est vraiment pas apprécié par les suédois.

Avec ce Stöld, texte d'une belle puissance et d'une grande originalité, Ann-Helén Laestadius pose un autre regard sur la Suède
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ne m'en voulez pas si je ne vous dis rien que ces quelques mots à propos de cette lecture. Pas de souci, vous trouverez d'excellentes chroniques auprès des amis : Kirzi, Bookycooky .... pour ne citer qu'eux...
Voilà ce fut une lecture intense et bouleversante. Je viens de vivre des heures de lecture palpitantes... à couper le souffle, 440 pages dévorées.....et je vous invite si vous ne connaissez pas encore stöldt à découvrir la plume d'Ann-Helén Laestadius.
Lien : https://www.facebook.com/lec..
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Du peuple sami, je connaissais très peu de choses. Je parlais davantage de Laponie et de lapons, mais j'ai appris en lisant Stöld que ces termes étaient péjoratifs. J'ai aussi appris que le peuple sami, qui élève depuis toujours des rennes, est dénigré et rejeté.
Ainsi, Stöld, sous le regard d'Elsa, enfant, puis jeune adulte va vivre et subir la haine anti-sami de certains habitants suédois, mais aussi le dédain et le manque d'intérêt des institutions et notamment de la police. de nombreuses intimidations et injustices vécues et la première, notamment en tuant le renne de la jeune fille.
L'autrice, elle-même Sami, s'inspire ici de son vécu dans la Suède actuelle.
Dans la même veine que "Jeu Blanc" de Wagamese, amérindien du Canada, c'est donc une autre image d'un pays que j'imaginais accueillant que j'ai ici decouverte et en ce point ce fut très instructif.
J'ai trouvé le rythme un peu ralenti à mon goût. Mais peut-être cela s'explique par le fait que le quotidien des samis avec ces injustices récurrentes ne peut pas permettre de vivre sereinement, autrement que dans la peur de l'avenir même proche. Un livre fort, dur, mais nécessaire.
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