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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne m'attendais à rien de particulier, j'avoue que je n'avais jamais croisé le nom de Jérôme Lafargue pourtant déjà auteur de quatre romans. Je suis donc entrée dans cette lecture l'esprit totalement vierge, mais l'oeil amadoué par cette belle photo de couverture et ses promesses de nature et de grands paysages. "Mon chat est immortel", l'incipit donne le ton. Il n'y a plus qu'à s'installer confortablement et à se laisser couler dans l'histoire que déroule l'auteur à la manière des troubadours d'antan. Une histoire d'hommes, de nature, de gardiens. de forces qui nous dépassent.

Plonger dans le temps est à l'orage c'est s'abandonner à croire. Aux signes, au fait que l'homme n'est qu'une créature parmi d'autres sur terre et pas forcément la plus forte. C'est l'apprentissage de toute une vie que nous raconte Joan Hossepount, l'actuel gardien des Lacs d'Aurinvia, un espace naturel protégé au coeur de la forêt des Landes, près de l'océan. Il y a trente ans, le jeune homme s'est installé dans la maison de son grand-père, après quelques épisodes dramatiques : la mort de son meilleur ami alors qu'ils étaient tous les deux engagés sur les terrains de guerre en tant que militaires, le décès de sa jeune épouse alors que leur fille Laoline avait à peine un an. En lisant les carnets de Guilhem, son aïeul, retrouvés dans la maison, Joan comprend qu'il n'est peut-être pas là par hasard et que sa mission dépasse largement le cadre de son contrat de travail. Pour satisfaire son véritable employeur, il va devoir apprendre à en décoder les signes...

Plonger dans le temps est à l'orage c'est s'abandonner au plaisir des sens. Celui qui donne l'impression d'appartenir à un tout, de faire corps avec les éléments. Celui qui invite à étreindre un hêtre pourpre et à sentir sa force traverser son corps. A contempler l'orage, sa violence comme une danse, ses éclairs comme des mots. A écouter les histoires se transmettre en chansons au son des instruments façonnés avec amour et respect. C'est respirer l'odeur de la terre fraîchement retournée et se jurer de la préserver, envers et contre tout.

Plonger dans le temps est à l'orage c'est faire face aux questions qui nous hantent, sentir la violence du monde et se voir offrir une parenthèse merveilleuse, comme une invitation à regarder et à réfléchir.

J'ai adoré la balade. Je me suis complètement laissé happer par la force du conteur habile à créer un univers presque intemporel et pourtant si habité. Expérience assez inédite. Captivante. Joie de découvrir qu'il y aura une suite et que l'histoire de Joan ne fait que commencer. Hâte.
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« Le temps est à l'orage » est un roman qui se ressent plus qu'il ne se comprend.
Entre forêt et océan, dans une atmosphère très particulière, Jérôme Lafargue emporte le lecteur en territoire inconnu, vers une expérience littéraire inédite puisque ce livre n'est pas réductible à un genre particulier. Roman noir? fable écologique? Nature writing? Sans doute un peu des trois.

Joan Hossepount, ancien tireur d'élite, travaille à l'entretien des lacs d'Aurinvia. Un site géologique d'exception que l'on imagine situé quelque part vers les Landes ou la Gironde. Il mène une vie plutôt retirée avec un chat pour compagnon et un libraire pour ami. Occasionnellement il chante dans un bar de la ville. Un original en quelques sorte. Certains villageois le croient même capable de parler avec les morts... Ce qu'ils ne savent pas c'est que comme son aïeul avant lui, il a été choisi par la nature pour la venger des hommes.

C'est un texte déroutant, à la lisière du fantastique, entretenant la confusion entre réel et imaginaire, dans un esprit qui m'a parfois donné à penser au chamanisme des indiens d'Amérique.
L'écriture est précise, raffinée, délicate et cette histoire de justicier écologiste, humaniste, s'immisce en vous avec la force des éléments.

Une lecture en dehors des sentiers battus, particulièrement vivifiante comme les embruns de l'Atlantique ou l'odeur des pins.
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Joan Hossepont raconte son adolescence, la mort de ses parents, son passage à l'armée, la mort de son meilleur ami, sa compagne, sa fille, la mort de sa compagne, son grand-père, la mort de son grand-père. Beaucoup de morts, une ambiance un peu sombre, et pourtant pas macabre, qui installe comme une ambiance d'automne, en pleine nature, avec le bruissement des arbres, la colère du vent, l'étrangeté des animaux. Humains versus nature. Vie versus mort. Guerre, capitalisation, destruction de la biosphère... Joan Hossepont, comme son ancêtre avant lui, a été choisi, élu par la nature (mais qu'est-ce que la nature ?) pour la venger, pour faire régner un ordre, chaotique et sans concession.

Bien que ça pourrait en avoir l'air, il ne s'agit pas d'un roman qui fait l'éloge de la beauté de la nature, on n'est pas non plus dans Walden, et s'il est question d'occulte, d'une sorte de magie, il n'en reste que le côté mystérieux et ténébreux, sans entrer plus en avant. Pas de chichis, brut de décoffrage, on est en plein dans le terroir, et si l'on nage un peu en eaux troubles, les pieds sont bien ancrés au sol, enracinés. On ne respire pas le bien-être insufflé par le bourgeonnement du monde végétal, on se noie dans un sol où reposent mille cadavres, on se fige dans l'écorce d'un arbre, on raconte les montagnes disparues. On suit les chats sur le chemin.

Un personnage qui s'offre entier, avec ses doutes, ses peurs, sa dépression, son "intranquillité", son envie de sauver, préserver, renverser tous les obstacles, ses tâtonnements, son aura mystique qui lui donne l'air d'être un arbre sur pattes, son asociabilité, sa soif de comprendre. Une "nature" qui s'offre crue, nue, forte, hallucinante, tout en contrastes, une entité indomptable, indéchiffrable tout à fait, une nature ici qui est à la fois séparée et fusionnée avec l'humain. Personnage et décor qui semblent ne faire qu'un, comme s'il était une sorte de Gardien intemporel venu s'incarner uniquement pour servir son environnement. Une aura prenante, forte, entêtante, qui tient en respect. Un livre qui ne se laisse pas totalement dompter si facilement, qui demande corps et âme, qui appelle à retourner plus proche de la Terre et la défendre, à un moment où. Il y en a tant besoin. Soulevez-vous, révoltez-vous, agissez, comprenez, faites partie de. Rappelez-vous du langage qui vient des tripes. (Et, bonus : un bon poing dans la gueule de sympathisants du FN) Merci aux éditions Quidam, c'était le livre parfait pour transitionner de saison chaude en saison froide.
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C'est vrai que le temps est l'orage pour Joan Hossepount, son passé douloureux, ses parents et sa soeur morts dans un accident de voiture, sa femme même verdict après son accouchement de Laoline, leur fille commune. Joan s'était engagé au Tchad malgré son éducation plutôt libertaire, pour faire régner l'ordre en tant que tireur d'élite. Mauvais souvenir, son meilleur ami WIll étant resté sur le carreau. « L'Afrique constitue alors le terrain de jeu de l'armée française, où le bataillon d'un régiment peut se retrouver comme force d'appui d'un gouvernement contre les rebelles, quant à eux soutenus par un autre régiment. Au Tchad en particulier. Là où le nôtre se rend régulièrement pour des périodes de plusieurs mois ». Retour dans les Landes, les lacs d'Aurinvia. Il en est le gardien. Il est très proche de la nature, il la ressent peut-être comme sa nouvelle famille étant donné que la vraie est dynamitée. Mais petit retour en arrière si vous le voulez bien.

Joan a eu un ancêtre Guilhem, né à la fin du XVIIIe siècle. Il va retrouver ses mémoires écrits, et va comme se fondre en lui, trouvant troublantes toutes ses similitudes de parcours. Guilhem a souffert, n'était pas au Tchad mais à Austerlitz en 1805, puis impliqué dans une guerre en Espagne quelques années plus tard. Désabusé, se coupant du monde, il fréquentera les luthiers et sera amoureux de la musique, fabriquant un instrument fort étrange : l'épinette.

Joan pense-t-il à une hérédité maudite ? Croit-il que désormais, quoi qu'il entreprenne, il finira dans le mur ? Ou ses proches ? Il n'a plus confiance en l'être humain, il ne lui accorde plus de place dans son coeur. Laoline c'est différent, c'est sa descendance, comme il est celle de Guilhem. Puisqu'il faut s'isoler de l'humain, Joan va jeter son dévolu sur la nature, la protéger malgré elle, coûte que coûte, traquer les assassins de la Terre, ceux qui pulvérisent les écureuils, les petites bêtes ou les arbres, ceux qui font souffrir les animaux, les végétaux, dégueulassent les rivières, les ruisseaux.

C'est sur ce thème que les pages du livre sont les plus fortes, rappelant des auteurs de l'autre côte de l'Atlantique, ceux qui manient le « Nature writing » à la perfection, les écologistes de la plume, les poètes des grands espaces. « Versant nord, la montagne ne venait pas mourir avec langueur au contact des vagues, épuisant ses contreforts au gré d'une douve déclivité. Non, elle s'arrêtait brusquement, puis semblait prolongée par une falaise en contrebas, accrochée comme à la va-vite par des saillies rocheuses et malcommodes qui partaient en à-pic sans coup férir ».

Hymne à l'amour de la nature et contre son saccage par l'humain, c'est aussi celui du désenchantement et de la tendresse, notamment par l'adoption de Petit Chat, ce chaton espiègle qui va mettre Joan sur une piste inespérée. Car Joan se voit définitivement dans l'impasse quand tout bascule pourtant : deux hommes sans scrupules (l'un d'eux au moins est proche des milieux d'extrême droite) ont en projet la construction d'un immense complexe immobilier tout près d'Auvinvia, avec pots-de-vin et tout le toutim. C'en est trop pour Joan qui décide de partir à l'assaut…

On voyage beaucoup dans ce court roman, géographiquement mais aussi dans le temps. Les thèmes : l'hérédité, la guigne, l'amour, l'affection, le militantisme écologiste radical, la nature et l'environnement. Certaines pages sont empreintes de poésie verte et ensoleillée, d'autres bien plus critiques dès qu'il est question de l'être humain. C'est Quidam qui vient de le sortir. Jérôme LAFRAGUE est déjà l'auteur de plusieurs romans, certains primés, ce n'est donc pas un perdreau de l'année qui débarque en cette rentrée littéraire 2019.

https://deslivresrances.blogspot.fr

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Toujours merveilleuse, toujours mystérieuse et encore renouvelée, l'étrange mythologie contemporaine d'une Aquitaine universelle.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/03/28/note-de-lecture-le-temps-est-a-lorage-jerome-lafargue/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Je ne lis pas les quatrièmes de couverture... Je me contente de faire confiance: à l'intuition parfois, aux amis lecteurs de plus en plus, à quelques librairies et à plusieurs maisons d'édition surtout.
Ce livre-là, d'abord, c'est Quidam Editeur . Mais en plus, je l'ai pioché à la librairie charybde . Aucun mérite à avoir la main heureuse dans cette caverne d'Ali Baba.
Le Temps est à l'orage est difficile à résumer... un bon signe. Il est impossible à classer, encore mieux (heureusement, j'ai renoncé au classement par genre de ma bibliothèque). Et difficile à cerner. Son narrateur est fascinant, mystérieux. Je serais tentée de qualifier de ténébreux, ce Prince d'Aquitaine, volontairement exilé comme tireur d'élite dans des guerres africaines, puis réenraciné dans les terres familiales, étranges, de lacs, de dunes, de forêts, de vagues, de mythes et de montagnes fantomatiques. Guerrier troubadour, luthier, chantant une langue qui n'appartient qu'à lui mais que tous comprennent, il nous confie à demi-mots la mission dont il a hérité. Gardien des Lacs d'Aurinvia officiellement, il est en secret le bras vengeur de la Nature.
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