¨Blanc contre Noir
On préfère continuer avec
la question raciale
qui permet de diviser
la classe ouvrière en deux groupes
qui se font la guerre
pour une vie de misère
plutôt que d'analyser la chose
sous l'angle de la classe sociale.
C'est ce que dit Angela Davis.
Depuis le début, l'alphabet renverse les puissances ou écrase les petits. On écrit pour construire comme pour détruire. Il nous faut intervenir de manière durable et en profondeur. Il faut écrire des livres qui intéressent les jeunes gens. L'autorité du livre se fait en complicité avec le lecteur.
« Le prix de la haine qu'on voue à d'autres hommes est que l'on s'aime moins soi-même. »
Eldridge Cleaver (Black Panther)
Jour de fête
Ce vieux noir assis sur un muret regarde passer ce couple bien assorti. Une jeune fille noire enlaçant ce jeune Blanc.Ils se chuchotent à l'oreille des choses que se disent des amoureux insouciants de ce qui se passe autour d'eux.Le vieux n'en revient pas.Il ne pensait pas vivre assez longtemps pour voir ça. Peut-on effacer la couleur sans toucher à la douleur ? En oubliant la question raciale, on aura ceci: un jeune homme frémissant et une jeune femme séduisante passent devant un vieil homme ébahi.
C'est jour de fête.
( p.66)
Le butin
Cette expression m'a toujours paru bizarre : « Séparé mais égal. » Adolescent en Haïti et ignorant la violence du racisme d'État américain, j'avais cru comprendre qu'il fallait séparer le butin en portions égales. Le butin, c'était l'Amérique que les blancs avaient volée aux Améridiens. N'étant dans la Constitution que par des amendements, les Noirs ne pouvaient être un héritier légal. Rouge et Noir exclus, il ne restait que le Blanc pour unique héritier. Et depuis le sang n'a cessé de couler.
On doit encore comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n'est qu'avec les nuances qu'on peut avancer sur un terrain si miné. Je tiens la nuance pour la forme la plus persuasive qui soit, et parfois la plus subversive. Ne pas mettre tout le monde dans le même panier, qui était la base de toute réflexion, est devenu une rareté qui confine à l'originalité.
Le livre et la guerre
De tout temps
chaque fois
qu'il y a une
guerre
le livre est
au coeur de
la mêlée.
La Bible, le Coran
Le Capital, Mein Kampf
la Torah et Les Versets sataniques.
(p. 180)
La même vie
Une romancière blanche m'a dit qu'à part la couleur
la vie de Maya Angelou est exactement la même
qu'elle a vécue.
La différence c'est que sa couleur
est à l'origine de tout chez elle :
sa douleur et sa détermination.
Tout ce qui me manque, gémit-elle.
(p. 166)
La Case de l'oncle Tom
Je me souviens de ma première lecture de ce livre, je ne l'ai d'ailleurs jamais relu.C'est une émotion d'enfant ému. J'aimais retrouver le vieil oncle Tom dans sa case.Toujours serein, prêt à me consoler de mes petites tristesses.J'avais l'impression tout le long de la lecture d'avoir un ami. Mon professeur m'avait dit que c'était un livre important qui avait changé la situation des Noirs aux États-unis. Nous étions en 1963, j'avais dix ans et l'esclavage était terminé en Haïti depuis 1804, à la fin d'une effroyable guerre d' indépendance. Nous n'avions pas d'oncle Tom en Haïti.
( p.90)
Maya Angelou a lu un poème On the Pulse of Morning, lors de l'inauguration du président américain Bill Clinton. Et la même année, Toni Morrison a obtenu le prix Nobel. C'était en 1993, une année faste pour les femmes de lettres américaines. À ce stade d'excellence, la race est une notion désuète.