En parallèle à un roman ou un essai, j’apprécie toujours d’avoir sous la main un « livre fourre-tout » où réflexions, émotions, coups de gueule ou de tendresse alternent sans structure apparente si ce n’est l’envie de l’auteur de partager sans retenue en dehors du cadre d’une fiction, partager son expérience au fil de sa plume et de son inspiration sur un mode plus personnel.
La lecture peut devenir vagabonde, libérée de l’ordonnancement des pages, et je pioche alors totalement au hasard une bribe de lecture, un extrait de prose, une respiration inattendue, capture un poème au titre prometteur comme dans cet ouvrage l’art du futile, l’art de parler à un inconnu, ou encore plus joyeux l’art de danser sa vie.
« En tout cas, j’essaie de brasser ensemble mes réflexions, mes émotions, mes sensations comme mes rires et mes délires, car je n’ai pas l’impression qu’on arrête de vivre parce qu’on est en train de penser. »
Bien vu Dany Laferrière ! Une chose est sûre : le brassage est réussi, fort bien écrit, pimenté souvent d’une pointe d’ironie et même si je ne partage pas forcément tous ses points de vue, il oxygène les neurones.
Bref, ce livre iconoclaste fait du bien.
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J'avais glissé ce livre dans ma valise pour quelques jours au vert en espérant passer un bon moment, et me voilà déçue. La raison principale est que le titre ne tient pas ses promesses, comme parfois malheureusement. de l'art de ne rien faire, art auquel j'avais bien l'intention de m'adonner pendant ces quelques jours au vert de plus en plus délavé par les pluies incessantes, il en a été très peu question en fait, et c'est bien dommage.
Dans ce pseudo-essai sont rassemblés des considérations sur toutes sortes de sujets, sans véritable lien entre eux. L'ensemble donne l'impression de fourre-tout où sont rassemblés brouillons, ébauches de futurs livres, peut-être aussi chutes de livres existants. L'auteur évoque les livres qui l'ont fait et nous fait part de son opinion sur le rire, la poésie, la culture, le voyage, … Mais tout ceci nous est donné sans réel argument, sans justification, et je suis restée sur ma faim.
Heureusement le tout est entrecoupé de quelques billets très courts sur l'art de profiter de la vie, comme l'art de manger une mangue, l'art de voyager, l'art de regarder ailleurs, l'art de lire de la poésie, l'art de changer de café, … comme des respirations dans une soirée mondaine.
Il reste par-ci par-là quelques notes d'humour (mais trop rares) et quelques très belles pages dédiées à la grand-ma et à la maman de l'auteur. Non, décidément je préfère de loin quand Laferrière nous raconte son enfance à la Réunion ou son exil au Canada, dans des romans qui, eux, invitent vraiment au farniente et à la rêverie.
Voilà ! ça m'apprendra à trop faire confiance aux titres aguicheurs et à ne jamais lire la quatrième de couverture.
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Des réflexions sur la vie, sur le temps qui passe, sur la beauté de l'instant et même sur la mort.
Si « ne rien faire » ne prend pas beaucoup de place dans le livre, la série de réflexions n'en est pas moins intéressante. le flux discontinu vole d'un sujet à l'autre, la ville, l'enfance, la guerre ou la politique ou la poésie.
Un recueil accessible, seuls les chapitres qui parlent de ses lectures et des auteurs qui l'ont inspiré semblent un peu plus ardus.
Une lecture qui se consomme bien à petites doses. Même si on n'a pas beaucoup de temps pour lire, on peut parcourir quelques pages avec plaisir et garder quelques idées à ruminer par la suite (comme l'auteur suggère d'ailleurs de le faire pour la poésie).
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Ce recueil est une invitation à regarder le monde, à prendre son temps, à vagabonder en même temps que l'auteur au gré de ses pensées, de ses souvenirs, l'écouter parler de ses lectures entre autre.
Il commence chaque chroniques par un art de vivre par exemple l'art de rester immobile, l'art de lire de la poesie, l'art de la sieste, l'art de manger une mangue...ce qui lui permet ensuite de nous parler non sans humour, ironie, roublardise parfois de son expérience tout en y abordant un thème précis.
Un livre apaisant, un livre que l'on garde près de soi pour se replonger selon ses humeurs, tout de suite maintenant j'opte pour l'art de dormir dans un hamac et je vous laisse avec Dany Laferrière : "Il ne suffit pas de s'y glisser pour trouver le sommeil. le corps doit vouloir épouser les formes du hamac. Et l'esprit doit pouvoir se détendre. Dans un hamac : on ne pense pas, on ne médite pas, on reste simplement là. Devenir aussi léger qu'une feuille insouciante qui danse dans l'air. le doigt traçant des signes dans la poussière. Sous nos yeux : les fourmis, les vers de terre, tout ce monde d'en bas. Au-dessus de nos têtes : le vent dans les grandes feuille de bananier, les nuages nomades, le vaste ciel et le soleil qu'il faut éviter de regarder trop longtemps. On entend les voix des enfants jouant dans la rivière de l'autre côté du champ de maïs. Et c'est cette musique dont on ne sait la source qui vous endort plus profondément que ne peut le faire la mort."
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Dans son essai, Dany Laferrière parle de « choses minuscules » pour faire l’éloge de l’oisiveté dans un monde qui s’y oppose et affirmer le pouvoir de la littérature et de la culture.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Le dernier ouvrage de Dany Laferrière est conçu pour être butiné au fil des jours. On y pioche de jolie descriptions, des pensées existentielles et des morceaux biographiques. En prenant son temps.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Dans L'art presque perdu de ne rien faire, Dany Laferrière nous entraîne dans les dédales de sa pensée et de ses rêveries. Il qualifie ce nouveau livre de «roman de ses idées», qui donne à voir son cerveau.
Lire la critique sur le site : LaPresse
On le sait, l'homme injustement méprisé n'éprouve plus aucune honte à devenir méprisable.
L'ART DE LIRE LA POÉSIE
Voilà une chose dont on ne parle
presque jamais et qui devrait faire
partie de notre mode de vie urbain :
la lecture de la poésie.
Depuis qu'on a quitté la campagne
pour cette vie accélérée la lecture
de la poésie est devenue aussi
essentielle que l'oxygène.
Les médecins auraient dû prescrire la poésie
comme traitement contre le stress.
Si les poètes semblent si angoissés c'est
pour que leurs lecteurs puissent mieux
respirer. D'abord un conseil : ça ne se lit
pas comme un roman. Chaque poème
est autonome. Prenez deux poèmes par jour :
un le matin et un autre le soir.
Trouvez un vers qui vous plaît et
ruminez-le durant toute la journée
jusqu'à ce qu'il s'incruste dans votre chair.
L’ART DE PARLER À UN INCONNU
C’est difficile de converser avec quelqu’un
qui vous connait autant
sans qu’il ne se mette à vous abreuver
de ces lourds conseils d’ami.
On a l’impression d’être pour lui
un vieux livre annoté. La vie serait bien
triste s’il n’y avait pas de ces rencontres
spontanées qui arrivent n’importe où
sans crier gare durant un souper
chez des amis. Sur le quai d’une gare.
Au coin de la rue.
Et cela peut débuter par un sourire
comme par un malentendu.
On se croit, un bref moment, adversaires
pour se découvrir, pas longtemps après,
une sensibilité toute proche.
On se met à causer alors d’égal à égal.
Ce genre de rencontre ne commence
jamais par bonjour. On garde l’impression
d’une conversation qui a débuté bien
avant ce moment-là. On trouve un endroit
discret pour se raconter des choses qu’on a
toujours gardées secrètes pour la famille
comme pour les amis.
Puis on se quitte sans se dire au revoir.
Et c’est toujours mieux ainsi.
L'ART DE CHANGER DE CAFÉ
Dès qu'on s'installe dans un café, tout le reste
de la ville s'efface.
On passe du nous bruyant au je en sourdine.
Ce n'est pas un salon c'est un roman
dont on devient instantanément
un des personnages secondaires.
Ce qui nous permet d'entrer dans le café
et d'en sortir sans toucher à la trame du récit.
Tout ici ne se déroule pas toujours
de manière harmonieuse
mais nous sommes des animaux capables
d'endurer les situations les plus inconfortables.
J'ai vu des gens subir sans broncher
le mépris de serveurs maussades
ou l'indifférence de leurs voisins de table
alors qu'il suffisait de traverser la rue
pour se rendre au café d'en face et changer
ainsi de roman ou de vie.
Tout au fond un homme sous une lampe allumée. Si concentré que je l'imagine sur une île déserte. Je m'avançai vers lui pour découvrir qu'il était en train de lire. Il leva lentement les yeux vers moi. J'avais en face de moi un animal en voie d'extinction. Le libraire qui ne cherche pas à vous satisfaire malgré vous. C'est ici que j'aimerais que mes livres finissent leurs jours. Chez cet homme presque grincheux qui les défendra contre ces butors qui ignorent qu'un livre est une somme de passions. P.162.
Augustin Trapenard accueille Dany Laferrière, pour "Un certain art de vivre" publié aux éditions Grasset. Sous la forme d'Haïkus et de maximes, l'académicien livre un récit intime et nous donne sa vision d'un certain art de vivre… Des maximes fulgurantes qui en trois lignes tentent de saisir le monde, un pèle mêle de sensations, de réflexions faites de pulsions de vie, d'ouverture aux autres, au monde et au rêve.
Il y a des sociétés dans lesquelles le jeu de l'amour est prédominant, c'est le cas en France. À l'origine de ce livre un chagrin d'amour réel ou imaginaire dont le narrateur essaie de se remettre en partant à Bornéo. Au fond on en revient toujours à l'amour lorsqu'on parle d'art de vivre. Ici le narrateur plongé dans une mélancolie amoureuse s'attarde sur ces petits plaisirs simples qui font la beauté de la vie et le rapport au temps.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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