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Critique de migdal


Le vendredi 3 avril 33, veille de la Pâque, à Jérusalem, Ponce Pilate est face à Jésus et les évangiles rappellent :
« Il y avait en prison le nommé Barabbas, arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans la sédition.
La foule étant montée se mit à demander la grâce accoutumée.
- Donc Pilate demande : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
- Les « grands prêtres » excitent alors « la foule » à demander qu'il relâche plutôt Barabbas.
- Pilate questionne : « Que ferais-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »
- La foule » répond à deux reprises « Crucifie-le ! ».
- Pilate alors, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour être crucifié. »

Mais que devint Barabbas ? Les évangélistes et les historiens sont muets sur son histoire ce qui offre un espace aux romanciers que Pär Lagerkvist, prix Nobel de littérature, occupe en 1950.

Libéré, Barabbas observe dans l'ombre l'exécution de Jésus, puis repart jouer au gendarme et au voleur et retourne à la case prison…

Hanté par le remords, Barabbas se demande pourquoi « le fils de Dieu » s'est laissé supplicier. Interné dans une mine concentrationnaire, il rencontre Sahak, un esclave converti au christianisme. L'enseignement de celui ci dépasse Barabbas mais il est sensible à son comportement charitable. le coeur est touché ; la tête reste obscurcie. Quand Néron accuse les chrétiens de l'incendie de Rome (18 juillet 64) et les condamne au martyre, Barabbas sans hésiter, mais sans vraiment comprendre, se range à leurs cotés.

André Gide, en octobre 1950, écrivait au traducteur (Lucien Maury) «  je ne pouvais qu'entrevoir à quel point le récit des aventures de Barabbas était lié à l'histoire de la crucifixion du Sauveur ; à quel point l'évolution trouble du bandit restait en fonction de ce qu'il avait vu sur le Golgotha, ou cru voir, et de tous les « on-dit » qui suivirent de près cette divine tragédie — dont devait dépendre par la suite le sort de l'humanité presque entière. Et c'est bien là le « tour de force » de Lagerkvist, de s'être maintenu sans défaillance sur cette corde raide tendue à travers les ténèbres, entre le monde réel et le monde de la Foi.

La dernière phrase du livre reste (volontairement sans doute) ambiguë : « Quand il sentit venir la mort dont il avait toujours eu si grand-peur, il dit dans les ténèbres, comme s'il s'adressait à la nuit : A toi je remets mon âme. »

Ce « comme si » laisse douter si ce n'est pas au Christ plutôt, et sans trop s'en rendre compte, qu'il s'adresse ; et si le Galiléen finalement « ne l'a pas eu ». Viciesti Galileus, comme disait Julien l'Apostat. »

Roman bouleversant qui interpelle le lecteur et l'introduit au mystère de la rédemption.

PS : ma lecture des mémoires de Ponce Pilate
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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