Mina aimait ces histoires jamais avares d’horizons. Elle furetait sans son imaginaire pour explorer de nouveaux rêves, pour se fondre dans des univers sans repères livrés à des désirs d’adolescente. C’était pour elle une sorte de voyage entrepris à l’abri de toute entrave. Une partance dépourvue de balises, une errance dans les contrées imprévisibles des envies et des espérances. Très souvent, dans ces livres, des pages avaient été arrachées, parfois pour emporter des images, parfois sans raison, inutilement. Si Mina s’offusquait de ces comportements, elle ne déplorait nullement ses pans d’histoire disparus. Au contraire, ces vides lui offraient des motifs supplémentaires pour envisager et construire. A son tour, elle apportait, à sa guise, la pièce manquante s’accordant ainsi une part dans l’aventure dont elle se faisait alors témoin actif.