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Citations sur Monde pluriel : Penser l'unité des sciences sociales (17)

Produit d'un long processus de division du travail, la sociologie participe de ce mouvement en ne proposant elle-même que des versions partielles et parcellisées de l'acteur et de la société. Pourtant, pour gagner en distanciation et en force explicative, elle devrait prendre pour objet la différenciation sociale des activités et l'ensemble de ses conséquences sociales et psychiques, au lieu de se contenter d'accompagner, et même d'épouser, jusque dans son mode de pensée, le mouvement différenciateur. (...)
À trop vouloir diviser, on ne se donne plus les moyens de comprendre la division (ou la différenciation) sociale des fonctions et ses nombreuses conséquences, tant sur le plan de l'organisation collective qu'en matière de constitution des patrimoines individuels de compétences et de dispositions.
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Le monde social, en tant que monde des relations interhumaines, peut se saisir dans ses grandes structures macrosociologiques comme dans certaines de ses singularités individuelles ou microcollectives. En étudiant à l'échelle individuelle des cas atypiques ou minoritaires tels que les réussites scolaires improbables en milieux populaires, les échecs scolaires inattendus chez les enfants de parents diplômés du supérieur, les actes criminels, les cas pathologiques (névroses, psychoses, anorexie, boulimie, etc.), les actes de suicide, etc., on ne passe pas de "facteurs sociologiques" à des "facteurs psychologiques", mais d'une analyse par grandes variables à une analyse plus précise et circonstanciée dans la réalité. (...)
Le temps où les sciences sociales pouvaient exclure l'individu de l'analyse pour se consacrer uniquement à l'étude des "milieux", des "groupes" ou des "institutions" devrait désormais être définitivement résolu.
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Comprendre pourquoi des individus particuliers, anonymes ou célèbres, ou des groupes sociaux, petits ou grands, font ce qu'ils font, pensent ce qu'ils pensent, sentent ce qu'ils sentent, disent ce qu'ils disent, voilà condensé en quelques mots l'ambitieux objectif des sciences humaines et sociales (...). Cet objectif, il me semble que ces sciences l'atteignent d'autant plus précisément et avec d'autant plus de pertinence qu'elles saisissent les pratiques au croisement des propriétés sociales des acteurs et des propriétés sociales des contextes dans lesquels ils inscrivent leurs actions.
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Les notions mêmes d'"univers", de "monde", de "sphère" ou de "champ" - sans doute indispensables du point de vue analytique - doivent être utilisées avec précaution si l'on veut éviter de donner l'impression de réalités fermées sur elles-mêmes sans interpénétration ni interaction. La spécificité de chaque domaine de pratique, portée par des spécialistes ou des experts, n'empêche pas les jeux d'interdépendances - de complémentarité, de soutien, de coopération ou de tension, de concurrence, de contradiction ou de domination - constants.
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L'irréductible diversité des points de vue de connaissance ne signifie pas l'impossibilité d'un accord quant à la scientificité des travaux (...).
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Tout chercheur qui s'efforce, dans des recherches empiriques déterminées, d'atteindre le point d'équilibre explicatif entre, d'une part, l'étude des propriétés sociales incorporées des acteurs et, d'autre part, celle des propriétés sociales objectivées des contextes, combine inévitablement un dispositionnalisme et un contextualisme. (...)
Pour résumer [cette] démarche scientifique (...), on peut énoncer la formule suivante :

Dispositions + Contexte = Pratiques
[Ou : "Passé incorporé + Contexte présent = Pratiques observables"]

Les pratiques considérées (qu'il s'agisse d'un "choix" alimentaire ou vestimentaire, sportif ou politique, d'un comportement scolaire ou économique, sexuel ou culturel, professionnel ou familial, etc.) ne se comprennent donc que si l'on étudie, d'une part, les contraintes contextuelles qui pèsent sur l'action (ce que le contexte exige ou sollicite de la part des acteurs) et, d'autre part, les dispositions socialement constituées à partir desquelles les acteurs perçoivent et se représentent la situation, et sur la base desquelles ils agissent dans cette situation.
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Prendre conscience de la variation des échelles d’observation utilisées, des niveaux de réalité sociale visés et des types de faits sociaux utilisés, c’est paradoxalement, gagner en largeur de vue et ressaisir l’unité des sciences humaines et sociales que la diversité des travaux finit par masquer aux yeux mêmes de ceux qui les produisent
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Plus [les] acteurs ont fréquenté des contextes sociaux (et socialisateurs) hétérogènes et plus cette fréquentation a été précoce, au sein de la configuration familiale (...) ou du fait de la diversité des contextes socialisateurs (...), plus ils sont porteurs de dispositions hétérogènes et parfois contradictoires. Les dispositions n'agissent pas de manière permanente mais seulement en fonction des contextes d'action qui se présentent. On n'a pas affaire alors à une actualisation systématique des mêmes dispositions (du même système de dispositions ou de la même formule génératrice des pratiques), mais à un jeu plus complexe d'activation et d'inhibition des dispositions incorporées qui peuvent se combiner partiellement entre elles dans certaines situations, ou fonctionner parfois indépendamment les unes des autres dans d'autres situations. Dans tous les cas, si des dispositions permanentes (transcontextuelles) peuvent exister, elles ne sont pas toutes de cet ordre. (...)
L'habitus [de Pierre Bourdieu] comme "système de dispositions durables et transposables" n'est [donc] qu'un cas du possible, un cas particulier parmi l'ensemble des patrimoines individuels de dispositions et de compétences observables. (...)
L'idée même de l'habitus comme "principe générateur et unificateur" des comportements, comme "formule génératrice des pratiques", permettant de penser "de manière unitaire" les différentes dimensions de la pratique d'un individu ou d'une classe d'individus donnés, pose problème dans la mesure où elle donne l'impression que l'ensemble des dispositions incorporées par une personne au cours de son existence forme un tout, un système complet fonctionnant "comme un seul homme", au sein duquel l'ensemble des dispositions sont solidaires les unes des autres et se fondent en un principe unique.
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La division scientifique du travail invite presque "naturellement" les chercheurs à étudier les pratiques des individus dans un seul domaine (scolaire, familial, conjugal, culturel, lectoral, électoral, artistique, professionnel, religieux, etc.). Cet état scientifique des choses est directement en lien avec le processus de division sociale du travail ou de différenciation des fonctions ou des activités ; il en est même l'une des manifestations. La trop grande division du travail scientifique et l'hyperspécialisation des connaissances qui en découle peuvent ainsi constituer un obstacle au développement de toute vue d'ensemble sur le monde social, à la compréhension des structures invariantes (dispositifs de pouvoir notamment) qui se déploient dans des sphères d'activité très différentes et à la saisie des principes explicatifs de certains phénomènes, mais aussi à l'appréhension du social à l'échelle des variations intra-individuelles des comportements.
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Rapporter les modèles théoriques ou les grilles d’analyse aux niveaux de réalité sociale visés, aux échelles d’observation adoptées, aux types d’objets étudiés et aux problèmes que l’on soulève à leur sujet, c’est se donner la possibilité d’y voir dans la diversité et de ressaisir les différents travaux de recherche comme autant de réalisations partielles d’un programme plus général d’étude des comportements humains
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