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EAN : 9782012792647
372 pages
Hachette Littératures (04/02/2006)
3.79/5   12 notes
Résumé :

Bernard Lahire est professeur à l'université Lumière Lyon II, membre de l'Institut Universitaire de France et chercheur au Groupe de recherche sur la socialisation (CNRS). Il est notamment l'auteur de Tableaux de familles (Gallimard/Seuil, coll. " Hautes Etudes ", 1995). L'homme que les sciences humaines et sociales prennent pour objet est le plus souvent étudié dans un seul contexte ou à partir d'une seule dimension. On l'analyse en tant qu'élève, trava... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre se voulait "innovant" en proposant une approche "nouvelle" de la théorie de l'action et de l'acteur mais malheureusement, Bernard Lahire se perd un peu en partant dans tous les sens. L'Homme est un être hétérogène, c'est-à-dire le produit de plusieurs socialisations avec des résistances et des contre-pieds. Ok... Mais c'est tout ? Sincèrement, cet ouvrage est décevant car Lahire ne nous apporte rien de plus à ce que nous pensons ou aurions pu penser pour ceux qui ne sont pas encore penchés sur la question de l'acteur.
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C'est un essai plutôt aride développant de nombreux thèmes centrés sur l'individu dans chacune de ses dimensions : personnelle, professionnelle, sociale. ; ses croyances, ses comportements, ses habitus; son rapport au corps, ses interprétations.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les pratiques ordinaires d’écriture en action
Mémoire incorporée, mémoire objectivée

Il faut, pour commencer, prendre très au sérieux l’interprétation endogène qui consiste à dire que l’on n’écrit pas dans sa vie domestique, que l’on n’utilise pas ces petits moyens d’objectivation, parce que les capacités mnémoniques sont encore bonnes. En effet, ceux qui ne sont pas des habitués du pense-bête écrit, de la liste de commissions, de la liste de choses à faire, des notes prises au moment d’une discussion par téléphone ou préalables à un appel téléphonique, des annotations sur agenda ou sur calendrier, etc., évoquent fréquemment leur « bonne mémoire ». Certains pratiquants parlent aussi, par exemple, de l’agenda comme « mémoire centrale » (selon l’expression d’une femme à fort capital scolaire) ou avouent la faillibilité d’une mémoire trop incertaine. D’une manière comme d’une autre, qu’on en soit adepte ou qu’on les rejette totalement, les écritures ordinaires semblent, dans les lieux communs, être au cœur de la question de la mémoire : mémoire objectivée, elle se différencie de la mémoire incorporée.

Les mères de famille « à temps plein », qui ont constamment en tête tous les soucis du groupe familial, n’ont ainsi parfois pas besoin d’écrire les choses, leur mémoire incorporée étant mobilisée, activée en permanence. Une mère au foyer dont le mari est ouvrier spécialisé déclare : « J’ai une bonne mémoire. Je me rappelle de tout ce que je fais. C’est moi qui lui [son mari] rappelle : "Tu dois faire ça, et ça, et ça", donc c’est moi la mémoire. Oui je garde tout dans la tête. » De même, lorsque l’on a fréquemment l’occasion de faire l’inventaire, dans sa pratique domestique quotidienne, de l’état du stock de produits alimentaires, la mémoire incorporée est constamment activée et la liste de courses écrite devient moins nécessaire (« [en passant dans les rayons] ça me rappelle qu’est-ce que j’ai et qu’est-ce que j’n’ai pas »).

[…] Dès lors que l’écriture n’est perçue que dans sa fonction mnémotechnique, elle est pensée comme une sorte de palliatif à une mémoire déficiente. Les pratiques d’écriture peuvent donc être perçues négativement par ceux qui répondent fièrement qu’ils n’ont « pas besoin de cela pour le moment », comme s’il avait été question d’une paire de lunettes venant compenser une baisse de vue ou d’une canne pour s’aider à marcher. Utiliser l’écrit marquerait ainsi l’existence d’un handicap, d’une difficulté. Ces enquêtés rejoignent ainsi, sans le savoir, la critique émise par Platon dans le Phèdre. Opposant la mnèmè comme mémoire vivante à l’hypomnesis comme remémoration et consignation, Platon nous dit, par la voix de Socrate, que l’écriture n’a pas résolu le problème de la mémoire vivante et que, bien au contraire, elle contribue à la détruire un peu plus en libérant les hommes de l’obligation de faire l’effort de se les rappeler (certains enquêtés disent même « se forcer » ou « s’obliger » à ne pas écrire pour « faire travailler » leur mémoire).
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On argumente et critique d'autant mieux qu'on a intériorisé les raisonnements tenus et déployés par d'autres, dans toute leur complexité et sans caricature. L'intériorisation systématiquement des "points de vue" scientifiques les plus divers sur le monde social est le meilleur moyen d'être en mesure de développer à son tour un "point de vue" propre. (p. 15-16)
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Il est important de souligner que le social ne se réduit pas aux rapports sociaux entre groupes et notamment à des différences socioprofessionnelles, socioéconomiques ou encore socioculturelles, si on ne veut pas laisser penser que les différences plus fines ne sont plus socialement engendrées et que, par conséquent, les structures cognitives, émotives, sensibles..., individuelles sont hors de l'intellection sociologique. Le social, c'est la relation. (p. 342)
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Les petits mots écrits échangés entre les membres de la famille permettent de marquer sa présence symbolique affective (« Bonne journée. Je vous embrasse. À ce soir »), de rappeler des choses à faire à l’intention des enfants ou du conjoint (« Pense à passer prendre les vêtements au pressing » ; « Mets le poulet au four vers 19 h, thermostat 7 »). Ils jouent ainsi un rôle organisationnel et affectif indéniable au sein de l’univers familial.
En effet, lorsque la famille est éclatée, dispersée par les horaires (scolaires, professionnels...) diversifiés des uns et des autres, les petits mots écrits laissés à un endroit convenu (là où tout le monde passe : sur la table de la cuisine, à l’entrée, près du téléphone...) contribuent à maintenir, malgré tout, les liens familiaux.
Ces mots qui contribuent à entretenir les liens matériels et symboliques entre les membres de la famille sont en grande partie liés à l’activité féminine professionnelle : pour maintenir le rôle que la division sexuelle du travail domestique lui confère, la femme peut utiliser ce moyen pour marquer sa présence malgré son absence, pour organiser les activités familiales même si elle n’est pas – plus – physiquement présente (« Si ça m’arrive, mais des petits mots.
Par exemple, mon mari est absent, comme je suis aide ménagère, des fois on me téléphone pour faire des dépannages. En principe, je finis à quatre heures, des fois on me dit : "Vous me dépannez. "Alors donc je laisse un petit mot : "Ce soir je finis à six heures. Faut mener... à tel endroit" ou "... N’oublie pas de faire ci, de faire ça." Ou un coup de téléphone : "Il faut rappeler à telle heure Les mères étant tacitement ou explicitement chargées par le groupe familial du maintien et de la recomposition des forces de fusion (face aux forces de fissions et d’éclatement, Bourdieu, 1994, p. 11), ce sont elles qui produisent l’essentiel de ces petits mots.
L’échange est donc souvent très inégal : si les mères donnent, elles ne reçoivent pas toujours en échange. Une femme au foyer (femme d’un avocat) parle ainsi de ces petits mots comme un moyen d’« accentuer le lien entre les membres de la famille », de conserver les liens familiaux malgré les activités différentes et les rythmes différents d’activité des uns et des autres.
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Les paroles n'attendent pas (dans la tête ou la bouche des enquêtés) qu'un sociologue vienne les "recueillir". Elles sont le produit de la rencontre d'un enquêté doté de schèmes de perception, d'appréciation, d'évaluation... construits au cours de ses multiples expériences sociales antérieures et d'une situation sociale singulière [...]. (p. 134)
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Bernard Lahire vous présente son ouvrage " Les structures fondamentales des sociétés humaines" aux éditions La Découverte. Entretien avec Jean Petaux.
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