tu vois d'avance dedans la main des autres
une laisse attachée sur demain
un sens canin venu de ta mère, un prédire
ton syndrome de Cassandre
Tout le poids du passé dans tes cheveux détachés tire vers l'arrière
le jour où je les couperai, dis-tu
les ciseaux à la main
je mourrai de ma mère
et des laits de colère auxquels elle m'a nourrie
Tu essuies avec des pissenlits tes larmes de sang frais
maquillée de nature tu manges les racines
Viens te frotter à ma main que je te définisse
Tu n'as eu qu'à poser le bout gras de tes doigts
sur mon corps déjà scié sec par l'habitude
pour compter une à une les lignes et les noeuds
les nervures les cicatrices
comme tu l'aurais fait
pour un vieil arbre tordu
planté par ton grand-père
abattu vif par ton père
pour mieux chauffer ta mère
afin d'apprendre son âge
Tu mets tes cheveux dans tes yeux, pour ne rien voir venir
et cacher de douceur le pire et l'essentiel
tu bouffes de la terre comme une bête angoissée
tu devances la tourbe qui t'ensevelira
et pousse tout un royaume au fin fond de ta gorge
tu presses entre tes crocs les pierres
le sédiment d'histoire, le mica des colères
plus tard les pissenlits, les faux foins
te pousseront dans les yeux
L’argenterie de tes griffes à polir
léguée par ta grand-mère des années de saleté
l’usure Ali-Baba
une corvée heureuse si tu fais patte-patte
patte-patte
sur mon ventre
Le souffle de ta rage arrache tout ce qui passe
les cerfs-volants
les fiers à bras
et moi dedans comme un vieux cul
à laver l’œil de ta tempête
Tu lis avec ta langue
ce que tu sens tu le sais
la ferrure du braille la paume à vif ou le five o’clock tea