LA CHUTE DE LA GRANDE ROUE
Parmi les débris
De la grande roue
À l'aube on ramasse
Des poèmes
Le train fantôme
A repris son service
À la loterie on gagne
Des lots à deux sous
La poignée de ficelles
Du destin
p.22
LES GRILLONS CHANTENT LA NUIT
Il pleut
Une petite pluie plus
Nue que d'habitude
D'où me vient
Cette peine qui n'est
Pas mienne
Ce fonds d'abysses
Cette fosse d'étoiles
Et de coraux
Sous une averse
Triste de pleine lune
p.29
Au fond des ténèbres…
Au fond des ténèbres
Des lampes veillent
Sur l’univers
Et brûlent sur la terre
Les briquets
Obstinés des poèmes
Dans la nuit africaine
Des origines obscures
La minuterie
Avare de nos souffles
Compte les
Secondes de l’humain
On court sur les verres
Pillés des morts
Charniers et dépotoirs
Composts de paroles
Torches des méthanes
Des chants dans la nuit
En dehors et autour
Pour l'enterrement
Du soleil
Au retour de chaque
Week-end
On faisait la queue au
Péage de
L'autoroute de la mer
On allumait les phares
Pour ne pas
Emboutir le pare-choc
De l'ombre
Qui roulait devant nous
p.90
En dehors et autour
C'était un pays de brumes
Impénétrables et tenaces
On ne savait s'ils parlaient
D'eux-mêmes ou d'ailleurs
Il n'y avait pas de balcons
Seulement des rideaux de
Velours tirés sur la fenêtre
On allumait les lampes en
Plein jour sans voir dehors
p.89
En dehors et autour
Je n'aurais jamais cru
Qu'on pouvait mettre
Tout cela dans l'auto !
Disait celui qui partait
En voyage
Les étoiles
Se contentaient de tenir
Sur le porte-bagages
p.88
LES GRILLONS CHANTENT LA NUIT
Toute chose vit et meurt
Est-ce d'aimer
D'être aimé qu'on meurt
Et pourquoi ce regret
Qui ne vient pas de moi
Que l'horizon s'efface
Et l'éphémère de même
p.35
LES GRILLONS CHANTENT LA NUIT
Les cortèges funèbres
Ne reviennent jamais
Sur leurs pas
Ils font semblant
De savoir où ils vont et
Personne n'ôte
Le chapeau qu'il n'a pas
Sauf le ciel
Sur ses vieilles calvities
p.39
LA CHUTE DE LA GRANDE ROUE
Quand il faisait trop
Moche pour monter
Comme à la guerre
Se cachent les oiseaux
On regardait muets
Les cabines désertes
Tourner dans le vide
C'était un tour pour
Rien un dernier tour
Gratuit pour les morts
p.15
LA CHUTE DE LA GRANDE ROUE
Elle tournait très
Lentement chacun
À son tour avait
Le droit d'y aller
Nous faisions signe
Aux gens d'en bas
Minuscules et qui
Voulaient monter
Le poème qui parlait
De la lune n'était pas
Ridicule mais perdu
À cause de la hauteur
p.14