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EAN : 9782862749877
237 pages
Le Cherche midi (27/05/2002)
3.67/5   3 notes
Résumé :
« Alexandre Vialatte, à propos de certaines chapelles parisiennes, parlait de littérature tribale. Dans le pré carré francophone de Belgique, les poètes, depuis De Coster jusqu'à nos jours, ont mis leur point d'honneur et poussé leur génie à ne ressembler à personne – c'est bien le moins – mais encore à n'être pas réductibles aux modes proposées, ni même assemblables entre eux ou alors si peu ! Ce qui pour une anthologie relève du paradoxe, mais sauvegarde le côté i... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Souvenir que nulle eau n’effaça

Rien ne grandit ici qui n’ait le poids de l’ombre.
La nuit même se cueille avec des gants de suit
Et son bouquet se fane entre les mains des pluies
Et l’on dit que son cœur est plein de graines sombres.

Le monde surprenant des bêtes endormies
Glisse dans les chemins et laisse un long remous
De sueur et de lait à la robe des loups.
Les pieds dans les cailloux, je l’attends, mon amie.

Car sans toi ma journée est perdue et s’en va,
Comme tant de journées, se mêler à l’oubli,
Si tu lèves le bras, les murailles d’orties
N’arrêtent plus le sang de couler sous pas.

Je ne vois pas tes yeux mais je sais comme ils brillent.
Le vent noue à ton cou son collier de fraîcheur.
Tu pousses les verrous des portes de la peur
Et tu n’écoutes plus ce que les soldats crient.

L’un a perdu la voix et sa besogne est faite;
L’autre reste les bras ballants devant la vie
Et défait le cocon d’un sommeil de charpie.
Pour moi le jour s’avance avec ses chants de fête.

S’il se mêle à cette aube un goût de tragédie
Il vient d’un souvenir que nulle eau n’effaça
Ton amour s’il me manque est un jeu de forçat
Et mon cœur pique au mur sa triste broderie.

Il pousse au bord des champs de grandes feuilles rouillées
Qu’aucune main n’arrache aux mortelles caries.
Les pâles tournesols surveillent les prairies
Et penchent leur œil noir vers les herbes mouillées.

Quelle fronde a brisé le fil des rêveries?
On n’entend plus le bruit du vent dans les villages.
La guerre a devancé dans la plaine l’orage
Et disperse ses morts sous des terres fleuries.

Il ne se passe rien, mais on ne sait quel feu
Réveille dans le chant d’un oiseau la folie
De la terre et des cieux. Les désastres s’oublient
Trop vite et la lavande enlève ses bas bleus.

Albert Ayguesparse
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L’oiseau tardif

Un jour les hommes ont été de grands oiseaux
Dont l’ombre glisse encore aux mutismes des eaux.
Ils saluaient en l’air de plus légers plumages
Et les becs étonnés leur cousaient un sillage.
Voler est une aisance analogue au sommeil :
Balançant leur magique indolence des plantes
Ils n’étaient point troublés si leurs rémiges lentes
Heurtaient les jambes invisibles du soleil…
Puis la lenteur, de pouvoir sûr, devint paresse
Et, repris par la terre aux plombs du piège ancien,
Dans la facilité d’un prodige qui cesse
Ils ont tout oublié. Pourtant je me souviens
Qu’aux temps du vol je ne pouvais suivre mes frères
Sinon des yeux, et jalousais en solitaire
Par les longueurs d’été le cirque aérien.
Car j’étais un oiseau de l’espèce tardive,
J’avais manqué le train du ciel! Mais à présent
Je ne comprends pas bien quelle fortune arrive
À mes épaules que je vois s’élargissent…
Tout mon poids d’homme en vibre, et peut-être ces ailes,
De pousser hors saison celles-ci, tiendront-elles?

Robert Vivier
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J’aurai vécu, brûlant les âmes et les heures,
victorieux de l’homme, impatient de Dieu,
régnant, déchu, désert, amoureux de mes leurres,
mêlant le songe au mal et la prière au jeu.

Pour taire la douleur et conjurer la peine,
j’assemblais un langage en forme de chanson,
payant, heure après jour et jour après semaine,
mes trésors inventés par de tristes rançons.

Je laisserai sur terre une plus frêle piste
que le vol de l’oiseau qui dans l’air a glissé.
Quelque jour, mon enfant touchera d’un doigt triste
mes livres entr’ouverts et mes missels glacés.

Je fus ce qu’il sera : la ferveur, la tendresse…
Les anges de l’amour sur mes songes régnaient.
Et voici tout à coup. si je veux qu’ils renaissent,
la douceur me mettant mille anneaux au poignet…

Voici l’été. Voici les saisons en allées,
le sable chaud, l’odeur des roses au soleil,
l’aventure attendant au détour de l’allée
tout un bonheur lointain qui ressemble au sommeil.

Charles Bertin
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Être dite
que la parole me précède
m’évide
se tire de moi
que je m’arc-boute contre elle
souveraine
et que je lui résiste
qu’elle me disperse
que je sois la pulpe des mots
le pouls du langage

m’engager dans la rue
me perdre dans l’irrigation d’un pétale

tout habiter
que soit dit le ténu
le frêle
et qu’au-delà la mer m’emporte

Claire Lejeune
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Qui déchiffrera le livre?

Qui déchiffrera les signes du livre
Et les signes déposés alentour des choses à ne pas dire

Et des choses à ne pas franchir

Qui?

Le temps qui efface tout
Et efface le Tout?

Ou serait-ce l’ombre du temps?

Ou serait-ce encore l’effacement qui te porte
Et te porte infiniment dans le livre?

Yves Namur
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Videos de Werner Lambersy (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Werner Lambersy
Avec Arthur H, Rim Battal, Zéno Bianu, Kent, Abdellatif Laâbi, Mélanie Leblanc, Hervé le Tellier, Marie Modiano, Jean Rouaud, Mylène Tournier, Hélène Arntzen (saxophone) & Sébastien Volco (claviers)
Cette anthologie du Printemps des Poètes rassemble plus de cent poètes francophones contemporains autour du thème de l'éphémère. Là où dansent les éphémères se veut un témoin du foisonnement de la création poétique actuelle. Ici, aucun courant poétique ni aucune doctrine littéraire ne font la loi. L'anthologie est constituée essentiellement d'inédits.
Le livre est dédié aux poètes disparus en 2021 : Philippe Jaccottet, Bernard Noël, Werner Lambersy, Joseph Ponthus et Matthieu Messagier.
À lire – Là où dansent les éphémères – 108 poètes d'aujourd'hui, Anthologie réunie par Jean-Yves Reuzeau, le Castor Astral, 2021.
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