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3,47

sur 58 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A 17 ans, Margot est mal dans son corps abusé et dans sa tête, c'est le fatras. Une famille dépassée par les évènements, une grand-mère qui ne se démonte pas face aux révélations de sa petite fille.

Le décor est planté, mais mal installé.

Après avoir consulté plusieurs médecins, qui ne parviennent à la comprendre et la soulager, elle échoue, -car son paquetage est bien lourd-, dans un cabinet d'un psychiatre Achille Donnelheur.

Ses mots sont des silences, corsetée, elle a du mal à parler, face à cet imposant thérapeute, la pipe au bec.

Grâce à sa grande éloquence, il va l'aider à démêler les noeuds qui l'enserrent et une relation de confiance s'installe. Alors, elle se déverse, mais évite le sujet de la sexualité, qui pourtant intéresserait bien d'aborder Achille….

Margot prend des notes sur un petit carnet pour garder en dépôt les mots de cet homme prolixe, qui se réfère souvent à la littérature pour confirmer ses propos dans ses joutes verbales, car il ne fait pas dans la dentelle. Il la remet en cause, la triture, l'entraîne dans les tréfonds de son âme, mais pourtant Donnelheur devient un mentor pour elle, un sauveur, elle lui doit presque tout, elle va mieux.

Il a su trouver les mots pour apaiser ses maux, ses bleus invisibles, pour changer dans sa tête d'autoroute.

Les contours de la relation semblent posés, mais ce confident va s'avérer délétère, énervé, colérique quand elle reviendra vers lui après s'être empêtrée à nouveau dans un mauvais terreau.

Parviendra-t-elle à s'affranchir de cet homme de plus en plus pressant, comme un ogre qui cherche à la dévorer ?
Parfois, on ne sait pas à qui on parle…

Nous en resterons là
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Douloureux. Prenant. Malsain.
Je ne pensais sincèrement pas lire ce roman quasiment d'une traite. Ce roman devrait parler de l'inceste, de la manière dont la victime se reconstruit, dont la famille fait face, aussi, à la révélation de ce secret. Et ce n'est pas du tout de la manière dont on pourrait s'y attendre. Non, ce roman n'est pas que cela, même si ce serait déjà beaucoup. il traite surtout de l'emprise qu'un psychiatre peut avoir sur sa patiente. 
Certes, il va beaucoup aider la jeune femme - dans un premier temps. Avant de l'enfoncer - dans un second temps. Ce docteur, psychiatre et psychanalyste (autant je respecte les premiers, autant j'ai du mal avec les seconds) est très renommé, il est le meilleur, il est donc insoupçonnable, intouchable, inattaquable. Et qui y songerait ? Personne. Pas même la narratrice, qui nous raconte comment, à un moment du récit, elle a dû se reconstruire - malgré lui - comment elle s'est détachée - malgré lui, toujours. 
Un roman que je n'ai pu quitter sans un sentiment de malaise, sentiment que j'ai toujours en écrivant cet avis. 
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Je tiens à remercier toute l'équipe de Babelio pour m'avoir sélectionnée lors de cette dernière Masse Critique ainsi que les Editions du Rocher qui m'ont envoyé cette petite pépite.
D'une écriture fluide et délicate, Chloé Lambert aborde ici la relation thérapeutique, le lien mystérieux qui relie le psychiatre et son patient et les questions fondamentales qui en découlent : comment se lier sans dépendre ? Comment soigner quelqu'un sans le rendre dépendant de ses soins ?
Les personnages ,habilement construits, du Docteur Achille Donnelheur et de Margot sa jeune patiente rendent ce roman véritablement addictif.
Margot a treize ans quand elle commence à subir, chez ses grands-parents paternels, les caresses de son oncle Éric, un étudiant de vingt-quatre ans puis deux ans plus tard vient l'inceste, pratiquement sous les yeux de ces mêmes grands-parents qui ne veulent pas voir. Elle échappe ensuite de peu à la lubricité d'un dermatologue lors d'une consultation et s'en ouvre à ses parents qui minimisent ce qui est arrivé. Il faut dire que Margot est issue d'une famille où il y a de nombreux médecins. On ne met donc pas en cause la fonction médicale.
Toujours est-il qu'à dix-sept ans , Margot est malade, elle soufre de migraines et de l'estomac, elle ne nourrit à peine, s'évanouie fréquemment et voit ses résultats scolaires chuter irrémédiablement. Elle se renferme sur elle-même et dissimule son corps sous des vêtements informes.
Rendez-vous est pris avec le psychiatre Achille Donnelheur qui va progressivement parvenir à gagner sa confiance, l'écouter et mettre des mots sur ses maux : sidération, abus sexuels, inceste et meurtre d'âme. Il va l'aider à y voir clair sans jamais juger. Trois années de psychanalyse plus tard, il lui annonce qu'elle n'a plus besoin de lui. Mais deux années de fréquentations toxiques l'ont à nouveau fragilisée et la ramènent auprès de son psychiatre. Suivrons ensuite, sur l'insistance de ce dernier, quatorze années d'analyse quand enfin le bon Docteur Donnelheur lui dit : « Nous en resterons là » . Ce ne fût pas le cas…
Ce roman développe le rôle du psychiatre et comment il peut aider son patient, lui qui est formé pour cela. Nous voyons cette relation du point de vue de Margot. C'est la relation asymétrique du langage et de la vie psychique d'une adolescente quand elle a affaire à quelqu'un qui en sait plus qu'elle. On la voit en attente, étonnée, confiante ou non envers cet homme qui est un soignant de la vie psychique justement. Nous assistons aussi dans ce roman à ce que la psychiatrie nomme « la confusion des langages », l'adulte tient un langage et l'adolescent entend autre chose , ce qui est source de malentendus.
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Margot est une enfant que l'on accuse de sensualité lorsqu'elle est victime d'inceste par son oncle de dix ans son aîné dans le secret du foyer des grands-parents, qui couvrent les abus sexuels de leur fils. Elle grandit pour devenir une adolescente traumatisée, les organes en vrac, en quête de réponses et de guérison, et, là où tous les médecins du corps ne savaient trouver de solution, Achille Donnelheur a réussi à mettre des mots sur les maux qui agitaient son coeur. Il l'aide à se souvenir, à accepter, et à se définir dans son passé. Margot reprend pied, ressemble de plus en plus à l'enfant qu'elle était, elle devient une jeune adulte idéaliste et curieuse. Tout cela grâce à son bon docteur, sans qui elle ne s'imagine plus vivre.

La thérapie s'arrête un jour pourtant ; pour mieux reprendre quelques années plus tard alors que Margot s'effondre sur elle-même. Toutefois le gentil psychiatre, le bon docteur qui l'avait guérie, n'est plus tout à fait le même. Achille est devenu capricieux, colérique, extrêmement sévère et se montre de plus en plus insatisfait par le développement de Margot. Elle essaie pourtant de suivre toutes les règles de l'exercice, mais il joue les girouettes avec les opinions émises lors de sa première thérapie et elle ne sait plus quoi faire des réponses qu'elle avait trouvées à l'époque. Margot finit même par se prêter au jeu de la psychanalyse pour faire plaisir à Donnelheur, qui voue un culte à la science de Freud. Allongée sur son divan, elle doit le voir trois fois plus souvent, elle doit l'écouter parler derrière sa tête de sujets qui la mettent mal à l'aise et le surprend même à mettre en place des contacts physiques, qu'elle considérait depuis des années comme un interdit tacite entre eux. Elle sent bien que la thérapie ne lui fait plus autant de bien, et elle se doute que son docteur n'est pas aussi sain qu'elle aimerait. Elle voit les signes d'une pente glissante, mais l'idée de perdre son psychiatre la terrifie et elle s'y engage les yeux bandés, isolée dans son admiration pour lui et la dépendance aux bons remèdes qu'il lui prescrit. Après avoir grandi et appris à s'épanouir en thérapie, Margot mûrit pour devenir une adulte dépendante, brisée par la trahison d'un être en laquelle elle plaçait toute sa confiance.



[Critique - Attention spoilers]

Les thèmes abordés
On ne va pas se mentir, les sujets traités par ce roman sont durs et la lecture s'en trouve parfois difficile : entre inceste, abus sexuel, emprise psychique, rapport au corps, pensées suicidaires et dépendance, Margot et le lecteur en voient de toutes les couleurs. Mais Chloé Lambert traite des sujets importants avec des mots choisis avec justesse et sensibilise son lecteur avec brio.

Je pense tout d'abord au sujet de la santé mentale. Margot l'écrit elle-même, la santé mentale, les troubles psychiques, tous ces problèmes qu'on ne peut pas saisir et guérir avec la médecine traditionnelle ou une bonne dose de magnésium ; dans sa famille, on préfère les passer sous silence. Margot se trouve donc seul face à ses démons, et c'est seulement lorsqu'un médecin spécialisé dans les troubles de l'adolescent la rencontre qu'elle trouve enfin l'aide et le suivi nécessaires pour oser effleurer des espoirs de guérison. Chloé Lambert décortique le processus de thérapie, présente les différentes étapes, la tactique et les règles établies par le psychiatre pour aider son patient à aller mieux. Elle décrit un métier difficile ; celui d'obtenir la confiance absolue de quelqu'un, d'obtenir qu'un inconnu vous ouvre son âme et que vous ayez la responsabilité de démêler tous les noeuds de sa psyché. Que ce soit pendant la thérapie plus traditionnelle, ou pendant le processus de psychanalyse, j'ai trouvé très intéressant la façon de décrire le déroulé des rendez-vous chez le psychiatre, de la phase de découverte dans la salle d'attente où Margot se sent comme une étrangère à la phase où la thérapie prend tout son sens, lorsque le patient se livre et que le docteur peut l'aider à comprendre. L'ensemble dédramatise un peu ce que l'on peut imaginer autour des maux de la santé mentale, il n'y pas besoin d'être « fou » pour avoir besoin d'un thérapeute et libérer la parole peut libérer le patient d'un fardeau lourd.

Ensuite j'ai trouvé que Chloé Lambert abordait les abus sexuels en général, et plus en particulier dans le cadre familial, avec des mots adaptés. Elle place sa protagoniste dans une situation complexe : elle cède aux avances d'Éric, cet oncle qu'elle adore de toute sa tendresse d'enfant, jusqu'à coucher avec lui. Elle se surprend à chercher ensuite ces rendez-vous avec lui, cette sensualité qu'elle trouve dans ses bras. À cette époque, personne ne la comprend. Quand, après son premier rapport avec Éric, elle craint d'être enceinte et que sa famille apprend qu'elle a couché avec un garçon, elle se trouve isolée. Seul Éric lui témoigne encore de la tendresse, de l'affection. Elle devient dépendante de tout cet amour qu'elle trouve chez lui, cette sympathie qu'on lui refuse désormais ailleurs. Quelques années plus tard, pendant sa thérapie, est traité le sujet de la culpabilité et de la responsabilité. Margot se demande : « Est-il nécessaire d'être responsable de quelque chose pour susciter des comportements ambivalents ou des réactions agressives et incompréhensibles ? ». Quand Achille Donnelheur est en colère, il s'amuse à ramener le sujet de l'inceste sur la table : il lui rappelle qu'elle n'a jamais refusé, peut-être voulait-elle consentir ? Elle s'est prêtée au jeu, alors peut-elle vraiment attribuer toute la responsabilité de l'affaire à Éric ? Est-elle vraiment victime ou a-t-elle participé à ce jeu malsain et interdit avec son oncle ? Margot s'interroge, remet en question son statut de victime. Son entourage la fait culpabiliser pour lui faire porter le chapeau, la mère d'Éric la dépeint comme une enfant perverse qui tournait autour de son fils dès l'âge de six ans. le psychiatre lui dit que finalement, elle a peut-être détruit sa famille volontairement en se tournant vers l'oncle Éric parce qu'elle détestait avoir un frère. Alors qu'elle était sous l'emprise de l'homme en lequel elle avait placé toute sa confiance et sa tendresse, il a profité de son influence pour abuser d'elle, mais elle hésite encore sur son statut de victime. Dans le cas d'agressions sexuelles, les victimes sont souvent culpabilisées, sur leur comportement, leur tenue, leur attitude, comme si elles étaient forcément responsables des déviances de leur agresseur. le sujet est remis sur la table et retourné dans tous les sens à travers l'histoire de Margot et j'ai trouvé cela très intéressant et accessible.

Pour en revenir sur le sujet de l'emprise, il était également très présent dans ce livre. C'est certainement, avec la thérapie et les abus sexuels, un de trois piliers du roman. Chloé Lambert y parle de l'emprise que peut avoir une figure, qui inspire tant confiance, à laquelle on se livre sans aucune méfiance. Dans les relations asymétriques qu'elle entretient, avec Éric, puis avec Achille, Margot se retrouve sous l'emprise de figures masculines plus âgées qui lui inspirent confiance et à qui elle a le sentiment de pouvoir tout dire. Puisqu'elle les aime, ils lui veulent forcément du bien aussi. Pourtant, ils finiront tous deux par la trahir de la même façon et elle en ressortira brisée. Dans le cadre pervers de la famille, puis dans celui confiné du petit cabinet où elle a passé son adolescence et sa vie de jeune adulte – dans des cadres de confiance – Margot est brisée par des hommes qu'elle aimait et admirait.



Les choix de narration/rythme
On se place dans la peau de Margot de par la narration à la première personne. Par son écriture dynamique et ses mots justement choisis, à travers ce personnage au langage souvent poétique et parfois fleuri, Chloé Lambert nous fait suivre facilement tout le fil de son roman : les stades de la guérison, de la rechute, les quêtes de réponses, les pertes de raison ; on découvre les doutes de Margot, ô combien reconnaissante et dépendante envers son docteur mais qui se doute que tout ne tourne pas toujours rond avec Achille Donnelheur. On a finalement l'impression de se plonger dans les notes que prend Margot en permanence, et par les tons employés aux différentes périodes, il est facile de se situer dans la temporalité de la vie de la patiente.
J'ai trouvé la dernière partie, « Répétition », particulièrement fortes. Toute la mesure, le respect éprouvé par Margot pour son docteur laissent place au mépris, à la colère inspirée par cet homme qui a profité de son ascendant pour faire d'elle ce qu'il voulait, forgeant son esprit selon ses propres convictions, alimentant la fascination paternelle qu'elle lui vouait, lui faisant revivre le drame incestueux de son adolescence alors qu'il devait l'en protéger. Dans cette partie, elle s'adresse directement à lui, elle l'apostrophe, lui donne des noms d'oiseaux et peste contre lui. Tout ce qu'elle n'avait jamais réussi à lui dire, elle s'en libère, avec violence. On sent sa colère, on déteste le docteur avec elle et on ressent toute l'ampleur de sa trahison.
C'est ainsi un livre extrêmement fluide, qui se lit très rapidement, ce qui est agréable.



Les personnages
Le roman tourne autour de la relation patient-docteur, on se trouve donc à beaucoup se concentrer sur le tandem Margot-Achille !

Margot, j'ai eu envie de la prendre dans mes bras plusieurs fois pendant ce roman. Peut-être que c'est parce qu'elle abordait la vie avec le langage psychique des enfants face à des gens qui en savent plus qu'eux. Peut-être que c'est parce qu'elle avait vécu suffisamment de choses horribles pour plusieurs vies. Peut-être que c'est parce qu'on la voit grandir, essayer tant bien que mal de sortir de sa douleur, pour tomber toujours sur de sombres individus qui la refont tomber. Margot est malheureusement le miroir de tant de femmes. Combien vivent des abus sexuels ? Combien tombent sous l'emprise d'un homme ? Combien s'engagent dans des relations toxiques qui les isolent ?
Le sujet du miroir revient plusieurs fois dans le roman. Margot n'arrive pas à affronter son reflet, elle fuit les miroirs, mais s'assure de saisir son existence en les croisant. Elle est victime de son propre corps, le déteste de tout son coeur. C'est le vaisseau de ces maux, c'est ce qui attire ces hommes qui l'ont touchée sans qu'elle le veuille, que ce soit l'oncle, le guide touristique ou le dermato de son adolescence, ou le psychiatre. J'ai eu beaucoup d'empathie pour Margot, parce qu'on voit qu'elle essaie de se démêler de l'emprise du psychiatre, qu'elle remet en question certaines de ses décisions, de ses analyses. Mais elle est seule au monde, elle n'a que lui ; si elle le perdait, elle le dit elle-même, elle n'aurait plus de raison de vivre. Cette jeune fille perdue m'a beaucoup touchée.

Concernant Achille, je l'ai détesté assez vite. Derrière ses manières mesurées et ses grands principes éthiques, il est aussi malade que sa patiente. Mais là où Margot ne fait du mal qu'à elle-même, il projette sur elle toutes ses craintes, lui fait du mal, la manipule. Il lui crée des problèmes pour pouvoir mieux les guérir, il la rend dépendante de lui et crée un cadre toxique. Alors qu'elle est terriblement mal à l'aise avec son corps et sa sexualité, il prend un malin plaisir à en parler, à en discuter plus fort que tous les autres sujets. Il fait d'elle son cobaye de psychanalyse. Il franchit souvent les limites.
Il évoque à Margot des grands-pères responsables pour l'acte incestueux sacrificiel qu'elle a subi comme une façon d'expier toute la haine familiale. C'est amusant qu'il insiste autant sur la responsabilité des papis quand on sait que lui-même pense être le fruit d'une relation incestueuse entre sa mère et son grand-père. Il semble transférer tout son passif familial sur Margot. Il n'a pas obtenu de réponse à ses questions, alors il fait douter Margot de toutes les certitudes qu'elle avait réussi à construire.
Puis un beau jour, il transgresse l'interdit. Il lui fait revivre l'expérience de l'abus sexuel, mais aussi quelque part de l'inceste, elle qui le considérait comme un deuxième père et qui lui portait un amour d'enfant admiratif. Dans ce cabinet où elle a appris à vivre de nouveau et à aimer, il s'impose à elle, la viole. Moi aussi, j'étais bien contente qu'il soit mort ce psychiatre abusif. Mais j'aurais préféré qu'il soit confronté à son crime, lui qui savait très bien quelles ficelles tirer pour manipuler le coeur de Margot. Pendant dix-sept ans de thérapie, il instille le doute sur sa responsabilité de l'inceste, insinuant que qui ne dit mot consent. Avec lui, elle a pourtant bien exprimé son refus, mais cela ne l'a pas empêché de passer à l'acte. J'ai détesté de tout mon coeur de lectrice cet infâme personnage abusant de tous ses pouvoirs ; et je suppose que c'est synonyme d'un roman bien écrit quand on hait à tel point un personnage fictif.

Les autres personnages, beaucoup plus absents, sont aussi intéressants. On s'interroge sur ce grand-père Alfred qui est témoin des abus de son fils sur sa petite-fille mais qui ne dit rien. On a de la peine pour les parents de Margot qui font tout pour aider leur fille sans comprendre ce qu'elle a subi, qui la soutiennent et l'épaulent quand elle a besoin de leur aide pour confronter les complices de l'inceste. Il y a aussi l'ours, et puis Pénélope, qui a leur façon jouent un rôle très important dans la vie de Margot, même si on ne les voit que très par rapport à Achille.



Pour conclure :
« Nous en resterons là » était donc pour moi un beau roman, touchant, bien ficelé, abordant des sujets marquants. C'est une lecture que je recommande, pour les âmes averties qui se sentent capables d'aborder les sujets évoqués précédemment. Bonne lecture à tous !

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Nous en resterons là, voilà ce que Margot ne veut pas entendre de la part de son thérapeute. Elle a besoin de lui. Un besoin qui donne du pouvoir à cet homme sur elle. Que se passe-t-il quand la bulle de la psychothérapie devient oppressante et dangereuse pour le patient ?

L'histoire : Margot n'arrive plus à s'alimenter et fait régulièrement des malaises. Les médecins que ses parents lui font voir ne trouvent pas le problème. L'une des spécialistes l'oriente vers un psychiatre. C'est lui qui va détecter les raisons de ces dysfonctionnements physiques et la suivre pendant 17 ans. Au fur et à mesure des séances Margot se met à admirer et idolâtrer le médecin. Elle ne peut plus se passer de lui. Mais petit à petit le comportement du thérapeute change et de pilier nécessaire à son bien-être il devient prédateur.

Retour de lecture : le résumé de “Nous en resterons là” m'avait donné très envie d'essayer. Je m'attendais à un roman un brin thriller qui nous plongerait dans la machination sournoise d'un thérapeute face à une patiente. Finalement je n'ai pas complètement retrouvé ça. Par contre, l'autrice réussit avec brio à instaurer une relation de plus en plus malsaine entre Margot et ce très cher docteur Donnelheur. Ce sont des réactions, des retards, des mots, du poison qui s'infiltrent dans la thérapie et pour lesquels Margot va chercher des excuses.

Thèmes : Inceste, abus sexuels et rapport patient / psychiatre
Même si Margot nous parle de ce qu'elle a vécu avec son oncle et la réaction (ou non-réaction) de sa famille, le sujet principal du roman reste le rapport entre la jeune fille et le docteur Donnelheur. Au début, il fait bien son travail et aide réellement Margot. Au point qu'il estime qu'elle n'a plus besoin de lui (nous en resterons là.) Ce qui terrifie la jeune patiente, persuadée du contraire.
A partir de ce moment, il prend le pouvoir sur Margot et veut essayer des soins qu'elle ne souhaite pas de prime abord. Puis, il semble mélanger le privé et le professionnel en lui parlant de ses lectures etc. Il la juge, se contredit, l'infantilise et la sexualise, prend une place de père avec l'envie d'être un amant etc. Les frontières se floutent.

Le conseil de la bibliothécaire : “Nous en resterons là” prend des allures d'histoires vraies racontées par Margot (la victime.) Il pourrait donc plaire à des lecteurs qui aiment bien ce genre (même s'il ne s'agit pas d'un “témoignage”.)
Lien : https://journaldunebibliothe..
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Avis : CONFONDANT
Chloé Lambert semble avoir de multiples talents dont celui de l'écriture que je découvre avec ce deuxième roman qui sortira en août. Vous savez comme j'apprécie de lire en avant-première ! Quand en plus, c'est un roman pertinent, libre, inclassable, c'est le bonheur.
Margot a 17 ans et a subi l'inceste à 13 ans ; elle va mal et sa dernière chance est de trouver un psychiatre qui l'accompagne pour la sortir de l'enfer que sa vie est devenue. Elle aura cette chance et pendant de très nombreuses années, il sera le pilier d'une existence qu'elle s'essaiera à vivre normalement. Mais sera-t-elle capable de dire NON ? Pourra-t-elle se permettre de perdre celui qui tient sa vie psychique à bout de bras ?
le prologue annonce la couleur, me suis-je dit, encore un roman sur l'inceste...Eh bien non, si ce drame en est la trame, l'histoire, elle, est bien plus complexe et nous tient au creux d'un suspense psychologique finement relancé régulièrement. du grand art. Je ne m'interroge pas pour savoir si c'est autobiographique ou non puisque l'intérêt réside essentiellement dans le travail entre un psychiatre et sa patiente.
J'ai vraiment aimé la descente dans les profondeurs des séances avec l'oeil extérieur de Margot pour décrypter, dire, se révolter, osciller entre la sensation d'être coupable ou celle d'être victime. Peu à peu se dessine une histoire que l'on ne voulait pas voir, une emprise que l'on croyait impossible.
L'écriture est sans fautes pour parler d'un « meurtre de l'âme », le ton est juste sans pathos mais piquant, sans réserves, riche des mille soubresauts que la vérité réclame. La couverture du livre est parfaitement adaptée à la modernité du texte.
Je suis sortie de ma lecture, époustouflée par la maîtrise de l'auteure pour me faire ressentir ce qui ne peut être dit et me décoder ce que peut être l'emprise d'un thérapeute.
Télévision, cinéma, théâtre et maintenant littérature, Chloé Lambert n'a pas fini de nous étonner. Ne ratez pas cette sortie !
Je remercie #NetGalleyFrance et les Editions du Rocher pour le SP de #nousenresteronslà

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Que dire ? Tout d'abord, nous faisons face à une histoire familiale compliquée et l'inceste. Nous nous demanderons toujours comment cela est possible.
Chloé Lambert nous conte l'histoire de Margot à travers un récit extrêmement bien écrit, sans fioritures. Au fur et à mesure de la lecture, nous pouvons sentir que le docteur Donelheur cache bien quelque chose et nous éprouvons de l'incompréhension et de la colère envers Margot qui continue à suivre des séances de thérapie avec celui-ci.
Nous suivons le cheminement d'une victime vers sa libération, nous vivons ses craintes, ses peurs, ses doutes sur elle-même mais aussi son entourage, pour enfin aboutir sur la consécration: l'acceptation et penser au futur.
L'excipit de Nous en resterons là nous fait passer par toutes les émotions: incompréhension, colère, joie, tristesse, dégoût.
Un roman que j'ai adoré lire ! Merci à Gleeph de me l'avoir fait découvrir.
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Lorsqu'en juin j'étais allée à Paris sur invitation des éditions du Rocher, je n'avais pas été convaincue par la présentation de ce livre que j'ai ouvert sans enthousiasme. Encore un livre sur les abus sexuels me suis-je dit. Non, ce livre est bien plus que cela et, très vite, je me suis laissé embarquer par cette histoire intime, un roman – mais est-ce vraiment un roman, n'est-il pas inspiré d'une histoire vraie ? – bien écrit avec sensibilité et sans excès.
Car ce texte aborde des thèmes comme l'inceste, le silence de ceux qui savent et ferment les yeux, la construction d'un individu après un traumatisme sexuel, et surtout le rapport entre patient et thérapeute.
Margot va mal et elle va consulter le docteur Donnelheur qui, pendant un temps, l'aide beaucoup au point qu'il finit par estimer qu'elle n'a plus besoin de lui ; «  Nous en resterons là » lui dit-il. À ce moment, Margot a peur, elle se sent perdue, abandonnée. Elle revient le consulter, mais le médecin sort de son rôle, il prend le pouvoir sur son mental et joue à la fois le rôle, du thérapeute, du père et de l'amant qu'il voudrait être. Margot est de plus en plus déstabilisée. Pourra-t-elle échapper à son emprise ?
Ce récit est très bien construit : on voit le piège du médecin manipulateur se refermer petit à petit autour de Margot, on comprend ses doutes, sa souffrance, ses interrogations. On est dans un thriller psychologique.
Ce que j'ai également trouvé très fort, c'est la capacité de Chloé Lambert à prendre de la distance, à raconter ou décrire avec un regard extérieur. Cela donne de la force à un texte qui est parfois presque une analyse.
Vraiment, Chloé Lambert n'est pas simplement une actrice et une autrice de théâtre, elle maîtrise parfaitement l'écriture et elle sait décrire les fonctionnements et les rapports humains avec une réelle maîtrise.
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Chronique réalisée lors du live de Chloé Lambert produit par Dixily

"Nous en resterons là"

17 ans...

17 ans, c'est l'âge qu'à Margot quand elle commence à suivre une psychothérapie..

17 ans, c'est la période qu'a duré celle-ci, entrecoupée par des pauses plus ou moins longues et plus ou moins volontairement !

Pourquoi les médecins et son entourage proche n'ont jamais déceler quoique ce soit ?

Par quel moyen le Dr Donnelheur va faire sortir tout ce qu'il y a à sortir du coeur et du corps de Margot ?

Aura-t-il toutes les clés en main ?

En bon psy, il arrive à faire parler Margot et c'est le pire qu'elle va faire ressurgir de sa mémoire..

Avec des hauts et des bas, elle avance malgré tout sur le chemin de la vie.

Oui mais voilà, le bon et loyal docteur se révèle aussi pervers et narcissique que tous les protagonistes qui ont fait de Margot ce qu'elle est devenue.

Règles enfreintes, pouvoir qui prend le dessus, jusqu'où peuvent aller les fantasmes ?

Une lecture sombre parsemé malgré tout d'espoir, de volonté et d'envie.

Le psychisme et le psychique ont encore beaucoup de secrets à dévoiler..

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Margot est dans le brouillard après ce qui lui est arrivé. Elle a donc bien de la chance de tomber sur un psy compétent, qui la reconstruit et qui lui rend sa force. Sauf que... le prix à payer est élevé. C'est l'emprise, puis l'abus... L'auteur nous montre très délicatement mais très précisément comment se construit semaine après semaine le statut du dominant, la mécanique de l'emprise, puis le basculement. Livre impressionnant. A lire, pour comprendre. Merci Chloé Lambert.
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