De la Lanterne, propriété de l'Etat cachée sous les frondaisons du château de Versailles, de cette « citadelle interdite » sur laquelle aucune information officielle n'est disponible,
Emilie Lanez a tout de même réussi à tirer 150 pages, vives, documentées, très bien écrites, à mi-chemin entre un « Voici » mâtiné de Feydeau, et le « Canard Enchainé ».
Côté « Voici », nous sommes invités à partager l'intimité conjugale des quelques couples célèbres de la vie politique qui ont utilisé la Lanterne comme résidence secondaire au cours des 50 dernières années, avec leurs travers, leurs exigences et leurs ridicules. Couples auxquels s'ajoutent souvent les enfants, les maitresses, les copains, les maitresses des copains, et toutes les intrigues qui en découlent. Reconnaissons que la parité est respectée : qu'ils soient de droite ou de gauche, peu d‘entre eux sortent grandis de ce portrait au naturel. Pour la nuance Feydeau, on découvre qu'il y a finalement beaucoup de cocus parmi tout ce beau monde.
Côté satire politique, rien de bien nouveau hélas. Cela fait longtemps que nous savons que nos hommes politiques aiment à vivre au-dessus des moyens des Français. A l'abri des regards, tout ce beau monde se lâche, et ce n'est pas beau à voir. Mais rendons grâce à
Emilie Lanez d'élever sur ce point le débat au-delà des considérations de café du Commerce : « Réminiscences de la Cour, vestiges de l'absolutisme versaillais, la Lanterne prolonge l'héritage, elle incarne notre identité politique irrésolue. À la Lanterne, nos élus vivent comme des rois ».
Au final, un très agréable petit livre à double usage : on peut aussi bien le prendre en cordial qu'en vomitif.