La République possède ses petits et ses grands privilèges, du moins pour les édiles qui agissent au sommet de l'Etat - et parmi ces privilèges, au fond du parc de Versailles, le pavillon de la Lanterne, l'un des lieux les plus secrets de la République. On y invite maitresses, courtisans, amis, chanteurs, actrices, évidemment aux frais du contribuables. La journaliste Emile Lanez nous propose une chronique sans concession de ce lieu au décor charmant et bucolique qui accueille les caprices des invités prestigieux de la République parmi les toiles de maitres et les massifs taillés au cordeau.
On pourrait trouver ce type d'ouvrages totalement futiles et pourtant il met en évidence l'un des traits forts de l'idiosyncrasie des politiques français : le goût des privilèges. La Lanterne fut à ce titre la condition nécessaire d'affrontements homériques entre des personnalités irréconciliables. En 2007 par exemple quand
Nicolas Sarkozy fraichement élu président de la République mais non encore intronisé ne pense qu'à une chose : dégager Marie-Laure de Villepin qui a élu domicile à la Lanterne. Son couple avec
Dominique de Villepin sombre et elle s'est réfugié dans l'écrin de verdure de la République mais
Sarkozy tente lui aussi de sauver son union avec Cécilia du naufrage. Les époux
Sarkozy ayant vendu leur appartement de l'île de la Jatte et rendu le logement de fonction au ministère de l'Intérieur, n'ont plus de domicile . Arrivé à la Lanterne le nouveau président de la République savoure la maison, dont il s'est arrogé l'usage. “Tout l'y enchante et puis n'est-elle pas la voisine du Trianon Palace, cet hôtel de prestige , dont
Sarkozy dit qu'il est son préféré sur Terre ? Même domaine royal, même lumière, même luxe, et le tout sans facture, oui, décidément, La Lanterne rend fou.” C'est de cette folie que va nous entretenir
Emilie Lanez, une folie dont furent victimes François Mitterand,
Jacques Chirac,
Michel Rocard,
André Malraux,
Jacques Chaban-Delmas,
Michel Debré,
Laurent Fabius,
Lionel Jospin. Où l'on apprend que ce lieu discret de la République coûte quelques centaines de milliers d'euros par an, que l'on y passe le réveillon et que l'on y fait des rencontres discrètes sous le regard aveugle des forces de police qui protègent jour et nuit le lieu.
Edouard Balladur avait fait enterrer son chien dans les jardins de la Lanterne mais
Alain Juppé qui lui succéda informa l'ex-premier ministre qu'il devrait trouver une nouvelle sépulture à son vieux compagnon. Oui décidément, La Lanterne rend vraiment fou ! Lisez vous serez édifiés !
Archibald PLOOM