Quoi que l’on fasse en effet, il n’est jamais possible d’échapper à l’obligation où nous sommes de vivre la vie, jour après jour, et d’assumer son destin.
Comme le disait Paul Valéry :
« Le jour est levé, il faut le vivre. »
Récemment, un ami et moi avions un plaisir fou à débattre de cette question. Dans un éclat de rire, je lui dis :
« J’ai fini par découvrir le sens de l’expérience humaine, la structure même de la vie ! »
« On passe la moitié de la vie à se faire un ego fort et l’autre moitié... à le défaire. Et pour nous aider dans cette entreprise, il y a la maladie et la vieillesse... Et si malgré tout l’ego résiste, eh bien il y a la mort ! »
Le mot « désir », bien qu’on le retrouve souvent dans l’enseignement, ne me paraît pourtant pas le plus approprié, puisqu’il est souvent associé aux passions.
Je préfère, quant à moi, parler d’« attentes ».
Il nous faut donc aussi renoncer aux attentes. Ce qui est beaucoup, j’en conviens. Mais déjà, en allégeant les désirs et les attentes, on éprouve un certain sentiment de libération, de faire « Un » avec les événements.
Cette attitude permet de vivre davantage dans l’instant présent, d’apprivoiser le « ici-maintenant ».
Quant à savoir qui sont les autres, je rappelle que pour le Bouddha, ce sont toutes les formes de vie, des plus proches aux plus éloignées, des plus semblables aux plus différentes, des plus sympathiques aux plus antipathiques... Le travail sur soi consiste donc, en définitive, à s’imposer inlassablement ce raisonnement, telle une ascèse, jusqu’à ce que l’on parvienne à intégrer la compassion dans ses rapports avec les autres, jusqu’à l’incarner dans sa vie de tous les jours, non pas comme un concept abstrait, mais comme une seconde nature. C’est du moins ce que je crois...
Si la souffrance constitue le principal moyen d'élever la conscience, pourquoi souhaiterions-nous la diminuer?
Assumer en pleine conscience la souffrance inhérente à l’expérience de vivre suffit à progresser sur la voie.