Adrien English, tome 5.5 : Un soir de Noël

— Bien sûr je veux que tu viennes. Mais… Nous sommes irlandais. Nous nous saoulons et disons des trucs stupides. Je ne peux pas te garantir que personne ne dira un truc stupide, ce soir.

Je fus tenté de répondre : « Je suis anglais. Nous restons sobres, nous sommes géniaux, et nous avons réduit ton peuple en esclavage il y a 800 ans ». Cela n’aurait aidé en rien à réduire son stress. Je terminai de nouer ma cravate et examinai le résultat.

Elle se mit à pleurer. Mais c'est le don des maîtresses Shaolin en matière de dispute: elles savent pleurer et se battre à la fois.

Dans ces moments-là, je regrettais le bon vieux temps où ça n'avait été que moi, vingt mille livres et l'occasionnel tueur en série.

« — Je t’ai déjà dit que je t’aimais ? demanda-t-il.
Je souris, écartant ses cheveux de son front. C’était un beau visage. Il y avait de la force et de la discipline en lui, mais aussi de la gentillesse et du caractère. Cependant, ce n’était pas le visage d’un saint. Sa mâchoire était trop têtue. La courbe de sa bouche était trop passionnée, trop sensuelle.
— Une fois ou deux.
— Je t’aime. Je t’aimerai jusqu’au jour de ma mort. Et même après. S’il y a un après.
Cela me sembla étrangement sombre.
— Je sais, répondis-je doucement. C’est la même chose pour moi.
Je penchai la tête et l’embrassai. Je pus sentir la bière et les épices chaudes quand il pressa sa langue contre la mienne, joueuse et sexy. »

« C’était difficile à dire, et c’était une théorie que j’avais l’intention de beaucoup tester au cours des quarante prochaines années, mais je ne croyais pas être capable de jamais me lasser d’embrasser Jake.
Même ce genre de baisers rapides et superficiels… enfin, il avait commencé rapide et superficiel. Mais son goût : ce mélange étrangement érotique de café et de bonbons à la menthe ; son odeur : un mélange tout aussi étrangement érotique de valise en cuir et d’après-rasage Le Mâle ; et le poids chaud de sa main sur mon épaule, m’attirant près de lui, plus près encore…
À contrecœur, nos lèvres se séparèrent.
— Bon sang, tu m’as manqué, dit-il en souriant, sans me quitter du regard.
— Pareil.
— Je me suis habitué à passer toutes mes journées avec toi.
— Si seulement ça payait mieux, dis-je à regret. »