Et comme nous regardions
- nous avions pu entrouvrir la fenêtre - ,
le vieux dans notre compartiment a vu quelqu'un...
il y avait là des vaches qui paissaient...
et il a demandé, mais par signes:
"Où sommes nous?"
Et l'autre a fait un drôle de geste. Ça!
A la gorge.
Tandis que nous attendions à la gare
notre tour d'être emmenés au camp,
des SS s'approchèrent et nous demandèrent
ce que nous possédions.
Nous avons répondu: "Quelques-uns ont de l'or,
des diamants, mais nous voulons de l'eau".
"Bon, donnez les diamants, vous aurez de l'eau".
Ils les ont pris, on n'a jamais vu l'eau.
Mais il faut dire que les Allemands lui donnaient, aussi bien qu'à ses camarades,
de la vodka, pour qu'ils boivent.
Parce que sans avoir bu, ils n'auraient pas pu...
Même avant la guerre,
quand on parlait avec les Juifs,
ils prévoyaient leur fin,
Monsieur ne sait pas comment.
Déjà avant la guerre ils le pressentaient.
Le troisième jour, il a vu sa femme et ses enfants.
Il a déposé sa femme dans la fosse
et il a demandé à être tué.
Les Allemands lui ont dit
qu'il avait encore la force de travailler
et qu'on ne le tuerait pas maintenant.