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Citations sur Dans le jardin de la bête (102)

Elle savait peu de choses de la politique internationale et, de son propre aveu, ne se rendait pas compte de la gravité de ce qui se jouait en Allemagne. Elle voyait en Hitler "un clown qui ressemblait à Charlie Chaplin". Comme beaucoup d'autres à l'époque, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, elle ne pouvait imaginer qu'il resterait longtemps en place ni le prendre au sérieux.
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L'indicateur le plus visible de la mise au pas fut l'apparition brutale du salut hitlérien, ou "Hitlergruss".Il était suffisamment inédit aux yeux du monde extérieur pour que le consul général lui consacre une dépêche entière en date du 8 août 1933.
Le salut, écrit-il, n'avait aucun antécédent moderne, à l'exception du salut des soldats en présence d'un officier supérieur, plus conventionnel.
Ce qui distinguait particulièrement cette pratique, c'était que tout le monde était censé saluer, même dans les rencontres les plus banales. Les boutiquiers saluaient leurs clients. Il était exigé des enfants qu'ils saluent leurs maîtres plusieurs fois par jour. A la fin des représentations théâtrales, un rituel récent exigeait du public qu'il se lève et salue en chantant d'abord l'hymne national, puis l'hymne des SA (...).
Le public allemand pratiquait le salut avec tant d'empressement que sa répétition incessante le rendait presque comique, surtout dans les couloirs des bâtiments publics où tout le monde, du plus humble messager au plus haut fonctionnaire, se saluait en criant "Heil Hitler", transformant la moindre escapade aux toilettes en une expédition épuisante.
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Tout le monde n'est pas capable d'infliger un châtiment corporel , de sorte que , naturellement , nous n'étions que trop contents de pouvoir recruter des hommes disposés à ne montrer aucune sensiblerie dans les tâches à accomplir . Malheureusement , nous ne savions rien du côté freudien de cette affaire et ce n'est qu'après un certain nombre de flagellations et d'actes de cruauté inutiles que j'ai compris que mon organisation avait attiré tous les sadiques d'Allemagne et d' Autriche à mon insu , depuis un certain temps .
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Une étude des registres nazis a démontré que, sur un échantillon de 213 dénonciations, 37% relevaient non pas d'une conviction politique sincère mais de conflits privés, dont le déclencheur était souvent d'une insignifiance stupéfiante. Ainsi, en octobre 1933, le commis d'une épicerie dénonça à la police une cliente excentrique qui s'était entêtée à réclamer ses trois pfennigs de monnaie. Le commis l'accusa de n'avoir pas payé ses impôts. Les Allemands se dénonçaient les uns les autres avec un tel entrain que les cadres supérieurs du Parti pressèrent la population de faire preuve d'un plus grand discernement concernant les affaires à signaler à la police. Hitler le reconnut lui-même, dans une note au ministre de la Justice : "Nous vivons à présent dans un océan de dénonciations et de mesquinerie."
(p. 99-100)
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« Il est certain que, à cette époque (1933), non seulement les Alliés auraient pu facilement battre l’Allemagne, mais une telle action aurait également écrasé dans l’œuf le Troisième Reich l’année même de sa naissance », analyse William Shirer.
Cependant, Hitler « avait jaugé le courage de ses adversaires étrangers d’une façon aussi experte et mystérieuse qu’il avait su évaluer celui de ses opposants de l’intérieur ».
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« Les gouvernements qui s’exercent par le haut échouent aussi souvent que ceux qui s’exercent par le bas ; et tout grand échec provoque une réaction malheureuse de la société, des milliers et des millions d’hommes sans défense perdant la vie dans cette triste affaire.
Pourquoi les hommes d’Etat n’étudient-ils pas le passé pour éviter de tels désastres ? (…)
En conclusion, on peut dire sans risque qu’il serait souhaitable que les hommes d’Etat apprennent un peu d’histoire afin de comprendre qu’aucun système impliquant le contrôle de la société par des hommes avides de privilèges ne s’est jamais terminé autrement que par la chute. »
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Pour Roosevelt [en 1933, la "question juive"] était un terrain glissant. Même s'il était atterré par le comportement des nazis à l'égard des Juifs et qu'il n'ignorait pas la violence qui avait secoué l'Allemagne plus tôt cette année-là, il s'était abstenu de prononcer une condamnation explicite. Certains responsables juifs, comme le rabbin Wide, le juge Irving Lehman et Lewis L. Strauss, un associé de Kuhn, Loeb & Co., souhaitaient que Roosevelt sorte de sa réserve ; d'autres, comme Felix Warburg et le juge Joseph Proskauer, privilégiaient une approche plus discrète et poussaient le président à faciliter l'accueil des Juifs aux États-Unis. (p. 55-56)
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Pour elle, cependant, la perspective de l'aventure qui les attendait balaya bientôt tout sentiment d'inquiétude. Elle savait peu de chose de la politique internationale et, de son propre aveu, ne se rendait pas compte de la gravité de ce qui se jouait en Allemagne. Elle voyait en Hitler "un clown qui ressemblait à Charlie Chaplin". Comme beaucoup d'autres à l'époque, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, elle ne pouvait imaginer qu'il resterait longtemps en place ni le prendre au sérieux. S'agissant de la situation des Juifs, elle était partagée. Inscrite à l'Université de Chicago, elle avait connu "la propagande subtile et sous-jacente parmi les étudiants en première année" qui prônait l'hostilité à l'égard des Juifs. Martha constata "que même beaucoup de professeurs supportaient mal l'intelligence brillante de certains de leurs collègues ou étudiants juifs". Elle précise pour elle-même : "J'étais légèrement antisémite en ce sens : j'acceptais l'idée que les Juifs n'étaient pas aussi séduisants physiquement que les gentils et étaient socialement moins intéressants." Elle adhérait également au cliché selon lequel si les Juifs étaient généralement brillants, ils étalaient leurs richesses et se mettaient trop en avant. En cela, elle reflétait l'opinion d'une proportion surprenante d'Américains, comme ce fut noté dans les années 1930 par des professionnels de l'art naissant des sondages.
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...il serait souhaitable que les hommes d' Etat apprennent un peu d' histoire afin de comprendre qu' aucun système impliquant le contrôle de la socièté par des hommes avides de privilèges ne s' est jamais terminé autrement que par la chute.(p230)
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Leur vie était gagnée par les miasmes qui imprégnaient largement la ville au-delà des murs de leur jardin.
Une histoire avait commencé à circuler : un homme téléphone à un autre et, au cours de la conversation, demande : "Comment va l'oncle Adolf?" Peu après, la Gestapo débarque chez lui et exige qu'il prouve qu'il a réellement un oncle Adolf et que la question n'était pas une allusion codée à Hitler.
Les Allemands devenaient de plus en plus réticents à séjourner dans des refuges de montagne collectifs, de peur de parler dans leur sommeil.
Ils repoussaient les opérations chirurgicales à cause des effets secondaires de l'anesthésie qui dénouent la langue.(...)
Après avoir vécu dans l'Allemagne nazie, Thomas Wolfe écrivit : "il y avait là un peuple tout entier...infesté par la contagion d'une peur omniprésente. C'était une sorte de paralysie insidieuse qui déformait et dégradait toutes les relations humaines."
(...)
On s'attardait au coin de la rue pour vérifier si les visages qu'on avait aperçus au carrefour précédent venaient de tourner ici aussi.
Dans les situations les plus décontractées, on parlait avec prudence et on prêtait attention à qui vous entourait comme on ne l'avait jamais fait auparavant. Les Berlinois se mirent à pratiquer ce qu'on appelait "le coup d'oeil allemand" - der deutsche Blick - un regard rapide alentour quand on rencontre un ami ou une relation dans la rue.
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