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4,11

sur 789 notes
J ai adoré.
le pouvoir suggestif des mots y est à son apogée. C est peut être sombre, me direz-vous ?
Pour en faire une adaptation picturale, je mettrai du rouge et du noir à foison avec des touches dorées. À découvrir absolument chers amis lecteurs ...
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Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu
momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se
désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les
marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison;
car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique
rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa
défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont
son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le
monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls
savoureront ce fruit amer sans danger. (Livre I, Les Chants de Maldoror)

Voici le liminaire de l'oeuvre et, à dix-sept ans, j'ai pris acte de l'avertissement, dès la première scène de carnage qui y a eu lieu. En effet, j'étais "une âme" bien trop "timide", pour ce genre de lectures, et ce, malgré l'admiration de mon professeur de Première pour l'oeuvre.
Bien des années plus tard, je m'y relance et je suis en effet admirative, moi aussi. Et pourtant, je ne suis pas sûre d'y avoir compris grand'chose.
Maldoror est un être démoniaque anarchiste ; je veux dire, par cette bizarre expression, qu'il trahit, massacre, viole, désole, en free lance, et qu'il n'obéit à aucune hiérarchie diabolique. Peut-être est-il le diable lui-même ? Une chose est certaine, il raille Dieu, il l'insulte, le défie, et ce dernier ne sait pas agir autrement envers lui qu'en l'avertissant et en lui envoyant des émissaires ridicules que Maldoror massacre.
Les victimes préférées de Maldoror : les êtres jeunes, naïfs, confiants, aimant, et faits pour le bonheur. Leur châtiment tient de la torture, et je ne saurais que trop déconseiller ces magnifiques pages (car c'est du beau style, original et complexe) aux personnes sensibles.
lautreamontLe style est déconcertant, extrêmement nouveau, pour ne pas dire génial et, si je ne m'abuse, il me semble avoir lu (à 18 ans, c'était il y a longtemps, désolée) dans le Manifeste du Surréalisme, que cette oeuvre était un modèle. Je comprends tout à fait la parenté revendiquée, bien après coup !
Par ailleurs, cela a beau être du poème en prose, il y a une complexité narrative incroyable, impressionnante de maturité chez un auteur mort à 24 ans ! La question qui revient sans cesse est "qui parle ? ". Comme dans une poupée-gigogne qui s'ouvrirait parfois latéralement sur une dimension inconnue, Lautréamont joue avec son lecteur. Mais pas en jouant l'hermétisme ou l'absurdité, pas de ces facilités-là ! il fait des analepses ou prolepses plus ou moins proches. Par exemple, dans le chant VI, après une tentative d'enlèvement d'adolescent anglais manquée, on a la vision surréaliste d'un cygne noir passant sur un lac et portant sur son dos le cadavre d'un tourteau en décomposition et une enclume... On suppose qu'il s'agit encore d'un avatar de Maldoror, mais sans comprendre. La clé vient quelques pages après.
Mon passage préféré est dans un des premiers chants, dans les strophes en pantoum "Je te salue, ... !" (Vieil Océan, poulpe, mathématiques !...)
Un des passages les plus irritants, mais les plus virtuoses, est dans le chant III (ou IV), je crois, quand Lautréamont ne cesse de parler par appositions, subordonnées, parenthèses et qu'il nous perd dedans. Il faut toute la volonté humaine pour ne pas perdre le fil... Et on voudrait pouvoir le perdre... ;o)
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Les chants de maldoror sont une épopée en prose de six chants, d'un style vraiment particulier, oscillant entre réalité et imaginaire, en basculant très souvent vers l'imaginaire.

Le style est très travaillé, à la limite du torturé, le ton froid et fiévreux, un paradoxe à lui tout seul.

Révolte contre le réel, spirale vous entrainant vers le coeur des enfers...
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Le poète redécouvert par les surréalistes et ce moment épique où le chant est entamé par une pierre. Une liberté dans l'écriture et le récit, un livre dépoussiéré, livre de chevet que j'emporterai sur une île ! Il faut se pencher sur Les Chants de Maldoror et le lire et le relire, une poésie dans la prose qui continue son chemin dans ma mémoire.
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Un bouquin très puissant, qui m'a fait passer par diverses, et toutes très fortes, émotions. Je ne suis pourtant pas quelqu'un de facilement émotionnel, et encore moins quelqu'un de sensible au macabre et aux univers sombres. Mais il faut dire que le style d'écriture assez abrupt et vif de l'auteur, qui décrit de façon très précise et poétique les images, dégageait une atmosphère très lourde, qui parfois me minait le morale plusieurs heures après la lecture et me laissaient presque un haut le coeur. Sombre, triste, pervers, sarcastique et surtout délirant et purement fictif, j'ai pris une pause d'un moment avant de le relire, car je trouvais la lecture lourde et gênante, et surtout désagréable.

Une fois retournée vers ce livre, un peu plus détachée, j'ai trouvée la fin sans grands intérêts et se répétant, mais les images que l'auteur décrit et transmet expliquées de façon très belles, à tel point qu'on en vient à avoir les images qui se dessinent dans l'esprit au fur et à mesure qu'on lit. le style d'écriture est beau, avec des phrases qui m'ont profondément touchées par leurs lucidité au milieu de cet univers cruel et fictif, et aussi parfois par leur esthétisme. Je n'ai seulement pas vraiment compris le but de l'auteur à écrire cet ouvrage, et on le ferme en restant sur sa faim. A part le côté esthétique, original et poétique, il n'apporte rien et ne va nul part.
Les propos étaient intéressants et auraient pu donner un sens a l'ouvrage au milieu de chaos fictif, mais l'auteur étouffait ses propos et idées par son style d'écriture authentiques, qui prenait le dessus et qui semblait presque amateur par son manque de cohésion et de précision.
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Voilà un auteur que je n'ai pas lu depuis longtemps mais qui m'a marqué à jamais et dont je récite encore quelques textes par coeur... (ou du moins je crois)

"ô Mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées depuis que vos savantes leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon coeur, comme une onde rafraîchissante."

Il y avait quelque chose de magique à découvrir cette poésie étrange et hors norme. Une lecture d'adolescence (et à présent que j'écris cette critique, j'ai 54 ans).
Relire ces textes, puissamment gothiques me procure les mêmes étranges sensations qu'autrefois : dégout, horreur et en même temps saisissante fascination pour la beauté de l'écriture pour cette voix fascinante du mal qui énumère des horreurs comme Baudelaire écrit magnifiquement sur une charogne.
"Au reste, que
m'importe d'où je viens? Moi, si cela avait pu dépendre de ma
volonté, j'aurais voulu être plutôt le fils de la femelle du
requin, dont la faim est amie des tempêtes, et du tigre, à la
cruauté reconnue: je ne serais pas si méchant. Vous, qui me
regardez, éloignez-vous de moi, car mon haleine exhale un
souffle empoisonné. Nul n'a encore vu les rides vertes de mon
front; ni les os en saillie de ma figure maigre, pareils aux
arêtes de quelque grand poisson, ou aux rochers couvrant les
rivages de la mer, ou aux abruptes montagnes alpestres, que
je parcourus souvent, quand j'avais sur ma tête des cheveux
d'une autre couleur. Et, quand je rôde autour des habitations
des hommes, pendant les nuits orageuses, les yeux ardents,
les cheveux flagellés par le vent des tempêtes, isolé comme
une pierre au milieu du chemin, je couvre ma face flétrie,
avec un morceau de velours, noir comme la suie qui remplit
l'intérieur des cheminées : il ne faut pas que les yeux
soient témoins de la laideur que l'Etre suprême, avec un
sourire de haine puissante, a mise sur moi."

Ces textes parlent de solitude, de tourments, de brulures intérieures. Comme cela me parlait à une époque tourmentée de la vie. Mais aujourd'hui, en une période très paisible et sereine, j'y trouve toujours une description vraie et authentique, quoique voilée de poésie, des tourments de l'âme humaine.

"A peine le dernier coup de marteau s'est-il fait entendre, que
la rue, dont le nom a été cité, se met à trembler, et secoue
ses fondements depuis la place Royale jusqu'au boulevard
Montmartre. Les promeneurs hâtent le pas, et se retirent
pensifs dans leurs maisons. Une femme s'évanouit et tombe sur
l'asphalte. Personne ne la relève: il tarde à chacun de
s'éloigner de ce parage. Les volets se referment avec
impétuosité, et les habitants s'enfoncent dans leurs
couvertures. On dirait que la peste asiatique a révélé sa
présence. Ainsi, pendant que la plus grande partie de la
ville se prépare à nager dans les réjouissances des fêtes
nocturnes, la rue Vivienne se trouve subitement glacée par
une sorte de pétrification. Comme un coeur qui cesse d'aimer,
elle a vu sa vie éteinte."

L'envers du décor, le petit reste gluant de la condition humaine succombant à sa propre folie, le voyage au bord du gouffre. Ces délires poétiques valent autant que toute la philosophie, que tout ce que l'on a pu écrire sur le mal.
Nous voyageons au bord du gouffre tantôt dans l'illusion d'une verte prairie, tantôt dans l'illusion de sombrer dans un abîme insondable.

Mais la vérité, la vérité toute nue, c'est qu'il n'appartient qu'à nous de trouver la beauté, et de lui donner vie.
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On ne sait vraiment pas grand-chose De Lautréamont, pseudonyme d'Isidore Ducasse, mort à 24 ans au pire moment de la guerre de '70. Il est essentiellement connu pour un étrange livre en prose intitulé "Les chants de Maldoror". Comportant six chants, il évoque la figure étrange et maléfique d'un être à nul autre pareil dans la littérature du XIXème siècle. Conscient d'être absolument marginal, l'auteur a écrit cet incipit: « Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve sans se désorienter son chemin abrupt et sauvage à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ». Tout est dit, sur le fond et dans la manière (car l'écriture De Lautréamont est souvent ampoulée). de fait, 150 ans après la publication, j'ai été surpris, presque choqué, en commençant ma lecture. Ensuite, je me suis habitué aux sujets du livre et j'ai été presque blasé. Ceci dit, je me perds en conjonctures: qu'aurait pu écrire Lautréamont, s'il n'était pas mort si tôt ?
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Voilà un auteur qui a marqué ma jeunesse, avec un ami nous nous récitions les Chants de Maldoror qui nous exaltaient. Des purs moments d'extase littéraire. J'avais plus de mal à m'enthousiasmer pour les poésies, mais je connais encore par coeur plusieurs Chants, dont le premier, il est vrai inoubliable.

«Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. Écoute bien ce que je te dis: dirige tes talons en arrière et non en avant.»
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Isidore Ducasse est le caméléon dit Lautréamont. Il se pare de la peau d'un Maldoror dont la perversité frôle le sadisme et engage son lecteur à douter de la miséricorde chrétienne. Il vampirise les pieux esprits sur l'autel de la rancune. Âmes sensibles, fuyez !
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Écriture à la fois d'une grande beauté et d'une grande tristesse.
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