Accrochez vos ceintures car ce livre démarre sur les chapeaux de roues ! Dès les premières lignes, on cavale sur les talons de Dean, lycéen de 16 ans, qui est - une fois de plus - en retard pour attraper son bus. A peine le temps de faire connaissance avec les autres passagers du dit bus que, trois pages plus loin, il est couché sur le flanc sur un parking de supermarché, surpris par une monumentale averse de grêle. Grâce à la conductrice du bus des élèves du primaire et du collège, les lycéens survivants trouvent refuge dans le supermarché... à temps pour se protéger d'un séisme ! Et ainsi de suite : après le séisme, une grave fuite de produits toxiques stockés par l'armée les oblige à se calfeutrer dans le supermarché tandis qu'à l'extérieur le monde sombre dans le chaos. Tout le roman continue sur ce rythme trépidant. On pourrait croire que l'organisation de leur petite vie en autarcie pourrait être barbante mais pas du tout. A chaque chapitre, de nouveaux problèmes, de nouveaux défis viennent raviver un intérêt qui n'a même pas le temps de diminuer, jusqu'à un final mené tellement à tombeau ouvert qu'il en parait presque un peu bâclé et incohérent.
Ce roman a donc l'avantage d'avoir le sens du rythme à défaut d'avoir celui de l'originalité. En effet, ce roman reste dans le plus pur style "roman où des adolescents doivent survivre dans un contexte dangereux sans l'aide des adultes". La seule différence, c'est qu'au lieu de se passer dans une ville sous cloche ("Gone" de Michael Grant), un labyrinthe ("L'Epreuve" de
James Dashner) ou une arène de jeu télévisé ("Hunger Games" de
Suzanne Collins), ça se passe dans un supermarché. Avouez qu'ils auraient pu tomber plus mal, surtout si le supermarché ne fonctionnait pas sur panneaux solaires... Pour le reste, les péripéties restent très convenues. Prenez à peu près la trame de "
Deux ans de vacances" de
Jules Verne, enlevez tout ce qui est éducatif dedans, transposez les personnages au IIIe millénaire et dans un supermarché et voilà !
Et comme on est dans un supermarché, pour les personnages faites vos courses parmi les personnages types de ce genre de roman :
- pour le héros, un jeune homme wasp, classe moyenne, banal et normal, ni super-looser, ni super populaire.
- pour la fille sur laquelle il flashe désespérément et qui ne le calcule pas au début, une blonde brillante (une intellectuelle ou une sportive) appelée Astrid (comme dans "Gone"...)
- des minorités visibles mais pour les rôles secondaires (faut pas déconner non plus !) : un latino, un/une black, un geek
- le garçon super populaire du lycée (mais pas si super que ça finalement)
- le garçon arrogant et méprisant qu'on adore détester (il m'a fait beaucoup penser à Doniphan dans "
Deux ans de vacances" de
Jules Verne)
- des petits trop mignons pour le côté attendrissant.
Malgré le côté très cliché des personnages, l'auteur essaie quand même de leur donner un peu de profondeur. Ainsi, j'ai apprécié que les réactions des adolescents soient relativement naturelles. Ainsi, le "héros" est complètement sonné et incapable de réaction au moment de l'accident, le boyscout qui leur sert de chef est parfois dépassé et démuni face aux événements, le garçon super populaire n'arrive pas à gérer, etc.
En résumé : Malgré un manque flagrant d'originalité, ce énième roman de survie adolescente est habilement mené, haletant, propose une vraie histoire dans ce premier tome et une fin qui donne vraiment envie de lire la suite sans tarder.