AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer Hôtel de la folie roman intime et familial de David le Bailly. le romancier et journaliste est notamment l'auteur de la captive de Mitterrand et de L'autre Rimbaud.
Le roman débute ainsi : « la fenêtre de la cuisine, ses battants grands ouverts. le vent glacé. Tes pantoufles sur le rebord du balcon. Tu t'es jetée et je hurle. Quelques minutes après – que s'est-il passé durant ce laps de temps ? –, j'aperçois par l'entrebâillement du portail ton corps chétif étendu dans la courette. Je n'ai pas le courage de m'approcher, de regarder. Il fait nuit et s'imprime à jamais cette date : sept décembre mille neuf cent quatre-vingt-sept. » le narrateur, David, se remémore la scène à laquelle il a assisté mutique à Paris quand il avait quatorze ans : le suicide devant ses yeux de sa grand-mère adorée, celle qu'il appelle mémé. Hôtel de la folie est comme une longue lettre à la défunte, le récit de l'enquête pour comprendre le volet maternel de sa famille et le destin à la fois merveilleux et tragique de cette femme napolitaine d'origine. David le Bailly fait un portrait très dur de sa mère mourante pour laquelle il n'a que peu d'affection et aucun amour. Son éducation enfantine il la doit à Pià, sa mère était déséquilibrée, absente, sorte de mère indigne peu préoccupée de la vie de son enfant. Il reconstitue avec tendresse et précision l'itinéraire de Pià Nerina, née en Italie puis venue en France où elle va vivre dans sa jeunesse des relations multiples et devenir l'amante d'un espagnol immigré. de nombreuses parts d'ombre ponctuent son parcours ; le petit-fils consulte les archives des recensements, retrouve les adresses où elle a habité et ajoute quelques photographies à son roman. Il écrit : « ce constat, Pià Nerina : jusqu'à ton emménagement avenue Montaigne, tu as vécu uniquement dans des hôtels, des meublés. de l'Hôtel de la Folie à l'Hôtel d'Angleterre, tu as navigué dans ces mondes souterrains, frayé avec une faune de personnages, prostituées, marlous, petits escrocs. Alcooliques et drogués. » Il scrute les lieux dans les beaux quartiers parisiens où elle a vécu et s'est installée avec cet appartement familial désormais décrépi. Il s'interroge sur le géniteur de sa mère puisque personne ne lui dit la vérité et il affirme : « tu as aimé Pyrrhus, soit. Mais qu'as-tu aimé chez lui ? L'homme qu'il était ou la vie qu'il t'offrait ? » Plus loin il ajoute comme pour expliciter le titre de l'ouvrage : « mais pourquoi la Folie ? La folie de qui ? Quelle folie ? Qui voudrait dormir dans un hôtel avec un nom pareil ? » Enfin dans cet ultime hommage aux vertus cathartiques et thérapeutiques il précise : « de ta vie et de celle de maman, je retiens ceci : en dépit des espoirs, des illusions, des prières, la folie est irrémédiable. Elle est partout, dans toutes les familles, viols, incestes, meurtres. » Avec une telle généalogie l'auteur a de quoi s'inquiéter et essayer de canaliser ses éventuels traumatismes.
Hôtel de la folie est un roman autobiographique, une sorte d'analyse pour comprendre le geste de la mémé disparue violemment et ses conséquences sur le développement de l'auteur. C'est un huis-clos fascinant et angoissant entre trois personnages avec haine, reproches et amour.
Voilà, je vous ai donc parlé d'Hôtel de la folie de David le Bailly paru aux éditions du Seuil.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}