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°°° Rentrée littéraire 2023 #1 °°°

Le premier chapitre s'ouvre sur un terrible événement qui s'est déroulé le 7 décembre 1987 : une femme de quatre-vingt ans s'est suicidée en se jetant par la fenêtre de son appartement haussmannien, sous les yeux de son petit-fils de quatorze ans. le livre est une adresse de ce dernier à sa grand-mère adoré, plusieurs décennies après.

« C'est pour ça que je t'écris, pour que soit enfin consigné le récit de ta disparition. Cette lettre est ma déposition. La pièce principale d'un dossier criminel. »

Le texte est avant tout une enquête sur les secrets qui entourent l'intrigant et effrayant duo constitué par la grand-mère et sa fille, avec comme enjeux de découvrir pourquoi la fille vouait une haine sidérante à sa mère et pourquoi cette dernière a fini par se suicider, laissant son petit-fils seul avec une mère complètement folle et dangereuse. L'enquête à la Modiano sur les lieux du passé de la grand-mère, sur l'identité du grand-père, se mue en quête existentielle pour le narrateur qui hurle amour, colère, culpabilité, incompréhension et révolte, inexorablement.

Ce cri, je l'ai entendu, notamment dans les superbes pages consacrées à l'amour incandescent que se portaient la grand-mère et le petit-fils quand ils s'extirpaient de l'appartement avenue Montaigne pour fuir le huis-clos oppressant que leur fait vivre la mère. Mais j'ai été progressivement asphyxiée par la narration à la deuxième personne du singulier. Ce « tu » omniprésent, comme les innombrables questions écrites factuellement avec leur point d'interrogation saturent le texte, l'étouffent …

… au point que je ne savais si j'avais ma place dans ce dialogue d'outre-tombe entre le petit-fils éploré et sa grand-mère décédée, comme si cette introspection douloureuse – sans pour étant être voyeuriste - ne me concernait pas. D'autant que j'ai été dérangée par le flou de la frontière entre autobiographie et fiction. le livre est bien étiqueté « roman » mais on comprend assez vite ( ou on veut nous faire comprendre ? ) que l'auteur est ce petit-fils, que la grand-mère et la mère sont les siennes. Plusieurs photographies des trois personnages principaux sont créditées « collection privée de l'auteur ». J'ai finalement trop senti le nécessaire exutoire plutôt que l'oeuvre à proprement parlé.

Cette sensation de me sentir exclue du récit a nettement amenuisé mon intérêt, même si l'écriture avec les tripes et le coeur de David le Bailly a la qualité et l'urgence pour faire vibrer les phrases et emporter le lecteur.

Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio
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Rentrée littéraire 2023.

J'ai eu un peu de difficulté à m'immerger dans ce roman qui me permet de découvrir la plume de David le Bailly. L'auteur excelle aussi dans la profession de journaliste.
Ce n'est pas facile, gênant, troublant de lire, dès les premières lignes, que Pià Nerina, la grand-mère de l'auteur, vient de se jeter par la fenêtre, depuis le sixième étage d'un immeuble, avenue Montaigne, près des Champs Elysées.
Ce suicide d'une femme de quatre-vingts ans alors que son petit-fils qui va avoir quatorze ans, est présent dans l'appartement, cela demande des explications, d'autant plus que la fille de Pià Nerina, la mère de David, est elle-même aussi présente, enfermée dans sa chambre.
Pour tenter de faire la lumière sur ce drame, essayer de comprendre, l'auteur se lance alors dans une véritable enquête policière. Il recherche des documents, se déplace même à Naples d'où est originaire Pià Nerina de Cecchi, sa grand-mère.
La vie de cette femme est très complexe, surtout ses fréquentations. Beaucoup d'hommes sont impliqués dans sa vie comme dans celle de sa fille, Victoria. Quelques photos éloquentes illustrent le récit et permettent de vérifier la beauté de ces deux femmes qui ont aimé, haï, profité de l'argent facile comme subi de graves soucis financiers.
Deux éléments importants doivent être dégagés de ce roman familial dévoilant une intimité très dérangeante. Il y a d'abord cet homme, dénommé Pyrrhus, qui a hérité de la fortune de son père en 1935. Industriel catalan, partisan de Franco, maire de la Grande Ville, comme l'auteur l'écrit, ce Pyrrhus est déterminant pour Pià Nerina.
L'autre élément qui pousse David le Bailly à accentuer ses recherches, c'est l'incertitude sur l'identité de son père. Cela lui permet de mettre en évidence l'éducation de sa mère, éducation qui se révèle catastrophique, comme l'auteur le démontre très bien.
Enfin, il y a ce titre, Hôtel de la Folie, qui intrigue. Eh bien, c'est à Naples que se trouve la solution. Cette folie va bien plus loin que sa présence dans le titre mais elle caractérise cette mère qui n'en était pas à une entourloupe près, mentant sans vergogne, exploitant au maximum chaque homme rencontré pour le rejeter ensuite sans se poser la moindre question sur les dégâts causés à sa mère et à son fils.
Ce fils, écrivant Hôtel de la Folie, a poussé un émouvant, un bouleversant cri d'amour à sa grand-mère, se reprochant toujours cette phrase terrible prononcée par lui avant l'acte fatal : « je ne pourrai plus m'occuper de toi comme avant mémé ».
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil qui m'ont permis de découvrir ce roman à la fois intimiste et sociétal.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Un récit puissant , révoltant, bouleversant, une histoire autobiographique, qui mélange fiction et réalité J'ai ressenti plusieurs émotions au cours de ma lecture, L'auteur rend un émouvant hommage à sa grand mère, Pia portant le surnom de "Mémé". Pia est son premier grand d' amour, une femme qui l'a élevée, une femme avec qui il partage sa chambre, une femme qui est ancrée en lui, une relation forte, fusionnelle, une femme qui le protège de sa mère, lui qui est la prunelle de ses yeux, mère une fille , qui n'hésitera pas user de violence, sans aucun remord de battre sa mère de 80 ans, une femme envoûtée par la folie. David assistera , à 14 ans, au suicide de sa Mémé, qui se jette par la fenêtre. Un mal être qui va le suivre toute sa vie, il ne peut concevoir ce suicide ,lui qu'il lui avait dit, si tu fais un geste, si tu te donnes la mort je te suivrais. Là il se retrouve seul face à lui même, Ce récit pourrait être une sorte d'exécutoire , pour retrouver une vie sans cauchemar. Il décide de partir à la recherche de ses origines, Qui était vraiment Pia, cette italienne élevée , dans L'hôtel de la folie sans le sous ,un bâtiment délabré vétuste, qui décide de quitter l'Italie et qui vient vivre en France , qui devient une femme puissante, avec un patrimoine consistant, Il y a beaucoup de mystère, de non dits, de l'espoir , à la déception,. Qui était son mari? Qui est ce mystérieux Pyrrus qui gravite autour d'elle ? Était ce un mari, un amant qu'il l'entretenait? Une quête difficile, mais malgré les embûches qu'il rencontrera, des fausses adresses, des dates de naissances falsifiées, et bien d'autres mystère, l'auteur ne se décourage pas, Arrivera t-'il à trouver les réponses à ses questions, David est un personne qui dégage une immense empathie, il nous dévoile en toute humilité une partie de sa vie. Il use d'une plume sensible, éprouvante, entraînant une lecture captivante, sans voyeurisme, trop de pudeur en lui. Un récit très documenté , accompagné de photos, à l'appui qui nous permet de mieux comprendre la vie, la psychologie des personnages, de cette famille. Un titre mystérieux mais qui donne une ampleur intense à cette histoire,
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David le Bailly livre ici un très bel hommage à sa grand-mère, sa « mémé » (ce surnom m'a beaucoup touchée car c'était le même avec lequel j'appelais ma regrettée grand-mère), qui fût sa pierre angulaire, suite à une mère psychologiquement instable et un père absent, jusqu'au funeste jour où elle sauta par la fenêtre de leur appartement bourgeois parisien.

C'est un travail d'introspection familiale que l'auteur a entrepris afin de comprendre ce tragique et terrible geste mais surtout également aussi le chemin parcouru par Pià Nerina, depuis ses origines modestes napolitaines jusqu'aux beaux quartiers parisiens au travers de photos, de textes, de lettres,….

Roman très intimiste porté par une plume élégante et forte, j'ai perçu beaucoup d'amour pour cette femme hors du commun, qui éleva son petit-fils du mieux qu'elle pouvait. J'ai ressenti beaucoup d'émotions pour ce livre très personnel. Inévitablement, on en apprend aussi beaucoup sur l'auteur, que je ne connaissais pas jusqu'alors.

Ce travail de recherches de ses origines par l'auteur est aisément compréhensible car chaque individu a besoin de connaître d'où il vient pour savoir où il va et j'ai été happée par cette autobiographie émouvante et poignante.

Un roman très fort que je ne suis pas près d'oublier et que je vous conseille vivement pour cette rentrée littéraire 2023 !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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S'affranchir des lois et des codes n'est pas sans conséquences sur les descendants.

David le Bailly sait manipuler l'écriture afin de nous mettre dans l'ambiance de ses émotions. Des phrases souvent très courtes pour donner un certain tempo, puis plus étoffées lorsque son esprit s'envole avec ce qu'il voit, devine ou découvre.
Son narrateur, David est le petit-fils d'une grand-mère adulée mais au final inconnue pour lui jusqu'à la mort de sa propre mère.
L'image s'ouvre sur le suicide, le 7 décembre 1987, de cette mémé, Pia Nerina. David la voit se jeter du balcon de l'appartement dans lequel ils vivaient tous les trois, lui, sa mère et sa grand-mère. Une vie en huit clos, complètement phagocytée et rythmée par la folie et la violence de sa mère. Lorsque celle-ci meurt, trente années plus tard, d'une maladie du foie, il est plongé dans les affres du rangement du lieu. Et c'est là qu'il éprouve le besoin de savoir, une fois pour toute ce qui se cachait derrière la vie de cette grand-mère et la folie de sa fille.
Avant cela et surtout parce qu'il était trop jeune il écrit :
« Nous vivions ensemble, inséparables, et ton passé, parce qu'il n'empiétait pas sur nos sentiments, ne me dérangeait pas. »
Et pourtant la tension que la mère impose, la peur qu'elle génère à chacun de ses retours dans l'appartement est palpable. David n'a que sa grand-mère pour survivre.
« La cuisine est la pièce où nous passons le plus de temps. J'aime connaitre la vie des gens du quartier, et sur eux je te pose toutes sortes de questions. Ou je te regarde sans rien dire, préparer les repas, faire la lessive. Ou je t‘écoute me chanter le petit Papa Noël de Tino Rossi. Ou je chaparde dans ton dos les biscuits que tu as planqués dans le garde-manger. le temps est infini, si lent qu'il me semble que je serai mort depuis longtemps quand viendra l'âge adulte. »

Parmi ce capharnaüm qu'il doit débarrasser, se trouvent des documents qui révèlent une partie de la vie falsifiée de cette mémé qui était son seul rayon de soleil. Dans chaque recoin ça sent le souffre (sens figuré) et le vomi (sens propre). Faux mariage, fausses dates de naissances, fausses adresses, période blonde et période brune. Comment est-elle passée de napolitaine sans le sou à cette sulfureuse jeune femme? Qui est cet espagnol Pyrrhus ? Qui lui a permis de vivre dans un aussi bel appartement du quartier de l'Etoile ? Et surtout, comment s'en sortir lorsqu'aucune photo ne comporte de date, de lieu ou de circonstances ?

Même s'il ne trouve aucune preuve d'amour, de promesses, de joie dans cet appartement, il va poursuivre ses recherches, avec un acharnement irrépressible, en quête de SA lumière, celle dont il a besoin. La fin du livre n'est pas comme une fin de roman classique, ce pourrait plutôt être la fin d'une étape de vie.

David le Bailly a bien fait de nous transmettre son autobiographie. Elle fera du bien à beaucoup de lecteurs ayant aussi maille à partir avec le passé, la vie menée par leurs ancêtres. Pour les autres, ça nous montre combien nous sommes chanceux de vivre dans la nôtre, peut-être pas parfaite mais nettement moins terrible que celle de David.
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Sous forme d'une longue lettre, l'auteur s'adresse à sa grand-mère Pia Nerina de Cecchi .

Lorsque la mère de David décède, 33 ans après le suicide de Pia Nerina, David retrouve quelques documents et photos qui le font replonger dans ses souvenirs de l'enfance qu'il a passé auprès de sa grand-mère et de sa mère .
Il part à la recherche de l'histoire de Pia Nerina, qui l'a élevé et avec qui il était très lié mais qui s'est suicidé en se jetant par une fenêtre de l'appartement où ils vivaient ensemble proche de l'Avenue Montaigne à Paris.

Arrivée de Naples à Paris , à l'âge de 16 ans sans un sou , elle avait vécu avec de nombreux frères et soeurs à l'Hôtel de la Folie avant la ruine du père, Pia Nerina trouve rapidement des "protecteurs"

Une enquête sur son passé avec peu d'éléments , quelques photos plus ou moins datées dont beaucoup sont abimées volontairement, bouche et nez grattés, de coupures de presse , de mains courantes de commissariat et de quelques lettres ...

"Tes photos sont un leurre: elles racontent une vie merveilleuse , sublimée, de villégiature en villégiature , de fêtes en moments de joie . Tu donnais le change, solaire et exubérante , à ton aise quand il s'agissait de prendre la pose . Si sûre de toi que je peine à faire le lien avec la grand-mère que j'ai aimé ".

Il se renseigne sur les principaux hommes de sa vie, contacte la famille napolitaine, retrace les événements liés à la guerre d'Espagne puis la seconde guerre mondiale .

"Quel démon suis-je venu terrasser ici?
Un passé honteux ? "

Cela entraine beaucoup de suppositions , d'autant que , aussi bien sa grand-mère et sa mère avaient un don particulier de mythomanie, s'inventant des mariages, des adresses , des amis !
La disparition de l'aïeule le laisse seul face à sa mère, folle et violente .

Les liens étroits et puissants entre David et Pia sont émouvants mais trop de questions et suppositions laissent une impression de d'inachevé et un vide qui m'a laissé perplexe sur l'intérêt de cette lecture...

"Au début de cette lettre , je t'écrivais que tu ne m'avais rien laissé. J'ai été injuste. Ta présence est bien là, ombre protectrice près de moi ".

C'est là l'essentiel même si cette ombre protectrice ne s'étend que sur l'auteur !

Je suis restée en dehors de cette histoire, n'arrivant pas à créer de lien avec les personnages et je me suis ennuyée, dommage.

Je remercie Masser Critique privilégiée et les Éditions du Seuil
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Pendant toute ma lecture ce roman m'a perturbé :fiction ou autobiographie ?
Le narrateur a vécu dans une relation fusionnelle avec sa grand-mère, Pià Nérina. Sa mère vivait bien avec lui mais totalement absente de son éducation et ,surtout,incapable de lui procurer le moindre geste d'amour. Il ne connaît pas son père.
Bien plus tard il se remémore son histoire, le suicide de sa grand-mère adorée, et prend conscience qu'il ignore tout de la vie de cette femme. Il va alors tenter de reconstituer le puzzle qui constitue le mystère de Pià Nerina, et par ricochet celui de sa mère.
A la fin du Roman la question qui me taraudait restait entière. David le Bailly entretient cette confusion entre fiction et réalité. Il jalonne son enquête de photographies, sème des similitudes avec sa propre identité. Il fait même référence au livre qu'il a écrit sur la compagne cachée de Mitterand...presque certaine que ce narrateur n'était autre que l'auteur,son prénom est d'ailleurs David,j'ai recherché des indications dans sa biographie et c'est seulement à ce moment que j'ai dû admettre qu'il s'agit d'une fiction!
Dans le roman, sa grand-mère est enceinte de sa mère en 1941,or David le Bailly est né en 1950.
Quoiqu'il en soit la balade dans le temps que nous offre les deux David, est intriguante à l'image de Pià Nerina, petite sicilienne d'une famille de onze enfants qui quitte terre et famille pour Paris à seize ans, en quête d'une vie de luxe.
Mêlant références historiques et faits nés de son imagination l'auteur m'a retourné le cerveau jusqu'à la dernière minute. J'ai éprouvé de la compassion tant pour ce petit garçon prisonnier d'un fonctionnement familial terrible,que pour cette grand mère à la fois actrice et victime du drame qui s'y joue. Les noms de plusieurs personnages empruntés à la mythologie et l'antiquité viennent certainement confirmer que l'histoire de cet enfant est une tragédie.
J'avais beaucoup appris avec " L'autre Rimbaud",j'apprends à me méfier de ce qui semble pourtant si réel avec "L'hôtel de la folie"!
La plume journalistique et très vivante de David le Bailly rend ce roman très agréable à lire et à titillé ma curiosité sans relâche, me conduisant finalement moi aussi à mener mon enquête !
Ouvrage original que j'ai eu la chance de découvrir en avant première grâce à Babelio et les éditions Roman Seuil. Je les remercie sincèrement l'un et l'autre.
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Dans ce récit à forte teneur autobiographique, David le Bailly évoque le souvenir de cette grand-mère pianiste, Nerina, cette femme qui un jour de 1987 se défenestra devant lui.

Dans une sorte d'enquête à huis clos et par le biais d'une plume allègre, l'auteur cherche à comprendre qui est cette femme Napolitaine née en 1907 qui, durant toute sa vie, gomma son accent, surveilla son langage par crainte de se trahir de « ce sud de l'Italie crasseux et misérable ».

Et comment a-t-elle pu vivre dans un appartement d'une des plus belles et riches rues de Paris, elle qui n'a jamais travaillé? Il découvre les mensonges, les subterfuges de sa grand mère, personnage romanesque et fascinant.

« Un enfant se souvient de sa grand-mère, Pià Nerina, et de la dernière fois qu'il l'a vue, soit fatidique où devant ses yeux, elle s'est jetée par la fenêtres de leur grand appartement près de la place de l'Etoile. Point de départ d'un huis-clos infernal raconté par l'unique survivant, ce petit garçon devenu grand… "

Entre une grand-mère mystérieuse et une mère folle, Le Bailly s'est imposé en tant que grand reporter et maintenant en tant qu'écrivain.

David le Bailly rend ici un magnifique hommage à sa grand-mère, à travers ce portrait très intimiste.

On ressent pleinement l'immense attachement qui relie l'auteur à sa grand-mère et l'énigme qu'elle continue de représenter pour lui et on pense tout au long de notre lecture au puissant titre de Lomepal "c'est beau la folie" au thème proche.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« de ta vie et de celle de maman, je retiens ceci : en dépit des espoirs, des illusions, des prières, la folie est irrémédiable. Elle est partout, dans toutes les familles, viols, incestes, meurtres. Hommes et femmes. de vous deux, qui a contaminé l'autre ? Qui a porté le premier coup ? Je crois plutôt à une intoxication mutuelle, à un corps-à-corps tragique, mère et fille, serpents entremêlés se crachant leur venin jusqu'à en crever ».

David le Bailly, grand reporter à Paris-Match et à L Obs et ayant écrit 2 livres avant celui-ci, nous fait part ici de sa propre vie, de celle de sa mère, qu'il n'aimait pas et qu'il n'a jamais appelée maman, et surtout de celle de sa grand-mère, qu'il adorait. Celle-ci l'a pris en charge dès sa naissance et ils ont vécu tous les 3 dans le même appartement. Mais sa mère pique des crises continuellement, est mythomane, et sa grand-mère essaie tant bien que mal de le protéger tout en ayant elle-même une envie continuelle de se suicider. C'est après le suicide « réussi » de celle-ci qu'il cherchera qui elle était vraiment, cette Pia Nerina qu'il a tant aimée. Car elle aussi a semé le doute tout au long, a brouillé les pistes depuis sa jeunesse tumultueuse et mystérieuse.
Le père de David ? le grand absent ! le père de sa mère ? Grand absent également !

Ce livre m'a plu et rebutée selon les parties, d'ailleurs imbriquées l'une dans l'autre.
Lorsque l'auteur recherche les indices concernant sa grand-mère, je n'y ai trouvé qu'une succession de lieux, de dates, de noms, qui pour moi ne m'apportaient rien.
Lorsqu'il parle de sa mère, de sa folie, je n'y ai trouvé que violence.
Lorsqu'il parle de sa relation avec sa grand-mère, c'est là qu'il a fait mouche : c'est tendre, émouvant, vrai, poétique. J'ai eu souvent la gorge serrée.

Donc mon avis est mitigé, et j'ai vogué d'un état d'esprit à l'autre au gré des pages. Je pense que chaque lecteur y trouvera ce qu'il voudra, tout en sachant qu'il s'agit d'un dévoilement intime, et que ce n'est pas à lui de juger, juste de comprendre et puis…de se taire.

Merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour cette Masse critique privilégiée sur les livres de la rentrée littéraire.
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Finalement ce livre noté roman est une autobiographie. L'auteur raconte son enfance avec sa grand-mère qui va se suicider sous ses yeux. Remontant dans le temps il parle de cette femme étonnante, partie de rien ou presque et vivant dans le luxe et l'oisiveté. Retour à rebours pour écrire l'histoire de cette famille. L'Hôtel de la folie a peu à voir avec David, puisque c'était dans un appartement cossu qu'il a grandi entre deux femmes qui ont fini par se haïr, mais de la folie il y en a. On est avant la guerre de 1939 dans ce Paris de fêtes où les hommes sont peu de choses pour Pia et sa fille.
J'ai été un peu gênée par moment, ne sachant plus si l'auteur s'adressait ( dans ses souvenirs) à sa mère où à sa grand-mère. Mais on retrouve vite le fil.
Pia Nerina est au centre de ce roman, celle qui lui avait dit à 14 ans " débrouille-toi , tu es un homme maintenant " avant de disparaitre.
Vie bousculée, vie de violence, vie de drame cette femme a tout vécu.
J'ai bien aimé ce roman qui nous parle d'une époque, de relations difficiles, de familles. L'écriture coule toute seule. Quelques photos - pas très lisibles- sont incrustées dans le texte. Un roman hommage à cette grand-mère fantasque à laquelle l'auteur s'était raccroché, ayant une mère violente qui avait fait peu à peu naufrage.
Un nouveauté de la rentrée 2023 à découvrir. Passionnant.
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