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EAN : 9782021489910
208 pages
Seuil (18/08/2023)
3.71/5   114 notes
Résumé :
Un enfant se souvient de sa grand-mère, Pià Nerina, et de la dernière fois qu'il l'a vue, soir fatidique où devant ses yeux, elle s'est jetée par la fenêtre de leur grand appartement près de la place de l'Etoile. Point de départ d'un huis clos infernal raconté par l'unique survivant, ce petit garçon devenu grand. De Naples à Paris en passant par la Riviera se dessine alors une quête pour remonter aux origines.
Qui était Pià Nerina ? Par quels moyens, Napolita... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 #1 °°°

Le premier chapitre s'ouvre sur un terrible événement qui s'est déroulé le 7 décembre 1987 : une femme de quatre-vingt ans s'est suicidée en se jetant par la fenêtre de son appartement haussmannien, sous les yeux de son petit-fils de quatorze ans. le livre est une adresse de ce dernier à sa grand-mère adoré, plusieurs décennies après.

« C'est pour ça que je t'écris, pour que soit enfin consigné le récit de ta disparition. Cette lettre est ma déposition. La pièce principale d'un dossier criminel. »

Le texte est avant tout une enquête sur les secrets qui entourent l'intrigant et effrayant duo constitué par la grand-mère et sa fille, avec comme enjeux de découvrir pourquoi la fille vouait une haine sidérante à sa mère et pourquoi cette dernière a fini par se suicider, laissant son petit-fils seul avec une mère complètement folle et dangereuse. L'enquête à la Modiano sur les lieux du passé de la grand-mère, sur l'identité du grand-père, se mue en quête existentielle pour le narrateur qui hurle amour, colère, culpabilité, incompréhension et révolte, inexorablement.

Ce cri, je l'ai entendu, notamment dans les superbes pages consacrées à l'amour incandescent que se portaient la grand-mère et le petit-fils quand ils s'extirpaient de l'appartement avenue Montaigne pour fuir le huis-clos oppressant que leur fait vivre la mère. Mais j'ai été progressivement asphyxiée par la narration à la deuxième personne du singulier. Ce « tu » omniprésent, comme les innombrables questions écrites factuellement avec leur point d'interrogation saturent le texte, l'étouffent …

… au point que je ne savais si j'avais ma place dans ce dialogue d'outre-tombe entre le petit-fils éploré et sa grand-mère décédée, comme si cette introspection douloureuse – sans pour étant être voyeuriste - ne me concernait pas. D'autant que j'ai été dérangée par le flou de la frontière entre autobiographie et fiction. le livre est bien étiqueté « roman » mais on comprend assez vite ( ou on veut nous faire comprendre ? ) que l'auteur est ce petit-fils, que la grand-mère et la mère sont les siennes. Plusieurs photographies des trois personnages principaux sont créditées « collection privée de l'auteur ». J'ai finalement trop senti le nécessaire exutoire plutôt que l'oeuvre à proprement parlé.

Cette sensation de me sentir exclue du récit a nettement amenuisé mon intérêt, même si l'écriture avec les tripes et le coeur de David le Bailly a la qualité et l'urgence pour faire vibrer les phrases et emporter le lecteur.

Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio
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Rentrée littéraire 2023.

J'ai eu un peu de difficulté à m'immerger dans ce roman qui me permet de découvrir la plume de David le Bailly. L'auteur excelle aussi dans la profession de journaliste.
Ce n'est pas facile, gênant, troublant de lire, dès les premières lignes, que Pià Nerina, la grand-mère de l'auteur, vient de se jeter par la fenêtre, depuis le sixième étage d'un immeuble, avenue Montaigne, près des Champs Elysées.
Ce suicide d'une femme de quatre-vingts ans alors que son petit-fils qui va avoir quatorze ans, est présent dans l'appartement, cela demande des explications, d'autant plus que la fille de Pià Nerina, la mère de David, est elle-même aussi présente, enfermée dans sa chambre.
Pour tenter de faire la lumière sur ce drame, essayer de comprendre, l'auteur se lance alors dans une véritable enquête policière. Il recherche des documents, se déplace même à Naples d'où est originaire Pià Nerina de Cecchi, sa grand-mère.
La vie de cette femme est très complexe, surtout ses fréquentations. Beaucoup d'hommes sont impliqués dans sa vie comme dans celle de sa fille, Victoria. Quelques photos éloquentes illustrent le récit et permettent de vérifier la beauté de ces deux femmes qui ont aimé, haï, profité de l'argent facile comme subi de graves soucis financiers.
Deux éléments importants doivent être dégagés de ce roman familial dévoilant une intimité très dérangeante. Il y a d'abord cet homme, dénommé Pyrrhus, qui a hérité de la fortune de son père en 1935. Industriel catalan, partisan de Franco, maire de la Grande Ville, comme l'auteur l'écrit, ce Pyrrhus est déterminant pour Pià Nerina.
L'autre élément qui pousse David le Bailly à accentuer ses recherches, c'est l'incertitude sur l'identité de son père. Cela lui permet de mettre en évidence l'éducation de sa mère, éducation qui se révèle catastrophique, comme l'auteur le démontre très bien.
Enfin, il y a ce titre, Hôtel de la Folie, qui intrigue. Eh bien, c'est à Naples que se trouve la solution. Cette folie va bien plus loin que sa présence dans le titre mais elle caractérise cette mère qui n'en était pas à une entourloupe près, mentant sans vergogne, exploitant au maximum chaque homme rencontré pour le rejeter ensuite sans se poser la moindre question sur les dégâts causés à sa mère et à son fils.
Ce fils, écrivant Hôtel de la Folie, a poussé un émouvant, un bouleversant cri d'amour à sa grand-mère, se reprochant toujours cette phrase terrible prononcée par lui avant l'acte fatal : « je ne pourrai plus m'occuper de toi comme avant mémé ».
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil qui m'ont permis de découvrir ce roman à la fois intimiste et sociétal.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Un récit puissant , révoltant, bouleversant, une histoire autobiographique, qui mélange fiction et réalité J'ai ressenti plusieurs émotions au cours de ma lecture, L'auteur rend un émouvant hommage à sa grand mère, Pia portant le surnom de "Mémé". Pia est son premier grand d' amour, une femme qui l'a élevée, une femme avec qui il partage sa chambre, une femme qui est ancrée en lui, une relation forte, fusionnelle, une femme qui le protège de sa mère, lui qui est la prunelle de ses yeux, mère une fille , qui n'hésitera pas user de violence, sans aucun remord de battre sa mère de 80 ans, une femme envoûtée par la folie. David assistera , à 14 ans, au suicide de sa Mémé, qui se jette par la fenêtre. Un mal être qui va le suivre toute sa vie, il ne peut concevoir ce suicide ,lui qu'il lui avait dit, si tu fais un geste, si tu te donnes la mort je te suivrais. Là il se retrouve seul face à lui même, Ce récit pourrait être une sorte d'exécutoire , pour retrouver une vie sans cauchemar. Il décide de partir à la recherche de ses origines, Qui était vraiment Pia, cette italienne élevée , dans L'hôtel de la folie sans le sous ,un bâtiment délabré vétuste, qui décide de quitter l'Italie et qui vient vivre en France , qui devient une femme puissante, avec un patrimoine consistant, Il y a beaucoup de mystère, de non dits, de l'espoir , à la déception,. Qui était son mari? Qui est ce mystérieux Pyrrus qui gravite autour d'elle ? Était ce un mari, un amant qu'il l'entretenait? Une quête difficile, mais malgré les embûches qu'il rencontrera, des fausses adresses, des dates de naissances falsifiées, et bien d'autres mystère, l'auteur ne se décourage pas, Arrivera t-'il à trouver les réponses à ses questions, David est un personne qui dégage une immense empathie, il nous dévoile en toute humilité une partie de sa vie. Il use d'une plume sensible, éprouvante, entraînant une lecture captivante, sans voyeurisme, trop de pudeur en lui. Un récit très documenté , accompagné de photos, à l'appui qui nous permet de mieux comprendre la vie, la psychologie des personnages, de cette famille. Un titre mystérieux mais qui donne une ampleur intense à cette histoire,
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S'affranchir des lois et des codes n'est pas sans conséquences sur les descendants.

David le Bailly sait manipuler l'écriture afin de nous mettre dans l'ambiance de ses émotions. Des phrases souvent très courtes pour donner un certain tempo, puis plus étoffées lorsque son esprit s'envole avec ce qu'il voit, devine ou découvre.
Son narrateur, David est le petit-fils d'une grand-mère adulée mais au final inconnue pour lui jusqu'à la mort de sa propre mère.
L'image s'ouvre sur le suicide, le 7 décembre 1987, de cette mémé, Pia Nerina. David la voit se jeter du balcon de l'appartement dans lequel ils vivaient tous les trois, lui, sa mère et sa grand-mère. Une vie en huit clos, complètement phagocytée et rythmée par la folie et la violence de sa mère. Lorsque celle-ci meurt, trente années plus tard, d'une maladie du foie, il est plongé dans les affres du rangement du lieu. Et c'est là qu'il éprouve le besoin de savoir, une fois pour toute ce qui se cachait derrière la vie de cette grand-mère et la folie de sa fille.
Avant cela et surtout parce qu'il était trop jeune il écrit :
« Nous vivions ensemble, inséparables, et ton passé, parce qu'il n'empiétait pas sur nos sentiments, ne me dérangeait pas. »
Et pourtant la tension que la mère impose, la peur qu'elle génère à chacun de ses retours dans l'appartement est palpable. David n'a que sa grand-mère pour survivre.
« La cuisine est la pièce où nous passons le plus de temps. J'aime connaitre la vie des gens du quartier, et sur eux je te pose toutes sortes de questions. Ou je te regarde sans rien dire, préparer les repas, faire la lessive. Ou je t‘écoute me chanter le petit Papa Noël de Tino Rossi. Ou je chaparde dans ton dos les biscuits que tu as planqués dans le garde-manger. le temps est infini, si lent qu'il me semble que je serai mort depuis longtemps quand viendra l'âge adulte. »

Parmi ce capharnaüm qu'il doit débarrasser, se trouvent des documents qui révèlent une partie de la vie falsifiée de cette mémé qui était son seul rayon de soleil. Dans chaque recoin ça sent le souffre (sens figuré) et le vomi (sens propre). Faux mariage, fausses dates de naissances, fausses adresses, période blonde et période brune. Comment est-elle passée de napolitaine sans le sou à cette sulfureuse jeune femme? Qui est cet espagnol Pyrrhus ? Qui lui a permis de vivre dans un aussi bel appartement du quartier de l'Etoile ? Et surtout, comment s'en sortir lorsqu'aucune photo ne comporte de date, de lieu ou de circonstances ?

Même s'il ne trouve aucune preuve d'amour, de promesses, de joie dans cet appartement, il va poursuivre ses recherches, avec un acharnement irrépressible, en quête de SA lumière, celle dont il a besoin. La fin du livre n'est pas comme une fin de roman classique, ce pourrait plutôt être la fin d'une étape de vie.

David le Bailly a bien fait de nous transmettre son autobiographie. Elle fera du bien à beaucoup de lecteurs ayant aussi maille à partir avec le passé, la vie menée par leurs ancêtres. Pour les autres, ça nous montre combien nous sommes chanceux de vivre dans la nôtre, peut-être pas parfaite mais nettement moins terrible que celle de David.
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David le Bailly livre ici un très bel hommage à sa grand-mère, sa « mémé » (ce surnom m'a beaucoup touchée car c'était le même avec lequel j'appelais ma regrettée grand-mère), qui fût sa pierre angulaire, suite à une mère psychologiquement instable et un père absent, jusqu'au funeste jour où elle sauta par la fenêtre de leur appartement bourgeois parisien.

C'est un travail d'introspection familiale que l'auteur a entrepris afin de comprendre ce tragique et terrible geste mais surtout également aussi le chemin parcouru par Pià Nerina, depuis ses origines modestes napolitaines jusqu'aux beaux quartiers parisiens au travers de photos, de textes, de lettres,….

Roman très intimiste porté par une plume élégante et forte, j'ai perçu beaucoup d'amour pour cette femme hors du commun, qui éleva son petit-fils du mieux qu'elle pouvait. J'ai ressenti beaucoup d'émotions pour ce livre très personnel. Inévitablement, on en apprend aussi beaucoup sur l'auteur, que je ne connaissais pas jusqu'alors.

Ce travail de recherches de ses origines par l'auteur est aisément compréhensible car chaque individu a besoin de connaître d'où il vient pour savoir où il va et j'ai été happée par cette autobiographie émouvante et poignante.

Un roman très fort que je ne suis pas près d'oublier et que je vous conseille vivement pour cette rentrée littéraire 2023 !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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critiques presse (4)
LeMonde
24 novembre 2023
Ce qui touche dans "Hôtel de la Folie", de David Le Bailly, est l’éternel chagrin de l’enfant qui perce sous la voix sobre de l’adulte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
21 septembre 2023
L’auteur ouvre son album personnel et revient sur son enfance auprès de sa grand-mère et sa mère, chacune à sa façon deux divas tragicomiques.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
11 septembre 2023
Dans son roman « Hôtel de la folie », David Le Bailly raconte un étrange huis clos à trois chez sa grand-mère, dans une atmosphère saturée d’anxiété.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
SudOuestPresse
11 septembre 2023
Le romancier raconte un huis clos familial glaçant entre sa grand-mère fantasque et lui-même, son petit-fils, qui l’a vue se jeter du 6e étage de son appartement de la place de l’Étoile.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Humilié, spolié, expérimentant à ses dépens les petits désagréments d’une dictature. Il se garde bien de dire du mal de son maître. Il cible ses sbires, les militaires, cette engeance, et toi qui crains la politique plus que la gale tu comprends le subterfuge, l’aveuglement, son besoin de continuer à croire en cet homme (Fanco) qu’il sert depuis dix ans avec le dévouement d’un laquais.
(page 126)
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Himmler, personnage des plus infâmes, qui bientôt orchestrera l’extermination des Juifs d’Europe, et aussi des Tziganes, des homosexuels… Pyrrhus eût pu le poignarder au cœur, l’égorger, l’empoisonner, devenir un héros. Il a préféré casser la croûte avec lui. À sa condamnation morale, pas de circonstances atténuantes.
(pages 95-96)
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Tes photos sont un leurre : elles racontent une vie merveilleuse, sublime, de villégiature en villégiature, de fêtes en moments de joie. Tu donnais le change, solaire et exubérante, à ton aise quand il s’agissait de prendre la pose. Si sûre de toi que je peine à faire le lien avec la grand-mère que j’ai aimée.
(page 18)
Commenter  J’apprécie          240
Elle avait beau aimer les livres, sa libération, elle l’envisageait par les hommes, exclusivement par les hommes. Elle visait les étrangers, un marchand d’armes saoudien, le frère d’un dictateur africain logé à l’année au Plaza. Et comme toi elle se méfiait de ces Français qui, disait-elle, « avalent leur chiasse et croquent leur merde ».
(page 162)
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Maman refusait de travailler, de se marier et tu étais inquiète. L’argent que tu lui donnais aussitôt s’envolait (mais pourquoi continuer à lui en donner ?). Tu l’avais couvée, tu l’avais gâtée, élevée sur un piédestal, et tu avais fini par créer un monstre, un monstre à la physionomie douce et innocente.
(page 137)
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"Hôtel de la folie" de David Le Bailly - éditions du Seuil
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