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Asphodel est un vampire, à mi chemin entre le Dorian Gray d'Oscar Wilde et le vicomte de Valmont de Laclos. Noble manipulateur et libertin, il concentre les clichés du Siècle des Lumières. Sous forme de roman-mémoires, les aventures de ce vampire se concentrent sur ses relations avec les femmes et le plaisir qu'il prend à dévoyer la vertu.
Sur un ton cynique et détaché, Asphodel nous invite à contempler ses oeuvres et nous prend à témoin des moeurs de l'époque, où la vertu s'oppose au bonheur et la passion au devoir.

J'avais beaucoup apprécié Vert-de-Lierre de la même auteure. Un style intéressant, une certaine poésie dans l'écriture.
Dans ce roman, il ne se passe pas grand-chose à vrai dire et le récit a eu du mal à susciter mon intérêt. Asphodel est le cliché du dandy qui cherche à tromper son ennui par le jeu. Ses conquêtes, il les choisit avec soin, prenant le temps de jouer avec sa proie avant d'en finir. le cliché est à son summum lorsqu'il trouvera une compagne de jeu de même nature. Sous la plume de l'auteure, le célèbre couple Vicomte de Valmont et Marquise de Merteuil reprend vie.

Enfin, je ne comprends pas trop la polémique sur cet ouvrage.
J'ai trouvé que le texte était plutôt en faveur du féminisme. Je suis très à contre-courant des critiques sur cet ouvrage visiblement… Asphodel ne fait que profiter de la situation dans laquelle se trouvent les femmes qu'il séduit, du fait de leur condition, soumises au patriarcat. le récit n'est pas une apologie des violences faites au femme, il les dénonce.
Au final, la créature Asphodel est le résultat du comportement des hommes de l'époque, et pour certains encore d'aujourd'hui. Il incarne ce patriarcat, cette force implacable contre laquelle les femmes n'avaient pas d'armes pour lutter. Il est le mal que les hommes infligent à leur épouse, maîtresse, soeur, fille ou même leur mère. Un mal qui ne sera finalement détruit que lorsque la véritable métamorphose d'Asphodel s'opérera, dans notre siècle, dans nos moeurs. A ce sujet, je dois admettre que j'ai beaucoup aimé la fin, pour moi, une apologie du féminisme.

Alors certes, le récit est amoral et parfois condescendant mais se place dans une époque où cette extravagance dans l'humiliation et la recherche du plaisir était courant au 18è siècle. Il reprend d'ailleurs les codes du roman du sérail où l'imaginaire se fait volontiers érotique et dramatique.

Asphodel, dandy charmeur, cruel, détestable, intriguant, salaud, concentré pur de ce que les lecteurs aiment détester. Comme Mme Ricconi l'avait écrit à Choderlos de Lasclos au sujet de son roman « Les Liaison Dangereuses » que la lecture d'Asphodel m'a furieusement rappelé : « On vous reprochera toujours, Monsieur, de présenter à vos lecteurs, une vile créature. »
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Je remercie les éditions Noir d'absinthe pour l'envoi, en service presse, du roman Asphodel de Louise le Bars.
Dans Asphodel, nous parcourons les siècles, du XVIIIème siècle à nos jours, aux côtés d'un vampire qui, tel un poète macabre, nous conte sept meurtres de femmes ayant marqué son existence.
Pourquoi les tue-t-il, elles en particulier ?
Et quelle est cette mystérieuse entité qui prend vie au fil des lignes ?
Asphodel est un roman violent et il y a malheureusement toute une polémique autour de lui depuis sa sortie.
Beaucoup reprochent à la maison d'édition de ne pas avoir mis d'avertissement plus clair concernant cet ouvrage car on y trouve des viols, de la violence, de la misogynie, voir du racisme.
Je comprend ces critiques mais je ne suis pas réellement d'accord.
Il est bien présenté comme un roman noir, comme un roman gothique et le résumé indique bien que nous allons découvrir les pensées d'un vampire.
Et pour rappel les vampires sont des revenants, qui sucent le sang, tuent et ne sont pas des enfants de choeur !
Un vampire n'a pas de réelle considération pour les humains donc oui ils sont misogynes mais en fait pas seulement, ils pensent surtout à sucer le sang et à tuer, sans s'occuper des humains qui habitent le corps qu'ils tuent, que ce soit des hommes ou des femmes ! Je ne comprends pas qu'on puisse faire tout un plat du personnage d'Asphodel car c'est un vampire, pas un bisounours.
Alors oui ce roman peut choquer, j'ai moi même trouvé certaines scènes vraiment très (trop ?) fortes toutefois c'est un bon livre de vampires.
Par contre, nous sommes loin d'une histoire à la Twilight, ici l'autrice nous dévoile les faces sombres d'un vampire, pas ses bons cotés et ce n'est pas pour les âmes sensibles. Ce n'est pas un vampire moderne mais plus la créature à l'ancienne, représenté comme au début dans la littérature ; pas comme un homme sexy, dangereux mais pas trop.. Ici c'est une créature maléfique, une vraie, comme dans nos pires cauchemars.
L'écriture de Louise le bars est toujours aussi belle. Elle est très parlante, et elle nous fait vivre les choses comme s'y on était. C'est son talent, je trouve que c'est une excellente autrice. Mais là, du coup, certaines scènes m'ont mis mal à l'aise car c'est assez violent et je ne m'attendais pas tout à fait à ça.
J'ai souhaité le lire, je ne regrette pas ma lecture toutefois je lui enlève une étoile pour le réalisme de certaines scènes.
Et je le redit mais : âmes très sensibles s'abstenir, ce n'est pas un roman pour les ados ou très jeunes adultes.
Ma note : quatre étoiles.
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Merci beaucoup Babelio pour le Masse critique et Noir d'absinthe pour l'envoi de ce livre.

Asphodel nous met dans le point de vue d'un vampire qui nous narre, à travers les âges, ses 7 meurtres de femmes qui ont eu un impact dans sa vie. Il est le parfait exemple du anti-héros narcissique, impitoyable et parfois lâche. Il nous dépeint d'une froideur ses pensées tordues qui l'amènent à vouloir ces femmes qu'il dit les avoir aimés. Et il va les aimer… à sa façon. Tel un serial-killer, il va les approcher et les posséder à jamais, scellant leur destinée à la sienne.

J'ai apprécié ces 7 chapitres qui nous montre différents portraits de ses victimes, chacune dans une situation pas toujours enviable, à une époque qui ne les épargnait pas de surcroit. J'ai aimé ce changement de narration d'Aspodel qui passe de ‘elle' à ‘tu', semblant s'adresser à nous lecteur.

Il y a des intermèdes entre chaque meurtre qui paraît nous présenter la naissance d'une nouvelle créature. Si on ne comprend pas tout dès le départ, son importance à l'histoire est bien là, subtile et intelligemment bien amenée jusqu'à sa révélation qui m'a agréablement surpris.

Si je n'ai pas eu de sympathie pour Asphodel, étant l'exemple parfait du monstre vampirique sans âme ni remord, le travail d'écriture sur sa psychologie m'a beaucoup plu. Je voulais savoir jusqu'où allait amener son obsession pour les femmes. Clairement, rien ne sera épargné à ces dernières mais J'ai trouvé très jouissif les moments qui ne fera pas non plus de cadeau à cet anti-héros, se prenant un bon retour de bâton.

Si je n'ai pas eu de coup de coeur au livre, j'aurai bien aimé certains chapitres plus longs et une fin moins rapide et manquait pour moi d'une ‘confrontation' plus poussée, la conclusion est logique et cruellement maitrisée par l'auteure, s'imbriquant à la perfection avec son univers.

La plume est d'une richesse poétique tel que je n'ai pas lâché le livre jusqu'à la fin. L'auteure a su revisiter le mythe du vampire classique dans l'esprit d'un conte macabre avec des références aux mythes et légendes qui ne sont pas posés au hasard. Les illustrations à l'intérieur sont jolies, même si elles ne m'ont pas marqué plus que cela, mais offrent un autre regard aux passages du livre.

Un bon livre que je conseille si vous ne craignez pas de suivre un personnage au moeurs dérangeantes et immorales mais avec des thèmes forts et réfléchis.
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Pour lire ce roman, j'ai fait abstraction de tout ce qui l'entourait. J'aime bien avoir une première rencontre brute avec le texte. Juste lui, et moi.

Bien m'en a pris, car j'ai pu être à l'écoute de la poésie. Louise le Bars écrit de manière très poétique, la langue est fluide, elle coule toute seule, elle est belle, riche, sans être artificielle. Elle nous raconte, par la voix d'Asphodel, vampire de son état, les meurtres de 7 femmes, étalées sur trois siècles.

Comment une écriture peut relater des meurtres, en plus du point de vue de l'assassin (qui s'en délecte, je ne vous le cache pas), tout en étant poétique ? Et bien c'est là à mon sens que réside l'originalité de cette oeuvre. Asphodel est un dandy libertin, un Valmont façon vampire, et à la manière des libertins du XVIIIème, est d'une très grande sensualité. On oscille ici entre désir, et horreur. On retrouve toutes les scènes classiques des récits libertins du XVIIIème (scène de première vue, badinage, abandon du personnage féminin…), jusqu'à la mise à mort, visuelle, brutale, sanguinolente.

Car Asphodel est un libertin et un séducteur, mais c'est surtout un vampire. Un vrai, pas un bisounours de série TV des années 2000 (que j'aime bien aussi hein). On retrouve là le vampire originel, celui qui a fait la gloire de la littérature gothique fin XVIIIème et qu'on retrouve dans la littérature romantique début XIXème.

Le malaise vient du fait que l'écriture pose le lecteur en voyeur. Ici, on est dans la tête de ce personnage complètement torturé, amoral, et on le suit dans ses raisonnements malsains, ses pulsions, ses actes odieux. Mais… mais l'écriture doucereuse nous attache à ce personnage, victime de son état aussi. Et souvent, victime de ses propres victimes. Comment peut-on s'attacher à un personnage pareil ? Et bien pour moi, ça a été le cas. Je me suis attachée à ce personnage. J'ai fini par comprendre son fonctionnement, savoir ce qu'il allait faire, pressentir ce qui allait réveiller ses sens. Dérangeant, non ? J'aime ce pouvoir de la fiction.


Pas si simple donc, ce roman, car les 7 récits d'Asphodel sont en plus entrecoupés par des intermèdes, racontés par une entité mystérieuse, féminine, double féminin d'Asphodel. Elle se délecte autant de lui du Trésor de ses victimes. Les récits se répondent, en miroir, sans qu'on comprenne trop leurs liens. le récit parviendra à retisser finalement les fils narratifs, pour créer quelque chose de cohérent et globalement construit comme un tout.


Finalement, j'ai beaucoup aimé ce texte. L'écriture est incroyable, puissante et dangereuse.

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J'ai eu connaissance de ce livre par le projet ulule lancé par la maison d'édition. J'ai beau adoré cette maison d'édition, j'ai hésité au regard de son résumé : un vampire tuant des femmes. Ne vous arrêtez pas là. Surtout pas. Ce serait une grossière erreur. Je sais que ce roman a fait beaucoup parler avant même que je ne reçoive mon exemplaire. Parce que, oui, au lieu de me contenter d'une version classique, j'ai choisi la version prestige. Ça m'avait profondément agacé. Je considère que lorsqu'on participe à ce type de projet, on sait à quoi s'attendre. Faites moi confiance : Lisez la suite s'il vous plaît. Après vous jugerez si vous vous sentez capable de lire ce livre.

Pour commencer, l'objet livre est incroyable. Ce n'est pas une oeuvre prestige pour rien. On y trouve des illustrations, des pages annonçant le chapitre suivant avec décoration et des cadres élégants à chaque page. Les pages blanches sont écrites du point de vue d'Asphodel, vampire assassin. Les pages en noirs sont du point de vue d'un personnage féminin mais qui? Il faudra le lire pour le savoir.

Le fait que le livre soit écrit du point de vue d'Asphodel peut refroidir. J'en ai parfaitement conscience. On pourrait même se dire que c'est gonflé par les temps qui cours. Mais c'est une femme qui a écrit ce livre et ça a attisé ma curiosité sans parler du fait que c'est un roman gothique. Et j'ai eu raison. Quel écriture! Je me suis trouvée embarqué dans cette histoire sans vraiment comprendre. L'autrice fait preuve d'élégance. Elle évite les mots qui vous réveillent, emploi la poésie pour mieux sublimer l'horreur et surtout hypnotiser le lecteur.

Ce n'est qu'arrivé au cinquième chapitre et l'utilisation d'un mot que je me suis réveillée comme si Louise le Bars souhaitait nous rappeler à qui on a affaire. À moins que ce ne soit Asphodel lui-même. Il admet totalement le monstre en lui. À ce moment-là, je me suis aperçue de la manipulation par l'élégance des mots, cette sorte d'empathie qu'on peut avoir pour ce monstre qui ne croit juste pas en l'humain, la religion et a un mépris accru pour les mondanités.

Heureusement après la fin de ce chapitre, l'autrice nous octroi une petite vengeance qui m'a fait bien rire (oui je peux me montrer un peu sadique parfois surtout la femme que je suis). L'idée était complètement tordue mais excellente. Je n'en suis pas revenue. Concernant la suite, je ne peux absolument rien dire si ce n'est que la fin me semble juste parfaite. Un juste retour des choses sans plus ni moins. Je ne m'attendais pas du tout à ça, à l'histoire réel de Asphodel.

Concernant les intermèdes du point de vue d'un personnage féminin, je n'en dirai rien à part que la police d'écriture est superbe tout comme le contenu. L'élégance est toujours là mais ici on est dans la recherche de soit et d'identité. J'ai beaucoup aimé la mélancolie de ce personnage.

En bref, ce livre est un mélange parfait d'élégance et d'horreur comme le doit d'être un excellent roman gothique tout en ouvrant les yeux sur certaines choses. Ce que je retiens le plus est l'écriture de Louise le Bars que je retrouverai avec plaisir avec son précédent roman.
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Ode à la Femme !
Je n'y ai pas vu, comme ses détracteurs l'affirment, l'apologie du viol et du racisme. Au contraire, il s'agit pour moi, d'un Asphodel érigé en outil de la dénonciation.
Dénonciation de la condition féminine, siècle après siècle, toujours soumise au joug du patriarcat et de la suprématie blanche. Une ode à l'amour de soi également.

J'aimerais vous parler d'un personnage qui m'a particulièrement touchée : Florinthe, incarnation de la femme noire au milieu du XIX°. J'ai jeté mon dévolu (pardonnez-moi l'expression !) sur ce personnage afin de désigner la condition des femmes racisées, loin d'être égalitaire dans cette société qui prône pourtant l'égalité femme-homme ! Femme-homme oui (et encore…) mais femmes blanches en priorité. Les femmes racisées, quant à elles, subissent encore les affres du passé : racisme, préjugés, dévalorisation, violences morales et physiques…j'en passe et des « meilleurs ». Et ce, dans la plus grande acceptation ! Alors oui, il est de notre devoir à chacun.e d'ouvrir les yeux et de dénoncer. Et c'est ce que fait à merveille, Louise via son nouveau roman Asphodel.

Si vous avez aimé « Vert-de-Lierre », vous retrouverez ici la plume acerbe et poétique de l'autrice ainsi qu'une intrigue rondement menée qui fera (je l'espère) évoluer votre regard sur vous-même et sur le monde qui vous entoure.
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Après avoir adoré Vert-de-Lierre, le premier roman de Louise, je ne pouvais que craquer pour son second roman, toujours dans la veine du vampirisme, mais avec une version plus classique de ce personnage mythique. Vous connaissez mon amour pour les beaux livres et les oeuvres illustrées, j'ai donc évidemment succombé à la tentation de la version prestige. J'ai été étonnée en le recevant de découvrir un roman au format A4 et non au format classique plus petit, ce qui fait la part belle à l'illustration et à la mise en page originale ! le roman est préfacé par Vincent Tassy, ce qui présageait le meilleur !

Asphodel est un vampire assez proche du mythe originel : un buveur de sang prédateur, séducteur arrogant et imbu de lui-même. Dans 7 chapitres, il nous raconte 7 femmes qui ont marqué son existence d'une façon ou d'une autre. Religieuse, prostituée, noble, sorcière, toutes se démarquent par une particularité, un éclat qui a attiré le vampire, qui n'a alors eu de cesse de la posséder. Certaines se laissaient faire avec délice et volupté, d'autres moins. Vous l'aurez compris, ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains, entre débauche, violence et giclées de sang, âmes sensibles s'abstenir ;). J'ai aimé parcourir ces tranches de vie, dans lesquelles on ressentait au travers de la plume poétique de Louise qu'Asphodel, bien que joueur, n'était pas aussi insensible que ce qu'il voudrait le laisser paraitre.

J'ai beaucoup aimé, au travers des différents portraits, voyager à travers les époques. Les illustrations aident à cette exploration des âges en montrant notamment les tenues d'époque. Asphodel évolue majoritairement dans les hautes sphères de la société. J'étais très intéressée par exemple par l'époque où le spiritisme et les soirées autour d'une table à jouer à « esprit es-tu là? » étaient en vogue, ou encore par ces événements autour du personnage tristement célèbre de Jack l'éventreur.

Dans des intermèdes, on découvre un autre personnage à l'identité au départ inconnue. de petite fille, elle évolue rapidement vers son statut de femme. Elle est fascinée par la danse des étoiles et le trésor, qu'elle collecte sur les gens pour étancher sa soif. Bien que ses actes soient tout aussi monstrueux que ceux d'Asphodel, elle a une innocence, une sensibilité, qui la rendent attachante.

Dans les derniers chapitres, le ton change totalement, passant du récit biographique et narcissique à une réflexion introspective, presque philosophique. Porté par la magnifique plume de Louise, ces moments semblent arrêtés dans le temps. On découvre aussi l'identité de la narratrice des intermèdes, et j'ai adoré le lien fait avec une autre tradition, une autre culture.

Je n'étais pas sûre d'apprécier les illustrations qui ne sont pas dans l'esthétique que j'apprécie habituellement, mais au final, le rendu du roman est magnifique, et les images, mises en valeur en pleine page et colorisées, rendent encore plus belle cette histoire à travers les âges. J'ai beaucoup apprécié la mise en page du texte également, bordée de ronces et de roses, ainsi que le fait que les pages d'Asphodel étaient sur fond blanc et celles des intermèdes sur fond noir. Un contraste qui accentue le fait qu'Asphodel se dévoile alors que l'autre personne évolue dans le noir.

Un voyage à travers les époques avec un narrateur des plus vaniteux : vampire assoiffé de sang et de passion, Asphodel conte des tranches de vie qui l'ont métamorphosé. La plume poétique de Louise porte ce personnage mythique et atypique, tout en nous proposant de mystérieux intermèdes avec une protagoniste qui m'a beaucoup touchée. Un très beau livre-objet qui met ce texte original en valeur !
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Voici donc la fameuse oeuvre qui a provoqué tant de discorde et de polémiques sur certains blogs de littératures de l'imaginaire ces dernières semaines ! Pour vous dire la vérité, c'est cette tentative d'autodafé en agora virtuelle qui m'a fait connaître ce livre. Sorti tout récemment, il avait échappé à mon radar vampirique, pourtant très affûté pour ce genre d'histoires. Accusée d'avoir produit une oeuvre « raciste et anti-féministe », faisant « l'apologie de la culture du viol », l'auteure à été obligée de se fendre d'un billet sur son blog pour expliquer à ses censeurs la différence entre un artiste et son oeuvre (et leur rappeler ce qu'est un vampire au passage, tant dans le folklore que la littérature). La maison d'édition, elle, a été attaquée pour l'absence de mise en garde sur le-dit bouquin, et également pour avoir vendu le livre comme un roman « abordant des thématiques féministes » (ce qui est précisé sur la quatrième de couverture). Elle a dû également s'expliquer et manifester son soutien à l'auteure.

Louise le Bars n'est pas tout à fait une inconnue : elle a fait une entrée très remarquée dans le monde de l'édition SFFF avec son livre gothique-romantique, Vert-de-Lierre, en se payant le luxe d'avoir été lue et encensée par la papesse Amélie Nothomb en personne. Asphodel est son troisième récit publié chez Noir d'Absinthe, une jeune maison d'édition qui se targue de publier le côté le plus sombre des littératures de l'imaginaire.

Alors, le roman est-il véritablement scandaleux ? Mérite-t-il ce fameux « trigger warning » et le label « interdit aux moins de 18 ans » ? À mon humble avis, non. Même si l'écriture et les aventures du vampire sont indubitablement érotiques et la notion de consentement assez floue chez Asphodel (autant que pour Dracula, Nosferatu ou Carmilla, je dirais), il n'y a pas de quoi faire transpirer un cénobite. L' écriture est sensuelle, certes, mais jamais vulgaire. Pour vous donner une idée, un petit extrait de ce qui est probablement l'un des passages les plus « hot » :

« Ma belle captive se trouvait derrière : je pouvais sentir l'odeur salée de son sexe écartelé sous sa robe pourpre, ses cuisses couvertes de sueur, son dos cambré sous l'effort de la torture, son beau visage si fier concentré à ne pas se tordre de douleur. »

Dans ce passage, la « torture » en question, un bon vieux kinbaku en cordes de soie rouges, n'est même pas du fait du vampire, mais de l'infâme tyran (bien humain) dont il se propose de la délivrer. le roman montre tout types de femmes, dont certaines ont à se débattre entre les chaînes d'un patriarcat sordide et violent : c'est le cas de la jeune vierge enfermée au couvent, de la danseuse exotique, de la prostituée et de l'esclave métisse (une protagoniste qui a valu à l'auteure d'être taxée de racisme, puisqu'un auteur blanc n'a plus le droit de mettre en scène des personnages racisés, aujourd'hui… mais c'est un autre débat). le vampire leur offre à toutes une porte de sortie. Alors oui, le vent de liberté qui leur fait miroiter leur coûtera cher. Et très souvent, ces femmes font preuve d'une volonté de révolte ultime en refusant à la fois de lui céder et la domination que leur imposent les hommes mortels. C'est en cela, je pense, que le livre est féministe. Les personnages féminins meurent, certes (comme vous et moi), mais elles ne sont pas victimes. La vraie victime, dans ce livre, c'est Asphodel lui-même.

La « consommation » n'est mentionnée explicitement qu'une fois sur deux, et parfois, elle ne se déroule pas comme prévu. Très souvent, c'est Asphodel qui est floué par les femmes qu'il veut séduire ! Et elles ont des armes pour le moins efficaces. La seule fois où il tente de forcer l'une des belles, il s'en repent gravement… La punition qu'il subit est à cet égard particulièrement jouissive, humiliante et originale, je vous laisse la découvrir ! Elle nous permet également de comprendre sans équivoque les intentions de l'auteur. Ici, le propos n'est pas de glorifier l'outrecuidant dandy, ses frasques et ses conquêtes, mais au contraire, de rire de ses illusions et déconvenues. On peut même le plaindre, parfois, à la manière d'un anti-héros pathétique, à la fois malheureux et sulfureux, qui, comme tout chasseur, manque sa proie une fois sur deux. C'est vrai que je suis biaisée ici, car j'apprécie à la fois les héros byroniens et le second degré. Je conviens qu'il faut avoir le sens de l'humour (noir) pour apprécier ce récit. Mais diantre, on sait où on met les pieds en ouvrant ce genre de livre ! Je m'étonne qu'on puisse prendre cette histoire au pied de la lettre… Et, en admettant qu'on le fasse, la chute, et les échec cocasses et nombreux d'Asphodel, devraient suffire à nous faire prendre du recul. Ce livre mérite d'ailleurs une seconde lecture pour mieux apprécier son propos et sa construction, après le twist final.

Objet singulier, sorte d'hybride entre le recueil de poésie ténébreuse, l'artbook d'illustration gothique (par l'illustratrice rennaise Flokera, dont le coup de crayon m'a rappelé celui de l'artiste espagnole Victoria Francès) et le journal intime de dandy séducteur dans la plus pure tradition du « romantisme noir », ce projet est né d'une campagne ulule qui, pareille à un Frankenstein démoniaque, s'est vicieusement retournée contre ses créateurs, puisque les détracteurs du livre faisaient paradoxalement partie des généreux mécènes. Pour ma part, j'ai bien aimé son petit côté rétro, avec la police gothique du titre, les illustrations colorisés à l'aquarelle et l'acrylique, au trait un peu naïf, les impressions de taches de sang sur les pages et les extraits de poésie entre les chapitres, même si je trouve que ce type de présentation peut avoir tendance à entretenir les malentendus sur ce titre, en laissant entendre qu'il s'adresse à un public plutôt jeune. C'est probablement là le souci principal de ce livre : il n'a peut être pas su bien cibler son public. Sans vouloir stigmatiser les moins de 25 ans, ma petite expérience de cette audience me fait penser que cette nouvelle génération de lecteurs n'est, dans l'ensemble, pas prête à accueillir ce genre d'oeuvre : il lui manque le recul nécessaire pour éviter de s'engluer dans des positions identitaires et des réactions viscérales. J'invite donc les jeunes offusquées à le relire dans dix ans. Elles auront peut être changé d'avis.
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Je ne pensais pas dévorer aussi vite ce roman.
En premier lieu, j'attire l'attention sur le fait qu'Asphodel est un antagoniste, un personnage exécrable, mauvais, manipulateur, cruel... Certes, c'est un vampire, mais j'y ai vu aussi une façon pour l'autrice de dénoncer le comportement d'hommes tels que les pervers narcissiques, les sociopathes, etc., en cristallisant leurs mécanismes de fonctionnement au sein du personnage d'Asphodel.
Ce qui est dérangeant, c'est de rentrer dans sa psyché. Ce qui est dérangeant, c'est de parfois se dire que l'on peut le "comprendre" quand il fait état du sentiment de vide, de désespoir qui l'habitent dans certaines situations données (je mets de grosses guillemets, parce qu'évidemment, cela n'excuse aucun de ses actes). Ce qui est dérangeant, c'est de le voir agir de x façons et de n'avoir qu'une envie : le dénoncer, le punir de sa misogynie, de son racisme puant, de son amoralité. Monsieur dénonce le viol, mais le pratique tout autant en disant que cela n'en est pas (et ce genre d'attitude peut se voir chez un homme, soit dit en passant).
Pour moi, la construction de ce personnage et son histoire sont réussies, justement à cause de ce sentiment de malaise, de révolte qu'il suscitent en nous. A partir de là, je ne conseille pas ce roman à tout le monde, le résumé déjà donne le ton. C'est un roman noir dans son sens premier, pas une "simple" histoire de vampire.
Asphodel montre aussi qu'un roman contemplatif tel que celui-ci peut être aussi captivant qu'un roman "page-turner". La plume de l'autrice y est pour beaucoup, je l'avoue.
Les illustrations de Flokera apportent un plus et se mêlent bien à l'univers du roman. Les couleurs et le coup de crayon/pinceau sont emplis de cette beauté froide qui anime Asphodel. J'aime lorsque plusieurs médias se mélangent pour donner une oeuvre à part entière.
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Il faut tout d'abord souligner deux choses avant de rentrer dans les détails de cet avis : l'incroyable qualité de l'objet livre broché et des illustrations. Elles sont très réussies.

Vis à vis de ma lecture, il s'agit d'un roman que j'ai apprécié, mais sans plus. La plume de l'auteure est très belle, riche mais plutôt accessible. Malheureusement, elle n'a pas suffi à m'immerger dans l'histoire.

J'ai lu dans les différents avis beaucoup de critiques vis à vis du personnage d'Asphodel et de la violence dans le roman. Au vu du personnage, de sa nature, et du résumé, on savait à quoi s'attendre en se plongeant dans le roman et je dois dire qu'en réalité, je trouve qu'on reste trop extérieur à ce récit. J'aurais voulu davantage rentrer dans la tête d'Asphodel. Est-ce dû au détachement d'Asphodel vis à vis des meurtres qu'il raconte ? J'ai eu la sensation d'être une spectatrice qui contemplait ces histoires sans y prendre totalement parti, et cela m'a empêché de passer du "j'aime bien, sans plus" au coup de coeur.

Ça reste néanmoins un bon roman qui plaira si l'on se souvient vers quoi on s'engage. Asphodel un vampire, dans toute sa fascination et sa monstruosité.
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